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SARKO ET "LE PEUPLE DE FRANCE": consternant de démagogie, extrait de Mediapart

Pendant une heure, il a opposé le «nous» (la majorité présidentielle et «le peuple») au «eux» (les socialistes et les «élites»), son «discours de vérité» à «ceux qui font comme si rien de grave ne s’était passé». «Ils ne voudront rien lâcher», a-t-il assené en expliquant – encore et toujours – qu’il souhaitait «redonner la parole au peuple». «Ils ont fait la même chose au géneral de Gaulle en 1962. Lorsqu’(il) a dit que seul le peuple de France pouvait choisir le président de la République française. A l’époque, on a dit qu’il était un dictateur.»

Il a rendu les socialistes responsables des «erreurs» qui ont «été commises» et ont «affaibli la France». Dénoncé les accords d’appareil entre les Verts et les socialistes. Enoncé ses deux contre-vérités favorites – déroulées par lui-même et son camp depuis plusieurs mois : au PS, pas d'économies prévues et une régularisation massive des sans-papiers – ce qui ne figure pas dans le projet de François Hollande. «Mais changer quoi, quand, comment ?», a-t-il raillé dans une allusion au slogan de son adversaire.

Lui-même, pourtant, n'a pas évoqué un début de vision, se bornant à rappeler ses «convictions profondes» et, à nouveau, ses «valeurs» : «Le travail, l’effort, le courage, l’intelligence, les valeurs de responsabilité et d’autorité, (le) sentiment très fort de former une seule et même nation, l’idéal de la République». Cette «vision» pourtant si chère à son conseiller spécial et plume, Henri Guaino, qui affirmait, sur France Inter, au lendemain du meeting du Bourget, ne pas la trouver chez François Hollande. C'est en tout cas chez son adversaire socialiste que Nicolas Sarkozy a trouvé la première phase de son meeting : «Je suis venu vous parler de la France.»

Et le bilan ? «Je mesure ce qu’il aurait fallu faire de mieux, faire de plus. Je ne prétends pas que nous avons tout réussi», concède-t-il du bout des lèvres. Nicolas Sarkozy préfère ponctuer son discours de «si» : «Si ces décisions je ne les avais pas prises à temps, où en serions-nous ? Voilà la vérité. La vérité ne me fait pas peur.» Dans une tirade évoquant la crise financière «de l’automne 2008», puis «la crise économique, la récession», et enfin «la crise de l’euro», il répète : «Nous avons réussi à éviter la catastrophe.» Le message est clair, répété depuis des mois par les snipers de l’UMP : face à cette crise «inouïe», il faut réélire le président sortant.

Pas d’idées, pas de bilan, pas de vision. Mais une étiquette qui lui colle à la peau et dont il lui faut absolument se débarrasser : celle de «président des riches» (que Mediapart a encore pu vérifier lors de ce reportage). Nicolas Sarkozy a décidé de se situer ailleurs. «L’idée centrale de mon projet, c’est de redonner la parole au peuple français», a-t-il annoncé sur TF1. A Marseille, il l'a redit : «Je veux être le candidat du peuple de France et non celui d'une petite élite.»

Le candidat «hors système», un vieux refrain là encore. En 2007, il était le candidat «de la rupture». Lors d'une visite au marché de Rungis (Val-de-Marne), le 1er février 2007, il avait affirmé ne pas être «le candidat du système», se plaçant «du côté du peuple». L’idée du «challenger» est réapparue dans la bouche de Brice Hortefeux en octobre dans Le Figaro et sur RTL le 25 janvier. Mais aussi dans celle de Nicolas Sarkozy lui-même, le 27 octobre, lors d’une intervention télévisée : «Tous les candidats du système ont toujours été battus», a-t-il dit, visant Hollande. Depuis, ce «storytelling» (décrypté en vidéo par Mediapart) se poursuit. Difficile pourtant de faire oublier que la droite est à l'Elysée depuis 17 ans (et lui-même depuis cinq ans).



19/02/2012
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