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N.D DES LANDES, NOUVEAU LARZAC ?

V

Notre-Dame-des-Landes : «Les paysans du Grand Ouest sont tous prêts à venir»(libé)

13 décembre 2012 à 22:26
Quarante-sept tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie dont la justice a ordonné la destruction.
Quarante-sept tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie dont la justice a ordonné la destruction. (Photo Stéphane Mahé. Reuters)

Reportage Les «zadistes» occupent le terrain, malgré la décision de justice ordonnant la destruction des cabanes.

Par SYLVAIN MOUILLARD Envoyé spécial à Notre-Dame-des-Landes

La nuit a été moins fraîche que les précédentes. Autour d’un fût métallique transformé en brasero, ils sont six à attendre que le soleil se lève. Sans inquiétude particulière : sur la «zone à défendre» (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), les forces de l’ordre n’ont pas bougé l’oreille. Les squatteurs opposés au projet du futur aéroport - les «zadistes» - craignaient pourtant un assaut, hier au petit matin. Mais rien n’est venu. Pour autant les cabanes de la Châtaigneraie, une clairière évacuée le 23 novembre et aussitôt «réoccupée» par les contestataires, sont à la merci d’une destruction. Leurs occupants sont expulsables. C’est ce qu’a décidé mardi le tribunal de grande instance de Saint-Nazaire, déclarant les squatteurs «sans droit ni titre». Un jugement immédiatement salué par la préfecture de Loire-Atlantique : «Ces décisions disent l’état de droit. Les occupants n’ont plus de protection juridique.»

Stoïque. Sur place, les occupants sont en alerte. «Bravo 1 à Papa 3, rien à signaler» : Avec son talkie-walkie, le zadiste de garde à la Rolandière fait le point avec ses camarades, disséminés un peu partout sur les 2 000 hectares du site. Il est 7 heures du matin. Au loin, on aperçoit les lumières des camions de gendarmerie stationnés. Une jeune fille émerge dans la nuit, la lampe frontale allumée. «Il y a une dizaine de fourgons à Vigneux-de-Bretagne, quatre à La Paquelais.» Le face-à-face stoïque entre les deux parties continue.

Geneviève Lebouteux, conseillère régionale Europe Ecologie-les Verts, a passé la nuit dans une caravane posée près de la mairie de Notre-Dame-des-Landes, et s’est présentée à 6 heures du matin. «Je suis là au cas où les forces de "désordre" décidaient d’intervenir. Quand ils voient une écharpe d’élue, ça les calme.»

Autour du brasero, un militant met du pain à griller. Barbe rousse et longues dreadlocks, ce Caennais d’une trentaine d’années vient d’enchaîner treize heures de garde. «Je bosse plus que quand j’étais écoconstructeur, rigole-t-il. C’est peut-être un lieu de vie éphémère, mais ça vaut le coup d’essayer un autre modèle de société.» Il oriente un groupe de quatre Stéphanois tout juste arrivés. «On a roulé toute la nuit, dit le chauffeur. On a des médicaments, un poêle, un peu de bouffe. Où est-ce qu’on dépose tout ça ?»

Depuis deux mois, la logistique sur place s’est considérablement améliorée. Une cantine - «qui sert jusqu’à 500 repas par jour» -, des cabanes isolées et chauffées, une serre pour relancer un potager : les zadistes se disent prêts à tenir. D’autant que les dons ne faiblissent pas. «On croule sous les légumes, mais certains ont tendance à se gâter, confie une jeune femme. Alors on a ouvert une conserverie pour les sauver. Sauf qu’on manque de bocaux…»

Plusieurs centaines de personnes vivent désormais sur le site. Corps de ferme, maisons abandonnées, cabanes en bois, «nids» dans les arbres, tentes de camping… les lieux de résidence sont multiples. Une situation quasiment inextricable pour les forces de l’ordre, qui en sont réduites à faire le pied de grue le long des routes. Depuis le 23 novembre, elles n’ont plus tenté d’assaut. De leur côté, les zadistes se sont barricadés. Prêts, en cas d’intervention policière, à déménager pour ressurgir en un autre point du bocage. «De toute façon, s’ils attaquent, il y aura une mobilisation des comités de soutien dans la France entière», dit un jeune homme.

