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SARKO VEUT DURCIR LES LOIS REPRESSIVES, mais la, les affaires Sarkozy se sont multipliées

L'affaire Sarkozy

| Par Edwy Plenel

L’incarcération de l’ex-chargé d’affaires de la très fortunée Liliane Bettencourt a brusquement souligné l’enjeu vital d’une réélection pour Nicolas Sarkozy : échapper aux juges grâce à l’immunité judiciaire du président de la République. Jamais un président sortant, dès son premier mandat, n’a été cerné par autant d’affaires dont l’argent est le seul ressort, entre financement politique et enrichissement personnel. Inventaire en forme d’alerte civique.

Ventes d’armes sous Edouard Balladur et financement illicite de la campagne présidentielle de ce dernier en 1995 ; immense cadeau accordé sur fonds publics à Bernard Tapie dès le début du quinquennat en 2007 ; liens d’affaires et d’amitiés noués dès 2005 et poursuivis jusqu’en 2009 avec le dictateur libyen Kadhafi, son régime et son entourage ; persistance d’un premier cercle d’entremetteurs où l’intermédiaire en armements Ziad Takieddine croise l’obscur mais indispensable Thierry Gaubert, en compagnie du plus fidèle compagnon, Brice Hortefeux ; révélation en 2010 de sollicitations et d’assiduités auprès des Bettencourt dont la fortune cachée, notamment dans des comptes bancaires suisses, garantissait la générosité financière ; et cætera, tant il n’est pas certain que la liste soit définitive et exhaustive.

Le dossier spécial réalisé par Mediapart pour l’hebdomadaire Marianne (en kiosque depuis le samedi 31 mars) fait l’inventaire chronologique de toutes ces affaires qui concernent directement Nicolas Sarkozy et qui sont aujourd’hui des dossiers judiciaires en cours d’instruction. Entre la Cour de justice de la République (qui enquête sur les irrégularités de l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie), le cabinet parisien du juge financier Renaud Van Ruymbeke (qui, avec son collègue Roger Le Loire, instruit les dossiers Balladur et Takieddine) et le cabinet bordelais du juge Jean-Michel Gentil chargé, avec deux collègues, de l’affaire Bettencourt (depuis qu’a été dessaisi le parquet de Nanterre qui l’étouffait, sous l’enquête préliminaire menée par Philippe Courroye), nombreux sont les professionnels de la justice qui ont besoin des explications du président sortant.

Chacun de ces dossiers est évidemment spécifique, avec des situations particulières et des protagonistes différents. Mais tous remontent à Nicolas Sarkozy. Tous ont comme fil conducteur l’ascension politique d’un seul homme, comme acteurs des individus qui l’ont toujours soutenu ou qui l’entourent depuis longtemps, comme mobiles la circulation et l’accumulation d’argent pour des montants considérables où l’on compte en millions voire en dizaines de millions d’euros, bien au-delà des sommes habituellement déclarées par les formations politiques, lesquelles, qui plus est, sont désormais remboursées par l’Etat sous condition de plafonds.

En l’état actuel de nos connaissances, les affaires Balladur, Bettencourt et Takieddine sont les plus menaçantes pour Nicolas Sarkozy. Dans la première, sous-produit de l’affaire Karachi relancée en septembre 2008 par Mediapart, il est cité à propos du montage financier qui, via le Luxembourg, fut validé par le ministre du budget qu’il était à l’époque afin de récupérer d’importantes rétrocommissions sur des ventes d’armements au Pakistan. Dans la deuxième, lancée par nos révélations de l’été 2010, il est omniprésent via le trésorier de son parti, Eric Woerth, alors ministre du budget, et via ses rencontres directes, à l’Elysée même, avec Patrice de Maistre, le chargé d’affaires de Liliane Bettencourt.

Quant à la troisième, documentée de façon spectaculaire avec la publication, sur Mediapart, durant l’été 2011, des archives du marchand d’armes Ziad Takieddine, elle est potentiellement la plus explosive. Car elle révèle en effet les liens de proximité noués en secret, à partir de 2005, par Nicolas Sarkozy et son entourage le plus proche – Claude Guéant et Brice Hortefeux – avec la Libye de Mouammar Kadhafi. Des liens qui se sont traduits, en 2007, par la réception fastueuse du dictateur à Paris, incompréhensible dans l’instant mais que nos révélations éclairent comme une récompense pour services rendus. Des indices précis et concordants accréditent le soupçon d’un financement libyen de l’aventure sarkozyste sur lequel la justice, si elle n’est pas entravée, devra forcément faire la lumière



03/04/2012
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