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MELENCHON, ET "LA LE PEN", UN DES COMBATS ESSENTIELS DU TRIBUN front de gauche

Le Front de gauche ou le succès mis sous tension

| Par Stéphane Alliès

L'objectif: finir devant Le Pen

À mesure que le premier tour se rapproche, les espoirs un peu fous laissent place à la réalité d’objectifs déjà inespérés, ne serait-ce qu’il y trois mois. Il y a ceux qui préviennent contre toute illusion d’une présence au second tour, pourtant réaffirmée par d’autres (« Je suis persuadé qu’il y a une majorité antilibérale dans ce pays », dit ainsi Eric Coquerel). Pour François Delapierre, comme pour plusieurs communistes interrogés, le plus primordial serait de battre Marine Le Pen dans les urnes. « Ce serait un tremblement de terre politique, quelque soit le pourcentage, explique le fidèle de Mélenchon. Le FN a une place idéologique centrale aujourd'hui. Si cela s'inverse, on est dans un autre rapport de forces et dans un autre climat. Une partie de la droite dira qu'il faut avoir une autre ligne que celle de Nicolas Sarkozy ».

Les coups ne cessent de pleuvoir contre Marine Le Pen et les siens, carrément traités de « poivrots » à Limoges, par un Mélenchon affichant une sincère envie d’en découdre, après les récentes agressions de militants par des cadres frontistes (lire ici et ici). Pour battre « La Le Pen », comme elle est souvent appelée dans les rangs mélenchoniens, on entend mobiliser chez les abstentionnistes. « On est arrivé à mobiliser un électorat populaire politisé qui allait s’abstenir, analyse Coquerel. Désormais, on encourage nos troupes à mettre le paquet dans les quartiers populaires et les banlieues », où la cote de Mélenchon ne serait plus si mauvaise, après son attitude lors de la tuerie de Toulouse et ses odes récurrentes à « l’héroïsme de l’immigration ».

Place du Capitole, le 5 avril 2012, pendant le meeting de Jean-Luc MélenchonPlace du Capitole, le 5 avril 2012, pendant le meeting de Jean-Luc Mélenchon© DR

Quant à l’attitude à adopter dans l’entre-deux tours, à en croire les proches de Mélenchon, ils ne l’ont pas encore évoqué collectivement. « On en parle entre nous, mais on n’a pas encore eu de réunions spécifiques », dit Coquerel. Le défilé du 1er mai est d’ores et déjà annoncé comme « un moment fort », tandis qu’un meeting pourrait être organisé pour appeler à battre Sarkozy, mais « à part », et non aux côtés d’un François Hollande qui n’a décidément guère les faveurs du Front de gauche. « Ce sera à lui de dire comment il compte s’adresser à notre électorat, indique Delapierre. Mais ce n’est pas nous qui allons lui mettre la pression, c’est la mobilisation des gens qui va bousculer les plans tout prêts des socialistes. »

Pierre Laurent, lui, estime « irréaliste de dire que l’on ne veut pas discuter de notre programme. Ce serait nier que nous sommes en train de déplacer le centre de gravité de la gauche ». Aux yeux du communiste, « notre dynamique dérange le scénario idéal de certains socialistes, alors il faut sans doute leur laisser le temps que ça mûrisse dans leurs têtes ».

Dans ses meetings, Mélenchon aime se faire stratège. À Limoges, il s’est permis d’endosser le costume du donneur de leçons de gauche, afin de donner un cours de rassemblement à François Hollande : « Soit l’on passe en force, ce qui n’a jamais marché en France, soit on discute des meilleurs moyens de trouver un compromis programmatique. Quand j’ai proposé il y a neuf mois de débattre de nos projets avec les socialistes, on m’a dit que ça ne servait à rien, à part alimenter les divisions. Aujourd’hui, nous avons les divisions et nous n’avons pas le débat. » Un conseiller de Mélenchon confie que « Jean-Luc va tenter de dérouler cet argumentaire jusqu’au premier tour. S’il n’est pas facile à articuler, il montre bien que la meilleure capacité de rassemblement, la plus claire, elle est chez nous et pas chez eux ».

Pour Eric Coquerel, il ne s’agit pas de se remettre à cogner sur les socialistes. « Avec le PS, on s’est tout dit depuis un moment. Ils ne veulent pas parler de notre programme, alors qu’on l’a mis sur la table depuis septembre dernier. On ne réagit que quand ils nous cherchent. » Comme quand Gérard Collomb se laisse encore emporter par son obsession cambodgienne, comparant le programme du Front de gauche à celui de Pol-Pot (après avoir, lors de l’accord PS/EELV, traité les écologistes de « khmers verts »)



07/04/2012
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