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TRIPLE A: LA DEFLAGRATION, un epart d el'article de Mediapart

Triple A: une dégradation déflagration

| Par Martine Orange

La sanction de la gestion Sarkozy

  •  Dégradation politique

C’est un tournant majeur dans la campagne présidentielle. Même si Nicolas Sarkozy fait tout pour éviter le débat, il ne le pourra pas : cette dégradation est celle de sa gestion, de sa politique. Entre cadeaux fiscaux et autres libéralités d’un côté, et dépenses incontrôlées masquées sous une discipline apparente, son quinquennat a conduit la France à la faillite. En 2007, à son arrivée, l’endettement de la France s’élevait à 900 milliards, soit 65 % du PIB. En 2012, l'endettement prévu est de 1 600 milliards d’euros, soit 82 % du PIB. 700 milliards d’euros de dettes supplémentaires en cinq ans, qui dit mieux ? En un mandat, Nicolas Sarkozy aura réussi l’exploit d’accumuler autant de dettes à lui seul que ses quatre autres prédécesseurs.

La Cour des comptes a déjà donné la lecture qu’il fallait faire de ces chiffres : la crise, argument avancé inlassablement par le gouvernement, n’est responsable qu’à hauteur d’un tiers de cette dérive financière. Tout le reste est issu des choix politiques faits par le gouvernement Sarkozy.

Ce bilan va bien devoir être assumé dans la campagne présidentielle. D’autant qu’il se double d’une autre débâcle politique : celle de la gestion  néo-libérale de la crise de la zone euro. Si les agences de notation, et le monde financier en général, se retrouvent exercer un tel pouvoir sur les pays, avec un droit de veto sur les décisions démocratiques, alors qu’elles étaient au cœur du scandale des subprimes et de la crise de 2008, c’est parce que les gouvernements n’ont rien entrepris pour les remettre à leur place. Nicolas Sarkozy a beau eu dire, dans son discours de Toulon de septembre 2008, « les agences de notation irresponsables, c’est fini », en tant que président du G8 et du G20 pendant un an comme en tant que président d’un des pays influents de l’Europe, il n’a rien fait. Au contraire, il a livré la France pieds et poings liés à la finance. 

Sarkozy et Merkel le 18 octobre à DeauvilleSarkozy et Merkel le 18 octobre à Deauville© reuters

Ironie de l’histoire : dans les arguments pour justifier l’abaissement de la note française, Standard & Poor’s avance l’extrême poids des banques dans l’économie française et les risques qu’elles font peser sur les finances publiques. Ces banques, justement, qui ont dicté ligne à ligne le plan de sauvetage en 2008, avant de souffler la politique économique, et la gestion de la crise de la zone euro, au gouvernement. Les mêmes qui se sont opposées de toutes leurs forces à la moindre réforme, au moindre changement de leurs usages.

Tandis que Londres a engagé un processus de séparation entre les banques de dépôts et les banques d’investissement, Nicolas Sarkozy continue de défendre les mérites du « modèle français de la banque universelle », et de nos géants bancaires. Ce choix fait aussi partie de l’addition qui va être présentée aux Français.

Enfin, ultime dégradation : la gestion de la crise de l’euro. Mise en images à tout instant par l’Elysée avec ses rendez-vous pour illustrer l’entente franco-allemande, elle vient aujourd’hui trouver sa sanction. En dégradant la France et l’Autriche, Standard & Poor’s estampille la politique « Merkozy » de la mention « non crédible ». Plus grave, même si Berlin y met encore un peu les formes pour préserver les apparences, un coin est désormais officiellement enfoncé entre la France et l’Allemagne : les deux pays ne sont plus sur un pied d’égalité. La présidence de Nicolas Sarkozy, qui avait commencé par une débauche d’argent et de mauvaises manières, se termine par une faillite économique, politique et diplomatique. Comme pour le triple A, il faudra au moins dix ans pour retrouver le statut perdu.



14/01/2012
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