«Renfort». Ce week-end, quelque 180 groupes locaux vont se réunir à NDDL, afin de coordonner leurs actions. L’occupation de mairies et de préfectures est notamment envisagée, «en cas de coup dur». Les agriculteurs locaux, opposants historiques au projet, pourraient aussi monter en température : 47 de leurs tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie, «une mesure de protection». Cyril Bouligand, membre de la Confédération paysanne, avertit que «tous les paysans du Grand Ouest sont prêts à venir en renfort avec leur outil de travail, s’ils osent détruire les cabanes». Il en appelle «à François Hollande pour régler la situation, car Jean-Marc Ayrault [ancien maire de Nantes, ndlr] est juge et partie dans cette affaire». Certains, comme Gilles Denigot, ancien conseiller général (EE-LV) de Loire-Atlantique, craignent que le «pourrissement de la situation» ne vire au «drame». «C’est la militarisation de la zone par le gouvernement qui a créé cettetension, juge-t-il. Le préfet affirme qu’il s’agit juste de maintenir la sécurité sur les routes. Mais tout allait bien avant que les forces de l’ordre ne soient là ! Si les policiers se retirent, on s’occupera des petites chicanes qui bloquent les chemins.» Les zadistes sont là pour retarder le début des travaux de Vinci, le constructeur et futur opérateur de l’aéroport, «jusqu’au retrait définitif du projet»

Notre-Dame-des-Landes : «Les paysans du Grand Ouest sont tous prêts à venir»

13 décembre 2012 à 22:26
Quarante-sept tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie dont la justice a ordonné la destruction.
Quarante-sept tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie dont la justice a ordonné la destruction. (Photo Stéphane Mahé. Reuters)

Reportage Les «zadistes» occupent le terrain, malgré la décision de justice ordonnant la destruction des cabanes.

Par SYLVAIN MOUILLARD Envoyé spécial à Notre-Dame-des-Landes

La nuit a été moins fraîche que les précédentes. Autour d’un fût métallique transformé en brasero, ils sont six à attendre que le soleil se lève. Sans inquiétude particulière : sur la «zone à défendre» (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), les forces de l’ordre n’ont pas bougé l’oreille. Les squatteurs opposés au projet du futur aéroport - les «zadistes» - craignaient pourtant un assaut, hier au petit matin. Mais rien n’est venu. Pour autant les cabanes de la Châtaigneraie, une clairière évacuée le 23 novembre et aussitôt «réoccupée» par les contestataires, sont à la merci d’une destruction. Leurs occupants sont expulsables. C’est ce qu’a décidé mardi le tribunal de grande instance de Saint-Nazaire, déclarant les squatteurs «sans droit ni titre». Un jugement immédiatement salué par la préfecture de Loire-Atlantique : «Ces décisions disent l’état de droit. Les occupants n’ont plus de protection juridique.»

Stoïque. Sur place, les occupants sont en alerte. «Bravo 1 à Papa 3, rien à signaler» : Avec son talkie-walkie, le zadiste de garde à la Rolandière fait le point avec ses camarades, disséminés un peu partout sur les 2 000 hectares du site. Il est 7 heures du matin. Au loin, on aperçoit les lumières des camions de gendarmerie stationnés. Une jeune fille émerge dans la nuit, la lampe frontale allumée. «Il y a une dizaine de fourgons à Vigneux-de-Bretagne, quatre à La Paquelais.» Le face-à-face stoïque entre les deux parties continue.

Geneviève Lebouteux, conseillère régionale Europe Ecologie-les Verts, a passé la nuit dans une caravane posée près de la mairie de Notre-Dame-des-Landes, et s’est présentée à 6 heures du matin. «Je suis là au cas où les forces de "désordre" décidaient d’intervenir. Quand ils voient une écharpe d’élue, ça les calme.»

Autour du brasero, un militant met du pain à griller. Barbe rousse et longues dreadlocks, ce Caennais d’une trentaine d’années vient d’enchaîner treize heures de garde. «Je bosse plus que quand j’étais écoconstructeur, rigole-t-il. C’est peut-être un lieu de vie éphémère, mais ça vaut le coup d’essayer un autre modèle de société.» Il oriente un groupe de quatre Stéphanois tout juste arrivés. «On a roulé toute la nuit, dit le chauffeur. On a des médicaments, un poêle, un peu de bouffe. Où est-ce qu’on dépose tout ça ?»

