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MONTEBOURG répond au protectionnisme Lepéniste dans Mediapart

«Le lepénisme est un concentré de nos renoncements»

Mais à gauche, le débat fait rage parmi les économistes, entre les tenants du protectionnisme et ceux qui jugent que la priorité est à la lutte contre le capitalisme financier. Où vous situez-vous?

Dans mon livre, je propose aussi la domestication du système financier. Je défends la mise sous tutelle des banques: il ne s'agit pas d'une nationalisation parce qu'il est hors de question de payer des actionnaires qui ont fait des bêtises. Il ne faut indemniser personne. Mais il faudra casser les reins des marchés financiers pour les domestiquer avant qu'ils ne nous mettent au pas... ce qu'ils sont en train de faire avec le Portugal, l'Irlande et la Grèce.

Faites-vous une hiérarchie entre le protectionnisme et la «mise sous tutelle» des marchés dont vous parlez?

Non. Ce sont les deux jambes d'une politique de démondialisation. Il faut faire les deux en même temps. C'est ce que, d'une certaine manière, Barack Obama a réussi à faire. Les Américains ont toujours été protectionnistes, comme toute grande nation mercantile. Mais lui a ajouté la mise au pas du système financier.

Comment expliquez-vous que le projet socialiste tienne aussi peu compte de la notion de démondialisation, mis à part un embryon de mesure protectionniste – même si elle constitue une première dans l'histoire récente du PS?

Il faut se souvenir que, dans les 110 propositions du PS (en 1981, ndlr), il y a une mesure protectionniste. Pierre Mendès France ne vote pas le Traité de Rome pour des raisons protectionnistes. Donc je suis plus mendésiste ou plus mitterrandiste que tous les socialistes réunis! (rires) Plus sérieusement, la génération des héritiers de Mitterrand qui dirigent le PS est issue des années où la question ne se posait pas et où ils ont inventé l'Europe en mythe de substitution au socialisme et ont, entre-temps, perdu les classes populaires.

Depuis, en dix ans d'échec aux élections nationales, les mêmes dirigeants socialistes n'ont pas révisé leurs positions et ont immobilisé la pensée socialiste. Ils ont bloqué les rénovateurs. C'est donc le problème d'un Parti socialiste tombé dans le formol. Et les dirigeants du Parti socialiste ont une immense responsabilité dans cet immobilisme.

Pour concevoir le projet, le PS a cette fois auditionné de nombreux chercheurs... N'avez-vous pas senti une ouverture possible?

A part Guillaume Bachelay et Benoît Hamon, on est toujours battu dans les arbitrages. Et cela fait quinze ans que ça dure! Je pense que cela coûtera très cher à la gauche et la France. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai décidé d'être candidat: pour mettre au pouvoir ces idées-là, quoi qu'il en coûte. Ce n'est pas une candidature de témoignage. Je pense que je peux gagner ces primaires car la crise crée une demande nouvelle dans l'esprit des gens.

On voit pourtant que votre discours peine à percer et que c'est Marine Le Pen et son discours sur la sortie de l'euro qui monopolise la parole sur la mondialisation. Pourquoi?

Le lepénisme est un concentré de nos propres renoncements. Le lepénisme a fait son lit sur la somme de nos silences. On a renoncé à rendre la politique plus forte que l'économie, on a accepté l'élargissement de l'Union européenne sans la construire politiquement. Moi je prône un socialisme de création, celui du monde nouveau mais aussi de l'invention du nouveau modèle social français de l'après-crise, après l'effondrement de celui de l'après-guerre. Dans ce modèle il y a la démondialisation, le capitalisme coopératif, la VIe République, la mutation écologique des modes de vie, la mise sous tutelle du système financier, le renouveau productif avec des artisans, des agriculteurs et des petits patrons aujourd'hui dans la même situation que leurs ouvriers ou leurs employés



13/05/2011
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