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SYRIE : CRIMES CONTRE L'HUMANITEPOUR L'ONU, REJETEE EN OUTRE PAR LES PAYS ARABES

L'ONU accuse les forces syriennes de crimes contre l'humanité

15 août 2012 à 09:14 (Mis à jour: 17:21)
Des pompiers en intervention sur les lieux de l'explosion.
Des pompiers en intervention sur les lieux de l'explosion. (Photo Ho/Sana. AFP)

Au fil de la journée la Commission d’enquête de l’ONU accuse également l’opposition armée de crimes de guerre mais à moindre échelle. Un bombardement près d'Alep aurait fait des dizaines de victimes aujourd'hui.

Par LIBÉRATION.FR

L’essentiel

Les rebelles syriens ont revendiqué ce matin un attentat visant une réunion d’officiers dans un bâtiment de l'état-major situé à proximité de l’hôtel logeant la délégation de l’ONU dans le centre de Damas. Cinq militaires auraient été blessés.

Hier, l’ancien chef du gouvernement syrien, Riyad Hijab, qui a rompu avec Damas, a estimé que le régime s'était «effondré militairement, économiquement et moralement» et ne contrôlait «plus que 30%» de la Syrie.

Les combats se poursuivent à Damas et à Alep. Selon un bilan provisoire de l’Observatoire syrien des droits de l'homme, 89 personnes sont mortes mardi, dont 53 civils.

Les dirigeants du monde musulman, réunis dans la nuit de mardi à mercredi en sommet extraordinaire à La Mecque, s’orientaient vers une suspension de la Syrie de leur forum, l’Organisation de la conférence islamique (OCI).

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius est attendu dans la région aujourd'hui. 

Les forces syriennes accusées de crimes contre l'humanité

Les forces gouvernementales syriennes et leur milice des Chabbiha ont commis des crimes contre l’humanité, souligne un nouveau rapport de la Commission d’enquête de l’ONU, accusant également l’opposition armée de crimes de guerre mais à moindre échelle.

Dans ce rapport de 102 pages diffusé mercredi à Genève, la Commission parle de «crimes contre l’humanité de meurtre et torture, crimes de guerre et violations flagrantes des droits de l’homme et des lois humanitaires» de la part des forces gouvernementales et des Chabbiha.

La Commission d’enquête indépendante mandatée par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU dénonce des «meurtres illégaux, des attaques indiscriminées contre les populations civiles et des actes de violence sexuelle».

«Ces violations ont été commises dans le cadre la politique de l’Etat ce qui indique l’implication des plus hauts niveaux des forces armées et de sécurité et du gouvernement», ajoute le rapport.

«Des crimes de guerre, incluant des meurtres, des assassinats extra judiciaires et des tortures ont été commis par les groupes armés anti-gouvernement. Toutefois ces violations et abus n'étaient pas de la même gravité, fréquence et échelle que ceux commis par les forces gouvernementales et les Chabbiha», poursuit le document qui sera examiné par le Conseil en septembre.

Vingt morts dans un bombardement près d'Alep

Un raid de l’armée de l’air syrienne a tué plus de de vingt personnes mercredi dans la localité rebelle d’Azaz, dans le nord de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie, a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

 

«Je peux affirmer qu’il y a plus de vingt morts que nous avons pu identifier», a déclaré à l’AFP le président de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. 

Selon lui, le raid, mené par un avion qui a brisé le mur du son avant de tirer des missiles, a visé un ancien siège local du parti Baas dans cette ville de 70 000 habitants, devenu un quartier général pour des groupes rebelles.

Des témoins ont fait part à l’AFP d’une «attaque aérienne au cours de laquelle plusieurs missiles ont été tirés, détruisant au moins dix maisons»«Un pâté de maisons s’est écroulé. Les morts sont des civils et des combattants, mais ce qui est clair que c'était une base de l’Armée syrienne libre» (ASL, qui regroupe des déserteurs et des civils ayant pris les armes), a expliqué M. Abdel Rahmane.

Un attentat vise l'état-major de l'armée à Damas, des tirs près des bureaux du Premier ministre

Une fusillade a éclaté mercredi derrière le siège du Premier ministère à Damas.  L’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH) a fait état d’un accrochage dans le quartier de Mazzé après des tirs de roquettes en direction de siège du Premier ministère et d’un bâtiment en construction de l’ambassade d’Iran.

Selon la télévision officielle, «les services spécialisés ont attaqué un repaire de terroristes-mercenaires situé dans les jardins derrière El-Razi, tuant un nombre indéterminé d’entre eux et en capturant d’autres». Une journaliste de l’AFP qui s’est rendue sur place a entendu une fusillade à proximité des bureaux du Premier ministre. Les tirs venaient d’un terrain séparant ces locaux de ceux de l’ambassade d’Iran. La journaliste a pu voir de la fumée noire et une fourgonnette de l’armée équipée d’une mitrailleuse. Les militaires effectuaient aussi des contrôles d’identité.

Par ailleurs, les rebelles syriens ont revendiqué ce matin un attentat visant une réunion d’officiers dans un bâtiment de l'état-major situé à proximité de l’hôtel logeant la délégation de l’ONU dans le centre de Damas.

«Un engin explosif collé à une citerne de mazout a explosé près de l’hôtel Dama Rose, faisant selon les premières informations trois blessés», a indiqué la télévision d’Etat en précisant que l’explosion avait eu lieu près d’un bâtiment appartenant à l'état-major général, dans un quartier résidentiel en plein centre de la capitale.L’aire de stationnement se trouve en face de l’hôtel Dama Rose, où sont logés les observateurs de l’ONU, qui sont tous sains et saufs. Selon un militaire sur place, l'explosion aurait fait cinq blessés. Aucun membre de l’ONU n’a été touché, selon la chaîne.

