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LES SYNDICATS FACE AU pseudo-social du F.N.:mise au point relayée par Mediapart

«Les partis fascistes se sont souvent parés de vertus sociales pour accéder au pouvoir»

Dans une récente lettre envoyée à l'ensemble des secrétaires généraux de la CGT, Bernard Thibault prend acte de la nouvelle configuration, en fustigeant l'«entrisme» du FN. «Il est de notre responsabilité, prévient-il, de faire preuve d'une grande vigilance et d'une réactivité collective déterminée. C'est une exigence supérieure à toute autre considération, y compris la perte éventuelle de syndiqués, voire exceptionnellement la perte d'un syndicat.»

Au-delà de la sanction, il affirme dans ce courrier la nécessité de défaire un à un les arguments du FN. «L'histoire nous enseigne que les partis fascistes se sont souvent parés de vertus sociales pour accéder au pouvoir», écrit-il avant d'ajouter: «Face à ce risque majeur pour les salariés et la démocratie, il est de notre responsabilité d'éclairer les salariés par l'information et le débat sur la réalité des thèses et des positions du FN, sur le plan économique et social comme en matière de libertés publiques. Même peinte à “la couleur Marine”, l'exploitation par le FN des peurs et de la précarité sociale engendrée par les politiques en vigueur demeure la même et trouve sa source selon lui dans une cause principale: l'étranger. L'immigré comme le Français qui n'est pas “de souche” sont ainsi présentés comme les responsables de tous les maux. Cela a comme conséquence de détourner l'attention des véritables causes de l'exploitation dont les salariés, quelle que soit leur origine, sont victimes et donc de contribuer à entretenir le système tant décrié.»

Pour les syndicalistes, la préférence nationale, mesure ouvertement discriminatoire, n'est pas forcément la plus difficile à contrer. En revanche, quand Marine Le Pen prétend défendre les salariés contre le patronat et s'émouvoir des effets d'un libre-échange «débridé» sur les conditions de travail, ça se complique.

Francine Blanche, à la CGT, a commencé à décortiquer ses déclarations ainsi que le programme du FN tel que présenté sur son site. «On voit bien qu'il n'y a rien sur les droits des salariés, notamment en matière de licenciement ou en cas de fermeture ou de délocalisation. Le seul droit qui leur est octroyé concerne l'actionnariat salarié. En fait, le FN n'offre strictement aucun outil pour s'opposer d'une manière ou d'une autre au patronat. Ce parti est par ailleurs foncièrement anti-grève», insiste-t-elle rappelant les propos de Marine Le Pen du 22 octobre 2010, lors du conflit sur les retraites: «Ensemble, gouvernement et syndicats jettent la France dans le chaos. Voilà deux semaines que la France s'installe dans le chaos, entre grève, manifestations et blocus... La tolérance zéro doit s'appliquer à tous les émeutiers.»

«Par rapport à son père, poursuit-elle, la présidente du FN fait semblant de défendre un État fort, mais il ne faut pas s'y tromper, dans la partie fonction publique de son programme, elle affirme que l'État “omnipotent est devenu une surcharge pour les comptes de la nation et un danger pour les libertés économiques”. En gros, ça veut dire virer au moins 30.000 fonctionnaires et vive le néo-libéralisme. Son obsession de sortir de l'euro, c'est de la pure démagogie. En plus des conséquences sur les salaires, tout le monde sait que ça ne se passe pas comme ça. Quant aux travailleurs étrangers, elle veut leur imposer une majoration de 35% des cotisations sociales. Ni plus ni moins de l'apartheid social!» «Et puis, ajoute-t-elle, il y a tout le reste de la peine de mort à la mise en cause de l'IVG, on ne peut pas laisser pas ça.»

Le FN est anti-social, voilà ce que la CGT veut montrer. «Pour élargir son électorat, Marine Le Pen cherche à capter le mécontentement social. Mais elle n'a rien à proposer en matière sociale. Elle défend des positions néo-libérales, sur le fond, idéologiquement, elle n'a pas changé. On l'a vu pendant le mouvement sur les retraites quand les salariés sont mobilisés, exit le FN, son discours n'a plus de prise. Ce parti se nourrit des moments où la conflictualité est moindre», observe Raymond Chauveau, à l'origine à la CGT du mouvement de grève des travailleurs sans papiers.

«Des piquets de grève, ajoute-t-il, j'en ai fait un paquet, des restaurants parisiens les plus huppés à l'entreprise pourrie de Nanterre. Jamais, dans ce genre de situation, personne ne m'a ressorti le coup de la préférence nationale. Personne ne m'a jamais dit que les sans-papiers venaient leur prendre leur boulot. Les gens savent bien que quand les uns se battent, c'est pour tout le monde, il y a une identification de tous à la lutte.»

À cette aune, l'affaiblissement du syndicalisme est de mauvais augure. Sur fond de précarisation de l'emploi, les salariés se retrouvent isolés, qu'ils travaillent en intérim, en CDD ou à temps partiel, ou qu'ils soient privés d'emploi. Leurs chances de croiser un délégué syndical susceptible de défendre leurs droits se réduisent, de même que les possibilités de mobilisation. Se pose alors la question de la responsabilité syndicale d'investir urgemment ce champ jusqu'à présent délaissé.



25/03/2011
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