Depuis deux mois, la logistique sur place s’est considérablement améliorée. Une cantine - «qui sert jusqu’à 500 repas par jour» -, des cabanes isolées et chauffées, une serre pour relancer un potager : les zadistes se disent prêts à tenir. D’autant que les dons ne faiblissent pas. «On croule sous les légumes, mais certains ont tendance à se gâter, confie une jeune femme. Alors on a ouvert une conserverie pour les sauver. Sauf qu’on manque de bocaux…»

Plusieurs centaines de personnes vivent désormais sur le site. Corps de ferme, maisons abandonnées, cabanes en bois, «nids» dans les arbres, tentes de camping… les lieux de résidence sont multiples. Une situation quasiment inextricable pour les forces de l’ordre, qui en sont réduites à faire le pied de grue le long des routes. Depuis le 23 novembre, elles n’ont plus tenté d’assaut. De leur côté, les zadistes se sont barricadés. Prêts, en cas d’intervention policière, à déménager pour ressurgir en un autre point du bocage. «De toute façon, s’ils attaquent, il y aura une mobilisation des comités de soutien dans la France entière», dit un jeune homme.

«Renfort». Ce week-end, quelque 180 groupes locaux vont se réunir à NDDL, afin de coordonner leurs actions. L’occupation de mairies et de préfectures est notamment envisagée, «en cas de coup dur». Les agriculteurs locaux, opposants historiques au projet, pourraient aussi monter en température : 47 de leurs tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie, «une mesure de protection». Cyril Bouligand, membre de la Confédération paysanne, avertit que «tous les paysans du Grand Ouest sont prêts à venir en renfort avec leur outil de travail, s’ils osent détruire les cabanes». Il en appelle «à François Hollande pour régler la situation, car Jean-Marc Ayrault [ancien maire de Nantes, ndlr] est juge et partie dans cette affaire». Certains, comme Gilles Denigot, ancien conseiller général (EE-LV) de Loire-Atlantique, craignent que le «pourrissement de la situation» ne vire au «drame». «C’est la militarisation de la zone par le gouvernement qui a créé cettetension, juge-t-il. Le préfet affirme qu’il s’agit juste de maintenir la sécurité sur les routes. Mais tout allait bien avant que les forces de l’ordre ne soient là ! Si les policiers se retirent, on s’occupera des petites chicanes qui bloquent les chemins.» Les zadistes sont là pour retarder le début des travaux de Vinci, le constructeur et futur opérateur de l’aéroport, «jusqu’au retrait définitif du projet»

Notre-Dame-des-Landes : «Les paysans du Grand Ouest sont tous prêts à venir»

13 décembre 2012 à 22:26
Quarante-sept tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie dont la justice a ordonné la destruction.
Quarante-sept tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie dont la justice a ordonné la destruction. (Photo Stéphane Mahé. Reuters)

Reportage Les «zadistes» occupent le terrain, malgré la décision de justice ordonnant la destruction des cabanes.

Par SYLVAIN MOUILLARD Envoyé spécial à Notre-Dame-des-Landes

La nuit a été moins fraîche que les précédentes. Autour d’un fût métallique transformé en brasero, ils sont six à attendre que le soleil se lève. Sans inquiétude particulière : sur la «zone à défendre» (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), les forces de l’ordre n’ont pas bougé l’oreille. Les squatteurs opposés au projet du futur aéroport - les «zadistes» - craignaient pourtant un assaut, hier au petit matin. Mais rien n’est venu. Pour autant les cabanes de la Châtaigneraie, une clairière évacuée le 23 novembre et aussitôt «réoccupée» par les contestataires, sont à la merci d’une destruction. Leurs occupants sont expulsables. C’est ce qu’a décidé mardi le tribunal de grande instance de Saint-Nazaire, déclarant les squatteurs «sans droit ni titre». Un jugement immédiatement salué par la préfecture de Loire-Atlantique : «Ces décisions disent l’état de droit. Les occupants n’ont plus de protection juridique.»

