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PLUS DURE SERA LA SUITE....

MP : plus dure sera la suite

20 novembre 2012 à 22:16
François Fillon et Jean-François Copé.
François Fillon et Jean-François Copé. (Photo Jacques Demarthon. AFP)

    Analyse La victoire de Copé sur Fillon et le succès de la motion de la Droite forte mettent en évidence une cassure très nette dans un parti qui n’a plus rien de l’alliance centro-gaulliste imaginée par ses fondateurs.

    Par ALAIN AUFFRAY

    François Fillon s’est donné une semaine. Mardi prochain, il dira à ses amis «les formes que prendra pour l’avenir [son] engagement politique». Lundi soir, quelques minutes après l’annonce de l’élection, selon lui très contestable, de Jean-François Copé à la présidence de l’UMP, l’ancien Premier ministre a posé un diagnostic alarmant sur l’état de son parti : «La fracture qui traverse notre camp politique est désormais manifeste. Cette fracture est à la fois politique et morale. La réduire et la dépasser, tel est l’objectif que je m’assigne.» En trois phrases courtes et tranchantes, Fillon signifiait qu’il n’était pas question pour lui de se jeter dans les bras, pourtant «grands ouverts», de son rival - «Je ne lâcherai rien !» a-t-il expliqué à ses proches. Mais, surtout, il validait l’idée d’une droite coupée en deux.

     

    «Désaxé». Une fracture politique et morale ? Traumatisés par la campagne qu’ils viennent de vivre, de nombreux fillonistes approuvent la formule, pourtant lourde de menace pour l’unité du parti. Elle désigne autant la ligne politique - qui semble dessiner les contours de deux droites - que les méthodes très «décomplexées» du nouveau président de l’UMP.

    A ceux qui lui conseillaient de «prendre de la hauteur» pour préparer la présidentielle de 2017 et de ne surtout pas se lancer dans la bataille de l’UMP, Fillon répondait qu’il ne pouvait laisser Copé verrouiller le parti pendant cinq ans. Il ajoutait qu’en outre la victoire ne pouvait lui échapper : comment imaginer que les militants ne se donnent pas pour chef le plus populaire des hommes de droite ? Pour Fillon, la défaite démontre qu’il était déjà trop tard. A la tête du parti depuis deux ans, Copé s’était donné les moyens pour ne pas être battu.

    Plus encore qu’aux triches - dont le camp Copé n’a pas l’exclusivité -, la «fracture» entre les deux camps tient au discours qui a incontestablement retourné en faveur de Copé un très grand nombre de militants. Ce fut d’abord une entreprise de démolition systématique de l’ex-Premier ministre. Un homme d’Etat ? Plutôt un frileux, un planqué sans autorité, incapable de trancher et susceptible de voter PS pour faire barrage au FN. Bref, un «Hollande de droite». Ou quand les arguments sur la personne s’ajoutent aux clivages idéologiques.

    Cent fois, Copé a dressé ce portrait en préambule de ses discours, avant d’enchaîner sur l’exposé de sa doctrine d’une «droite décomplexée», copie conforme du discours que le conseiller Patrick Buisson avait inspiré à Nicolas Sarkozy au printemps. Dépassant son modèle, le maire de Meaux a volé au secours des victimes du «racisme anti-Blancs», martyrisées par les «communautaristes». Copé est «dans la droite ligne du discours de Grenoble de Sarkozy. Il a désaxé le parti par rapport aux attentes du peuple de droite. C’est un glissement très avantageux pour Jean-Louis Borloo», note Stéphane Rozès, patron de la société de conseil Cap. Un glissement qui scinde donc l’UMP en deux familles.

    fumeuse. Fillon et plusieurs de ses lieutenants - François Baroin notamment - ont dit tout le mal qu’il pensait de cette droitisation qui est aussi à l’œuvre dans le vote des motions qui composent les sensibilités de l’UMP. Puissamment aidé par Copé, la Droite forte de Guillaume Peltier - ex du FN et disciple de Buisson - arrive en tête, devant les motions Droite sociale et Humanistes. Camille Bedin, l’une des jeunes animatrices de cette Droite forte, se félicitait, vendredi dans Libération , qu’en se donnant Copé comme successeur de Sarkozy, l’UMP ne redevienne pas cette fumeuse alliance centro-gaulliste, voulue en 2002 par Jacques Chirac, un homme «sans corpus idéologique».

    Les barons du parti réunis autour de François Fillon constatent, eux, qu’ils n’ont rien de commun avec ce Peltier qui parle au nom de Copé sur les plateaux télé.

    Restée neutre, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui accusait pourtant Buisson, en juin, d’avoir davantage voulu «faire gagner Charles Maurras» que Sarkozy, semble, en revanche, tout à fait disposée à travailler avec le nouveau président de l’UMP. Convaincue que Copé ne tardera pas à se recentrer ?



    21/11/2012
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