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LES UNIVERSITES : le BILAN CALAMITEUX DE SARKOZY

Facs : la gauche convoquée au rattrapage

10 juillet 2012 à 22:27Libération
Des étudiants dans un couloir de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, le 19 avril 2011
Des étudiants dans un couloir de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, le 19 avril 2011 (Photo Thierry Zoccolan. AFP)

Le gouvernement annonce des assises pour les universités, sinistrées cinq ans après le vote de la loi sur l’autonomie voulue par Sarkozy.

Par VÉRONIQUE SOULÉ

A peine nommée, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, a dû mesurer l’étendue de la tâche. Après cinq ans de sarkozysme où le secteur était présenté comme la priorité des priorités, objet de toutes les largesses, l’université française se porte mal. Certains établissements sont embarqués dans de grands projets et rêvent d’un avenir meilleur. Mais la plupart doivent compter chaque sou pour espérer boucler leur budget. Et beaucoup s’enfoncent dans des déficits dont ils ne voient pas la fin.

«Intenable». Officiellement personne ne connaît le nombre d’universités dans le rouge. Les présidents n’aiment guère s’en vanter de crainte de voir leurs établissements stigmatisés. En novembre, l’ex-ministre Laurent Wauquiez avait désigné 8 établissements déficitaires pour la deuxième année consécutive, ce qui devait entraîner une procédure particulière. Et l’on prévoyait déjà que d’autres suivraient. Aujourd’hui, de sources proches du ministère, une petite vingtaine, soit un quart des établissements, est présentée comme un «ordre de grandeur plausible».

«Mais ce chiffre ne résume pas tout, souligne Bertrand Monthubert, le nouveau président de Toulouse-III. Il y a des universités pauvres qui ne sont pas en déficit car elles ont taillé dans leurs dépenses. Par exemple, nous avons dû diviser par cinq nos crédits de maintenance depuis 2010. C’est intenable.»

Geneviève Fioraso, qui fait aujourd’hui une communication en Conseil des ministres, va annoncer l’organisation, cet automne, des assises de l’enseignement supérieur et de la recherche qui déboucheront sur une grande loi d’orientation début 2013. Elles devraient être consacrées aux réformes - une refonte de la loi sur l’autonomie (LRU), un premier cycle universitaire rénové, la place de la recherche… Mais elles risquent d’être parasitées par la question du financement.

Au-delà des grandes promesses de Nicolas Sarkozy, la triste réalité d’aujourd’hui n’est plus guère contestée. Seule une petite partie des sommes faramineuses promises ont été déboursées à ce jour. La plupart du temps, il s’agissait de dotations en capital, des sommes extrabudgétaires, affectées à de grands projets et dont les universités ne touchent que les intérêts. Au final, en cinq ans, le budget de l’enseignement supérieur a peu augmenté. Les universités se sont retrouvées, elles, avec des budgets multipliés par trois ou quatre simplement parce qu’en devenant autonomes l’Etat leur a transféré la masse salariale qu’il gérait avant directement. Mais elles n’ont guère eu de marge de manœuvre alors que certains présidents se voyaient en patrons stratèges.

Or, sur le financement, Geneviève Fioraso a déjà laissé entendre qu’elle ne pourrait pas faire de miracle dans le cadre d’une austérité qui ne dit pas son nom. Comme la plupart de ses collègues, elle s’est engagée très vite dans des discussions avec Bercy afin d’obtenir des rallonges lors du collectif budgétaire de juillet. Il faut dire que l’audit de la Cour des comptes, commandé par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a conclu qu’il risquait de manquer 120 millions d’euros à Fioraso pour boucler son budget cette année. L’équipe précédente a en effet «oublié» de budgéter le dixième mois de bourse, a sous-estimé le nombre de boursiers et a aussi omis de prendre en compte dans le calcul des salaires transférés aux universités le «glissement vieillesse technicité» (GVT), c’est-à-dire l’augmentation salariale due au vieillissement du personnel.

Bourses. D’ores et déjà, il semble acquis que la ministre obtiendra les crédits pour financer les bourses. Mais il lui faudra ensuite négocier le budget 2013. Le supérieur a eu l’assurance d’obtenir 5 000 postes sur les 60 000 promis par François Hollande pour l’éducation. Mais les acteurs ont nombre d’attentes et certains sont pressés. Les présidents veulent pouvoir faire tourner leurs universités, les étudiants avoir de meilleures conditions d’études et les enseignants-chercheurs une résorption de la précarité… La ministre cherchera déjà à mieux utiliser les ressources, à défaut d’en obtenir de nouvelles.



11/07/2012
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