Stoïque. Sur place, les occupants sont en alerte. «Bravo 1 à Papa 3, rien à signaler» : Avec son talkie-walkie, le zadiste de garde à la Rolandière fait le point avec ses camarades, disséminés un peu partout sur les 2 000 hectares du site. Il est 7 heures du matin. Au loin, on aperçoit les lumières des camions de gendarmerie stationnés. Une jeune fille émerge dans la nuit, la lampe frontale allumée. «Il y a une dizaine de fourgons à Vigneux-de-Bretagne, quatre à La Paquelais.» Le face-à-face stoïque entre les deux parties continue.

Geneviève Lebouteux, conseillère régionale Europe Ecologie-les Verts, a passé la nuit dans une caravane posée près de la mairie de Notre-Dame-des-Landes, et s’est présentée à 6 heures du matin. «Je suis là au cas où les forces de "désordre" décidaient d’intervenir. Quand ils voient une écharpe d’élue, ça les calme.»

Autour du brasero, un militant met du pain à griller. Barbe rousse et longues dreadlocks, ce Caennais d’une trentaine d’années vient d’enchaîner treize heures de garde. «Je bosse plus que quand j’étais écoconstructeur, rigole-t-il. C’est peut-être un lieu de vie éphémère, mais ça vaut le coup d’essayer un autre modèle de société.» Il oriente un groupe de quatre Stéphanois tout juste arrivés. «On a roulé toute la nuit, dit le chauffeur. On a des médicaments, un poêle, un peu de bouffe. Où est-ce qu’on dépose tout ça ?»

Depuis deux mois, la logistique sur place s’est considérablement améliorée. Une cantine - «qui sert jusqu’à 500 repas par jour» -, des cabanes isolées et chauffées, une serre pour relancer un potager : les zadistes se disent prêts à tenir. D’autant que les dons ne faiblissent pas. «On croule sous les légumes, mais certains ont tendance à se gâter, confie une jeune femme. Alors on a ouvert une conserverie pour les sauver. Sauf qu’on manque de bocaux…»

Plusieurs centaines de personnes vivent désormais sur le site. Corps de ferme, maisons abandonnées, cabanes en bois, «nids» dans les arbres, tentes de camping… les lieux de résidence sont multiples. Une situation quasiment inextricable pour les forces de l’ordre, qui en sont réduites à faire le pied de grue le long des routes. Depuis le 23 novembre, elles n’ont plus tenté d’assaut. De leur côté, les zadistes se sont barricadés. Prêts, en cas d’intervention policière, à déménager pour ressurgir en un autre point du bocage. «De toute façon, s’ils attaquent, il y aura une mobilisation des comités de soutien dans la France entière», dit un jeune homme.

«Renfort». Ce week-end, quelque 180 groupes locaux vont se réunir à NDDL, afin de coordonner leurs actions. L’occupation de mairies et de préfectures est notamment envisagée, «en cas de coup dur». Les agriculteurs locaux, opposants historiques au projet, pourraient aussi monter en température : 47 de leurs tracteurs entourent déjà les cabanes de la Châtaigneraie, «une mesure de protection». Cyril Bouligand, membre de la Confédération paysanne, avertit que «tous les paysans du Grand Ouest sont prêts à venir en renfort avec leur outil de travail, s’ils osent détruire les cabanes». Il en appelle «à François Hollande pour régler la situation, car Jean-Marc Ayrault [ancien maire de Nantes, ndlr] est juge et partie dans cette affaire». Certains, comme Gilles Denigot, ancien conseiller général (EE-LV) de Loire-Atlantique, craignent que le «pourrissement de la situation» ne vire au «drame». «C’est la militarisation de la zone par le gouvernement qui a créé cettetension, juge-t-il. Le préfet affirme qu’il s’agit juste de maintenir la sécurité sur les routes. Mais tout allait bien avant que les forces de l’ordre ne soient là ! Si les policiers se retirent, on s’occupera des petites chicanes qui bloquent les chemins.» Les zadistes sont là pour retarder le début des travaux de Vinci, le constructeur et futur opérateur de l’aéroport, «jusqu’au retrait définitif du projet»



14/12/2012
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