Quatre jours. Il n’a fallu que quatre jours pour que l’accord sur la sécurisation de l’emploi soit victime d’une profonde entaille. Un coup bas et violent porté par une entreprise française emblématique qui se disait exemplaire pour toutes les négociations sociales. Certes, personne ne peut contester les difficultés d’un secteur automobile où Renault n’est pas épargné. Ses ventes de voitures s’effondrent en Europe, mettant en péril l’avenir du groupe. Mais, en annonçant hier la suppression de 7 500 postes au milieu de la sixième réunion de négociation avec les organisations syndicales, Renault a brutalement renversé l’édifice difficilement bâti vendredi par les partenaires sociaux. Et cet accord, qui porte l’ambition de refonder le dialogue social et qui impose à tous les partenaires de revoir leurs pratiques, est aujourd’hui partiellement déchiré par Renault. Car, comme un couteau posé sur la gorge des syndicats, l’entreprise n’exclut pas de fermer un site industriel, si d’aventure ils refusaient de valider la coupe dans les effectifs. Composante essentielle de l’UIMM, la matrice du Medef, Renault a agi hier en vieille entreprise patronale. Et que dire de l’Etat, actionnaire, dont le silence assourdissant semble accréditer la méthode de Carlos Ghosn, quand il fustigeait hier celle de Peugeot ? C’est la démocratie sociale, voulue par François Hollande et qui avait commencé à prendre corps vendredi, qui est aujourd’hui mise à mal.