Selon la journaliste de l’AFP qui s’est rendue sur place, la bombe était placée à l’arrière d’un camion citerne, dont la cuve est éventrée. Plusieurs véhicules militaires ont été calcinés ainsi que les murs de l’immeuble mitoyen du Syndicat des ouvriers. Plusieurs fenêtres ont également été brisées.

«Des recrues faisaient leurs exercices physiques et recevaient leurs instructions, comme chaque jour, lorsqu'à 8 heures. Il y a eu une énorme explosion et une boule de feu», a raconté à l’AFP un officier. «Des militaires ont été projetés au sol par le souffle. Deux ont été brûlés, un troisième a été touché par un éclat de fer de la citerne, et deux autres jeunes ont été légèrement atteints», a-t-il ajouté.

Les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL, composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes) ont revendiqué cette attaque, expliquant qu’elle visait une «réunion de militaires dans un bureau de l'état-major général où sont décidées les opérations du jour» dans la capitale. Maher al-Nouaïmi, chef du bureau de coordination du commandement de l’ASL en Syrie, a affirmé à l’AFP que «150 personnes, dont 10 officiers qui sont en charge de réprimer les manifestations à Damas» participaient à cette réunion.

«Nous remercions Dieu qu’aucun d’entre eux n’ait subi le moindre préjudice tout au long de leur présence en Syrie», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad en ajoutant devant la presse: «Nous réaffirmons que nous ferons tout notre possible pour assurer la protection de l'équipe et lui permettre d’accomplir au mieux sa mission».

A Damas et Alep, les combats se poursuivent

Sur le terrain, les combats se poursuivaient entre rebelles et forces gouvernementales qui concentrent leurs opérations sur les deux principales villes du pays, Damas et Alep.

«Des accrochages ont lieu à Seif al-Dawla et Salaheddine et des explosions sont entendues dans ces deux quartiers» d’Alep, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), faisant état de bombardements dans les quartiers de Sakhour, Hanano et Chaar (est). Le journaliste de l’AFP a entendu des bombardements provenant de Seif al-Dawla et de Salaheddine, un temps tenus par les rebelles, et il a vu à Bab al-Nasser (centre) un MiG tirant à trois reprises.

Selon un bilan provisoire de l’OSDH, 89 personnes sont mortes mardi, dont 53 civils

Vers une suspension de la Syrie de l’Organisation de la conférence islamique

Les dirigeants du monde musulman, réunis dans la nuit de mardi à mercredi en sommet extraordinaire à La Mecque, s’orientaient vers une suspension de la Syrie de leur forum, l’Organisation de la conférence islamique (OCI), accentuant l’isolement du régime de Damas qui a éconduit la veille une responsable humanitaire de l’ONU en lui faisant savoir que le dossier des déplacés était du ressort du gouvernement syrien.

Hassanal Bolkiah, sultan du Brunei, le roi d'Arabie saoudite, Abdallah, et le président turc abdullah Gul, lors de l'ouverture du sommet de la Conférence des organisations islamiques, le 14 août à La Mecque.Photo Reuters

Le projet de communiqué final, dont l’AFP a obtenu une copie, justifie la suspension par l'échec de l’ex-émissaire international en Syrie Kofi Annan à appliquer son plan de paix en six points et par «l’obstination des autorités syriennes à suivre l’option militaire» pour un règlement de la crise.

L’Iran, membre de l’OCI et fidèle allié de Damas, avait fait savoir qu’il s’opposait à cette mesure.

Laurent Fabius attendu aujourd'hui dans la région

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius est attendu quand à lui de mercredi à vendredi en Jordanie, au Liban et en Turquie.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé mercredi l’Occident à ne pas «saboter» l’accord de Genève sur les principes d’une transition politique en Syrie proposée fin juin.

«Nous allons demander dans les prochains jours à nos partenaires (occidentaux) une réponse claire, s’ils soutiennent ce qu’ils ont signé à Genève. Si oui, pourquoi ne prennent-ils pas de mesures pour le mettre en oeuvre», a-t-il ajouté. «Il faut que tout les acteurs extérieurs fassent pression sur toutes les parties syriennes et arrêtent d’inciter l’opposition à poursuivre la lutte armée».

La Russie, partenaire de longue date du régime syrien auquel elle livre des armes, a semblé prendre ses distances ces dernières semaines avec le régime de Bachar al-Assad, sans pour autant infléchir son opposition de principe à toute politique d’ingérence dans une crise qu’elle juge «intérieure».

A Genève, Ahmad Fawzi, porte-parole de l’ancien médiateur pour la Syrie Kofi Annan, a indiqué que les autorités syriennes avaient approuvé la candidature de l’Algérien Lakhdar Brahimi pour lui succéder au poste d'émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe dans ce pays secoué par 17 mois de violences. Ce diplomate de 78 ans veut toutefois obtenir le soutien formel du Conseil de sécurité de l’ONU avant d’accepter la mission, ont confié des diplomates mardi.  

En France, le président d'honneur du MRC Jean-Pierre Chevènement a dénoncé mercredi les «professionnels de l’ingérence» qui poussent, selon lui, la France à «intervenir militairement» en Syrie, dans une déclaration à l’AFP. «La Syrie n’est ni la Tunisie ni l’Egypte. C’est un pays plongé dans une guerre civile inspirée et alimentée de l’extérieur», estime-t-il.



17/08/2012
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