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SOUS LES REVOLTES FISCALES , LA MENACE POPULISTE

Sous les révoltes fiscales, la menace populiste

|  Par Laurent Mauduit (médiapart 1)

La République s'est construite sur un fondement majeur: le consentement à l'impôt. Il est aujourd'hui menacé par la politique fiscale injuste et incohérente conduite par François Hollande. C'est dire la gravité des événements qui, partis de Bretagne, secouent le pays.

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C’est comme un méchant clin d’œil de l’histoire. Voilà 224 ans, c’est de la Bretagne qu’un vent nouveau a d’abord soufflé sur la France, contribuant à abolir les privilèges et les passe-droits qui étaient les fondements de l’Ancien Régime, et à instaurer des principes nouveaux, et notamment ceux de l’égalité des citoyens devant l’impôt, qui sont devenus les fondements de la République naissante. Et voilà qu’aujourd’hui, c’est de nouveau de Bretagne que soufflent des vents contraires, charriant une contestation contre l’écotaxe, mais au-delà, manifestant un rejet beaucoup plus large et donc bien plus grave, celui du consentement à l’impôt.

Un méchant clin d’œil qui vient illustrer la responsabilité prise par les dirigeants socialistes, et au premier chef par François Hollande, qui depuis l’alternance ont conduit une politique fiscale brouillonne, incohérente et surtout profondément inégalitaire. Ils ont réussi du même coup le tour de force de fédérer contre eux toutes les couches sociales du pays, des plus pauvres jusqu’aux plus riches, et d’alimenter une fronde aux accents parfois populistes.

Il ne faudrait pas minimiser la gravité de la bourrasque qui vient ces dernières semaines de Bretagne et n’y voir que les soubresauts, somme toute assez classiques, d’une fronde sociale, sur fond d’envolée du chômage, de multiplication des plans sociaux, et d’effondrement du pouvoir d’achat. Car, dans la contestation multiforme qui ne cesse d’enfler dans le pays, il y a le rejet de l’écotaxe, dont la suppression pure et simple est demandée par les « bonnets rouges » bretons. Mais il y a plus largement une grogne fiscale – un « ras-le-bol fiscal » pour reprendre la formule désastreuse que le ministre des finances, Pierre Moscovici, a eu l’irresponsabilité d’employer le premier.

Or, la contestation sociale n’a strictement rien à voir avec la contestation fiscale. La première est consubstantielle à la République, dont la raison d’être est précisément d’être un mode de règlement des conflits, aussi âpres soient-ils. La seconde, elle, est en revanche antagonique à la République, dont l’un des fondements majeurs est précisément le consentement à l’impôt.



09/11/2013
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