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TVA DU LIVRE EN HAUSSE, MORAL EN BAISSE avec Libération

Un coup sur la tête d'une filière déjà moribonde. Depuis qu'ils ont découvert lundi dans la bouche de François Fillon que le livre fera partie des produits dont le taux de TVA va passer de 5,5% à 7% à compter du 1er janvier 2012, les éditeurs, les distributeurs et les libraires, entre inquiétude et consternation, ont commencé à monter au créneau.

La Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill) a décidé d'y aller franco en revendiquant pour le livre le statut de «produit de première nécessité», seule catégorie de biens exclus de la hausse de la TVA à taux réduit. Au Syndicat national de l'édition (SNE), un haut responsable a, lui,  immédiatement dénoncé une mesure qui «tombe au plus mauvais moment, avec une chaîne du livre très secouée, particulièrement la librairie indépendante». Et ce professionnel de pointer «un retour en arrière pour un enjeu budgétaire très modeste».

Alors que Matignon espère récolter au total 1,8 milliard d'euros via la hausse du taux «réduit» de TVA à 7%, celle concernant le livre ne rapporterait qu'une soixantaine de millions d'euros. Un enjeu financier modeste, qui fait d'ailleurs espérer à certains un possible recul du gouvernement. «Entre le gain potentiel, le mal qu'ils nous font et le bordel que ça pourrait créer, ils ont tout intérêt à faire machine arrière, veut croire un libraire du 18e arrondissement de Paris. On se démène déjà chaque jour pour survivre, on n'avait vraiment pas besoin de ça.»

«Une certaine idée de la France»

Solidaire, le PDG de la Fnac, Alexandre Bompard, décrit un secteur déjà «fragilisé» et juge que la hausse de la TVA à 7% est une «menace» pour toute la filière livre. «C'est significatif à la fois pour les entreprises comme nous, pour tous les libraires, pour les éditeurs», a-t-il ajouté. Si le gouvernement persistait, cela mettrait concrètement en péril l'existence même de nombreux libraires indépendants et de modestes éditeurs, dans un secteur où les marges sont déjà très limitées.

«Il ne s'agit pas seulement de défendre un commerce. C'est d'une certaine idée de la France, ici, que nous parlons», rappelle pour sa part Vincent Monadé. Dans un post rageur titré «En traître» et publié dès hier sur son blog, le directeur du MOTif, (l'Observatoire du livre en Ile-de-France), assure que le gouvernement «vient de mettre dans le barillet la balle destinée à tuer» les libraires et «met encore en plus en danger la librairie indépendante».

De nombreux professionnels du livre en veulent particulièrement au ministère de la Culture, où on se contente de minimiser l'impact d'une hausse de la TVA sur le prix des livres. Cité par le site ActuaLitté, un libraire indépendant considère que «ce projet démontre ce que pèse aujourd'hui le ministère de la Culture dans les décisions prises». Et ce libraire en colère d'ajouter: «Si le ministère ne sert plus à rien, ou n'existe plus, il faut le dire, et le supprimer».

«Trois francs six sous»

Et Vincent Monadé de poursuivre l'attaque: «Aux Assises nationales de la librairie (en mai, ndlr), Frédéric Mitterrand avait, dans un vibrant plaidoyer, défendu la cause des libraires indépendants. (...) Et, à peine deux mois plus tard, le gouvernement auquel (il) appartient met en danger, pour trois francs six sous, l'équilibre précaire sur lequel repose la chaîne du livre.» Une précarité que la hausse de la TVA ne peut que renforcer.

Trente ans après la loi Lang sur le prix unique du livre, nombreux sont les libraires et les éditeurs qui espèrent un possible retour de la gauche au pouvoir en 2012, et dans la foulée de nouvelles initiatives destinées à soutenir la filière du livre. En attendant, seul un geste du gouvernement pourrait les sauver d'un renchérissement du livre aussi inattendu que malvenu.



30/11/2011
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