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Marine Le Pen: la (fausse) laïcité à la schlague

Politiques

Au Front national, un coup de Baule avant la bataille

21 septembre 2012 à 21:06
Marine Le Pen, présidente du Front National, lors d'un meeting du premier tour de la présidentielle, le 22 avril 2012 à Paris
Marine Le Pen, présidente du Front National, lors d'un meeting du premier tour de la présidentielle, le 22 avril 2012 à Paris (Photo Francois Guillot. AFP)

Analyse Le parti d’extrême droite, qui fait son université d’été ce week-end, tente de se faire entendre en vue des municipales de 2014.

Par Christophe Forcari Photos Laurent Troude

Marine Le Pen savoure cette rentrée. Après trois campagnes électorales - pour la présidence du Front national, l’Elysée et les législatives -, la chef du parti d’extrême droite peut s’offrir un répit jusqu’aux municipales de 2014. Et profiter de l’actualité politique pour occuper le terrain.

Face à l’agitation des intégristes musulmans amplifiée par les caricatures de Charlie Hebdo, Le Pen fille a demandé vendredi que l’on interdise la kippa et le voile «dans l’espace public», y compris dans la rue. Dans un entretien au Monde daté de samedi, Marine Le Pen a aussi dit qu’elle voulait mettre «à la porte tous les intégristes étrangers».

«Fracture». «Elle est la première des intégristes», a aussitôt réagi le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon. «Tout ce qui déchire, oppose, divise est maladroit», a pointé le président, François Hollande, en marge de l’inauguration d’un mémorial de la Shoah, à Drancy. Même Gilbert Collard, élu député sous les couleurs frontistes, a semblé prendre ses distances avec son inspiratrice, assurant que, pour lui, «la kippa ne pose pas problème».

Que ce soit sur le traité budgétaire européen, le mariage homosexuel ou le droit de vote des étrangers, le FN compte bien faire entendre sa voix dans l’espoir de récolter les dividendes électoraux en 2014. «Cette période sans échéance électorale ne nous pose pas de problème. Nous existons parce que nous avons une parole radicalement différente de celles de l’UMP et du PS», explique Marine Le Pen, pour qui «la ligne de fracture ne se situe plus entre droite et gauche, mais entre nationaux et mondialistes». Le FN veut profiter de ce laps de temps pour se remettre en ordre de bataille et parvenir (enfin) à une réelle implantation sur le terrain, sa faiblesse traditionnelle.

Depuis les municipales de 2008, le FN ne compte plus qu’une soixantaine d’élus municipaux. Le parti d’extrême droite qui, selon ses dires, dispose depuis deux ans d’un nombre d’adhérents en hausse continuelle, veut puiser dans ce réservoir pour dénicher ses nouveaux cadres. «Dans de trop nombreux départements et circonscriptions, l’activité militante et les organigrammes des fédérations étaient fantômes», admet Steeve Briois, le secrétaire général, chargé de la réorganisation. Le FN dispose des moyens pour financer ce chantier. Après sa déroute électorale de 2007, son financement public était tombé à 1,8 million d’euros. Ses résultats de 2012 l’ont élevé à 6 millions.

Dès la fin octobre, le FN veut commencer à investir ses candidats pour les municipales. «L’objectif est au moins de faire aussi bien et même mieux que lors des municipales de 1995, où le FN avait présenté 930 listes et obtenu 940 élus», résume Nicolas Bay, membre du bureau politique et rédacteur d’une note à l’attention de Marine Le Pen sur la stratégie pour ces élections. «Ces municipales nous donnent l’occasion de nous crédibiliser et d’asseoir la notoriété de nos candidats pour l’avenir», explique-t-il. Il a recensé plus de 550 villes où la candidate frontiste a fait plus de 12% à la présidentielle. Un score minimal qui lui permettrait de se maintenir au second tour dans nombre de communes. Avec, en tête, l’idée de refaire le coup de Dreux : en 1983, dans cette ville d’Eure-et-Loir, le FN, fort de ses 17%, avait contraint la droite à faire alliance pour qu’elle gagne la mairie.

Étiquette. Les bons résultats du FN aux législatives pourraient compliquer la tâche de l’UMP dans un certain nombre de villes qu’elle espère conquérir. «Nous ne cherchons pas spécialement des accords locaux avec la droite, tempère Marine Le Pen. Mais nous ne sommes pas fermés à des alliances locales avec des cadres de l’UMP souvent plus proches de nos idées que leurs responsables.» Des rapprochements qui pourraient se faire sous l’étiquette du Rassemblement bleu Marine, un mouvement ayant vocation à rameuter au-delà du FN, et dont les statuts vont être déposés la semaine prochaine.



23/09/2012
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