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MONTEBOURG : sa conception, son désaccord avec Moscovici (Mediapart)

Bercy, la banque Lazard et le conflit d'intérêts

Interrogé par les journalistes de la rédaction de Mediapart, le ministre a voulu mettre un point final au soupçon de conflit d’intérêts et à la polémique dont il a été l’objet au début du mois, lui ainsi que sa compagne Audrey Pulvar. Propriétaire du magazine Les Inrockuptibles et ayant nommé Audrey Pulvar à sa tête, le banquier d’affaires, dirigeant de la banque Lazard, a décroché cet été à Bercy la mission de conseil de gouvernement pour la création de la future Banque publique d’investissement.

Répondant à nos questions, Arnaud Montebourg nie toute situation de conflit d’intérêts :

« Je ne suis pas en charge, juridiquement, des banques et des assurances, car le premier ministre a séparé l’Agence des participations de l’Etat, qui a mandaté la banque Lazard, en deux : il y a la politique industrielle avec les entreprises industrielles, qui reviennent à un secteur sur lequel nous avons une tutelle conjointe, Pierre Moscovici et moi. Mais il est un secteur sur lequel je n’ai ni autorité ni surveillance, c’est le secteur bancaire et d’assurance. Donc il n’y a pas pour moi de situation de conflit d’intérêts.

« Juridiquement, je ne suis pas chargé des banques existantes ni des banques à venir, celles qui seraient créées par l’Etat. C’est la raison pour laquelle Pierre Moscovici a cru devoir choisir cette banque (la banque Lazard – ndlr). Moi, j’ai considéré que, politiquement, bâtir une banque publique avec une banque privée me paraît problématique. Problématique, je le répète, pour des raisons politiques. »

Interrogé sur le possible mélange des genres ainsi affiché, le ministre a insisté, annonçant avoir demandé par précaution que cesse toute collaboration entre Bercy et la banque Lazard :

« J’ai demandé à l’agence des participations de l’Etat de faire cesser toute collaboration, toute coopération. » Et de préciser : « J’ai demandé par instruction écrite au commissaire en charge des participations de l’Etat de vérifier que l’ensemble des banques fasse l’objet d’un contrôle de conflit d’intérêts, de manière à ce que je ne sois pas en situation de difficulté, parce que là, je l’ai été politiquement. »

Et Arnaud Montebourg de conclure :

« C’est une affaire qui pour moi est réglée pour l’avenir. Elle était assez pénible en ce qui me concerne, vu mon exigence politique depuis des années sur l’exemplarité. J’ai été assez mécontent de la situation qui m’avait été faite. Ce “m’avait” renvoit à de nombreuses responsabilités… »

Pierre Moscovici et Manuel Valls

Le ministre n’a ensuite pas dissimulé le désaccord qu’il a avec le ministre de l'économie et des finances Pierre Moscovici sur ce que doit être cette future Banque publique d’investissement (BPI). L’arbitrage intervenu, et perdu par Montebourg, fait que la BPI est aujourd’hui une structure a minima, regroupant des structures existantes et dotée de 30 milliards d’euros. « Je n’ai jamais caché que ma préférence allait à une banque qui aurait drainé des centaines de milliards. Pour l’instant, c’est 30 milliards… On commence avec 30 milliards, mais je n’ai pas dit mon dernier mot », a-t-il dit. Evoquant « une clause de revoyure » sur la structure et les moyens de la banque, le ministre a assuré qu’il ne « lâchait rien, cette exigence d’amplifier la banque publique est devant nous ».

Autre prise de distance affichée : celle d'avec Manuel Valls. L'offensive de Manuel Valls contre les Roms engagée depuis début août, ses déclarations renvoyant un plus tard bien hypothétique le droit de vote des étrangers aux élections locales sont écartées. « Le droit de vote : je suis pour, le gouvernement a décidé de l’inscrire l’an prochain et nous le ferons donc l’an prochain », a insisté Arnaud Montebourg. Le feuilleton rom de l'été ? « Je l’ai vécu, voilà... », a-t-il noté. Défendant une « liberté de parole dans l’esprit de cohésion gouvernementale », Montebourg n'a donc pas vraiment l'intention de rentrer dans les rangs silencieux de l'ordre gouvernemental.

PSA et les dossiers industriels

Interrogé sur les dossiers industriels et les plans sociaux, le ministre du redressement productif s'est défini comme « une sorte de médecin urgentiste ». « Je m’occupe de toute entreprise menacée, car une entreprise perdue ce sont des compétences, des parts de marché, des emplois perdus. En Allemagne, la stratégie du chômage partiel a fonctionné. Cela n’a pas été une stratégie française et du coup, nous avons perdu énormément d’entreprises. »

Jugeant le plan de PSA quant à la fermeture de l'usine d'Aulnay « toujours inacceptable en l'état », Montebourg demande l'ouverture d'une vaste négociation : « Soit on perd Aulnay et c’est 3 000 emplois perdus, soit on travaille à réduire et à renégocier l’ensemble du plan sur l’ensemble des sites concernés et nous sauverons des emplois. Nous, notre travail est d’organiser le redressement de Peugeot et nous voulons bâtir une stratégie de reconquête avec les 80 000 salariés du groupe. »



22/09/2012
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