FRONT NATIONAL : LES PREUVES DE SON AMITIE AVEC LES ULTRAS, LES REVISIONNISTES etc..
Front national et ultras: les preuves d'une amitié (médiapart)
Le Front national se réunit ce week-end à Marseille pour son université d'été. À six mois des municipales, Marine Le Pen veut poursuivre son nettoyage de façade du parti et gommer son image d'extrême droite. Le FN n'aurait aucun rapport avec les JNR, le GUD, les révisionnistes, l'ultra-droite et autres, affirme haut et fort sa présidente. Faux. Mediapart publie, photos à l'appui, les preuves contraires.
Comme avant chaque élection et après chaque débordement médiatisé d'un candidat frontiste, Marine Le Pen a demandé dans une note interne que ses candidats aux municipales « respectent la ligne politique du parti » et ne « se laissent pas aller à des délires personnels ou idéologiques ». À six mois des municipales, la présidente du FN veut poursuivre son nettoyage de façade du parti et gommer son image d'extrême droite. Mais cette stratégie se heurte à la porosité entre le Front national et les groupuscules de l'extrême droite la plus radicale.
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Marine Le Pen a beau assurer que son parti n'a « aucun rapport avec ces groupes, qui expriment d'ailleurs régulièrement leur désapprobation à notre égard », son vice-président, Florian Philippot, a beau répéter que « le FN n'a rien à voir avec ces personnalités radicales » et qu'il n'est « pas d'extrême droite », les faits sont têtus. De nombreuses photos et documents mettent à jour des liens existant de longue date entre le Front national et ces groupuscules. GUD, JNR, identitaires, néofascistes, etc. : encore aujourd’hui, la barrière est loin d'être étanche (lire notre Boîte noire).
1. Les liens avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR)
Cette porosité existe d'abord avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), le mouvement – dissout en juillet – de Serge Ayoub, l'ancien leader des skinheads parisiens, dont sont issus les agresseurs de Clément Méric. En juin, Marine Le Pen (qui n'a pas souhaité répondre à nos questions) avait martelé qu’elle « ne connai(ssait) pas précisément ce groupe ». Florian Philippot avait lui affirmé qu'il « ne savai(t) même pas que ça existait » et avait « appris leur existence dans la presse ». Pourtant, en juin 2008, la présidente du FN était présente au Local, le bar associatif d’Ayoub, lors de la première "100% French Pride" organisée par le site d’extrême droite Fdesouche.com. En août 2010, elle dîne même avec « Batskin ».

En avril 2012, en pleine campagne présidentielle, le même Ayoub appelle dans une vidéo à « voter Marine », la seule « qui défend toujours la France et les Français ». Le 1er juin, pendant les législatives, il tracte avec ses militants sur le marché d'Hénin-Beaumont, à quelques pas de la candidate Marine Le Pen. Interrogée alors sur France 3, la présidente du FN avait affirmé n'avoir « jamais entendu parler » de ce parti solidariste et réfuté tout « lien » avec elle: « Ils sont venus défendre leur candidat » qui se présentait « dans une autre circonscription ».
Mais selon Mathias Destal, le journaliste de Marianne présent, Serge Ayoub était lui « clairement venu pour faire campagne pour Marine Le Pen, avec des tracts qui concernaient bien la 11e circonscription (celle de Le Pen, Ndlr) », tout en profitant « du cirque médiatique pour se faire connaître ».
Plus important encore: ce jour-là, aux côtés d'Ayoub, on trouve Yohan Mutte (cercle violet), impliqué dans l'attaque du bar gay à Lille en avril 2013, Olivier Vivien (cercle rouge) et un certain Serge, surnommé « Sergueï » (cercle vert). Ces deux derniers sont aussi présents... au défilé du 1er-Mai du FN, respectivement en 2012 et 2013.



Car des passerelles existent aussi au sein du service d’ordre des événements du FN. Ainsi, Olivier Vivien (cercle rouge) et Daniel Mack (cercle jaune) jonglent entre leurs prestations d'agents de sécurité pour le Front national et leurs apparitions au sein des JNR:

Deux semaines plus tard, le 13 mai 2012, les mêmes défilent en effet avec les JNR, à l'occasion du rassemblement traditionnel de l'extrême droite radicale, à Paris:


Les passerelles sont aussi visibles à l'occasion des élections. Ainsi, l'ancienne conseillère régionale frontiste Sylvie Langlois (exclue en 2008 du FN), était candidate aux législatives de 2012 sous les couleurs du Front populaire solidariste d'Ayoub (qui réunit plusieurs groupuscules régionaux), dans la 8e circonscription du Nord:

Cette porosité s’étend à d’autres figures du Rassemblement bleu Marine (RBM). Le 29 septembre 2011, Serge Ayoub accueille au Local Christian Bouchet, candidat frontiste aux cantonales de 2011 et aux législatives de 2012 en Loire-Atlantique, pour une conférence sur la Syrie.

Bouchet ne lui est pas inconnu, il fut secrétaire général de Troisième Voie et signe dans son journal, Salut public, comme en témoigne cette une:

Christian Bouchet a également animé le site VoxNR, nationaliste-révolutionnaire, antisioniste et pro-Iranien. Mais ces liens ne semblent pas déranger Marine Le Pen, qui l'a à nouveau investi pour les municipales de 2014, à Nantes.

Pas plus qu’elle n’est gênée par son fils, Gauthier Bouchet, qui pose devant un portrait de Bachar el-Assad, lors d’un voyage en Syrie avec son père, à l’été 2011. Ce responsable du Front national de la jeunesse (FNJ) figure sur la liste FN pour les municipales à Saint-Nazaire et est membre de la délégation "communication numérique" du parti.


Plus récemment, le 15 mai, Serge Ayoub a reçu au Local le médiatique Robert Ménard, candidat soutenu par le FN pour les municipales à Béziers.
