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LE F.N SERA LE PRINCIPAL ARBITRE AUX MUNICIPALES

Le Front national sera le principal arbitre des municipales (médiapart 1)

|  Par Mathieu Magnaudeix

Selon l'Observatoire de la vie politique et parlementaire, le FN pourrait n'emporter que deux municipalités (Hénin-Beaumont et le 7e secteur de Marseille) lors des élections de mars prochain. Mais il sera l'arbitre de nombreuses triangulaires et entrera dans les conseils municipaux et les structures intercommunales. La gauche pourrait perdre entre 75 et 200 villes de plus de 3 500 habitants.

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C'est un travail de titan. Pour anticiper les grandes tendances du scrutin municipal de mars 2014, le politologue Denys Pouillard, directeur de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire (OVPP), a scruté les résultats électoraux depuis 2004 dans les 3 000 villes françaises de plus de 3 500 habitants, mais aussi l'offre politique locale et les situations particulières (les villes qui « changent », celles qui « dorment »). L'étude qu'il vient de publier, basée par ailleurs sur une série d'entretiens avec des acteurs locaux, a retenu l'attention du premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui en a pris connaissance il y a quelques semaines.

Cliquer ici pour afficher l'étude (5 pages, format pdf)

Premier enseignement : la gauche pourrait perdre au profit de la droite entre 75 et 200 villes de plus de 3 500 habitants. C'est un reflux pour la gauche par rapport aux très bons scores de 2008, mais qui ne sera pas massif. « Traditionnellement, les élections locales sont perdues par ceux qui viennent de remporter les élections nationales. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci », assure Pouillard.

D'autant que, et c'est le deuxième enseignement, même « dans la pire des situations, la gauche ne perdrait qu'un nombre très limité de villes de plus de 100 000 habitants ». Elle détient aujourd'hui 32 des 49 plus grandes villes. Ce scrutin ne devrait guère changer la donne.

La prudence s'impose toutefois, car l'étude ne prend pas en compte le cas très particulier de Paris, gagné en 2001 par la gauche. À six mois du vote, trop d'incertitudes demeurent sur un scrutin qui s'annonce très serré, estime l'Observatoire. Très symbolique, une victoire de l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet face à la socialiste Anne Hidalgo, dauphine de Bertrand Delanoë, ne manquerait pas d'avoir une portée nationale et obscurcirait le bon résultat de la gauche dans les grandes villes. Enfin, par définition, cette étude ne peut appréhender les dynamiques électorales qui vont se développer dans les six mois à venir.

Le Front national gagnerait une ou deux villes (Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais et le 7e secteur de Marseille), mais jouerait les arbitres dans beaucoup de triangulaires et raflerait de nombreux sièges de conseillers municipaux, poursuivant sa stratégie de « pénétration » du système politique. « Le FN sera en mesure d'augmenter sa représentation dans certaines grandes villes, de créer de nouveaux groupes d'opposition dans les villes moyennes, petites villes et chefs-lieux de canton et d'entrer aussi dans les communautés de communes. » C'est d'ailleurs dans ces petites villes que la gauche pourrait connaître ses revers les plus massifs. Ce qui pourrait ouvrir un cycle de défaites électorales (dès les européennes de juin 2014, puis aux sénatoriales de l'automne 2014, aux régionales et aux cantonales de 2015, etc.).

Au total, la gauche pourrait perdre tout de même de 75 à 202 villes de plus de 3 500 habitants au profit de la droite. Elle ne pourrait espérer en gagner que de 16 à 43 :

Pourquoi de si grands écarts ? Denys Pouillard distingue trois scénarios plus ou moins favorables pour l'actuel gouvernement. Principale variable : la situation économique début 2014. « Ou François Hollande réussit son pari économique, avec une inflexion de la courbe du chômage à la fin de l'année et la croissance qui repart, ou il n'y arrive pas, explique le politologue. En cas de succès, il apparaît crédible, restaure un peu de confiance, et l'incidence directe sera de faire revenir l'électorat de gauche, qui s'abstient depuis un moment, comme le montre la série de législatives partielles de 2012 et 2013. Dans le cas contraire, la situation est beaucoup plus compliquée pour elle. Voire catastrophique. »

Dans le scénario « optimal » (pour la gauche), François Hollande réussit son pari et ressuscite une « espérance identique à celle de mai 2012 ». Les pertes de la gauche sont limitées à environ 75 villes de plus de 3 500 habitants, et elle en gagne par ailleurs une petite quarantaine. Dans cette configuration, le FN « n'est plus l'élément perturbateur », même s'il « supplée dans certaines zones sensibles » la droite traditionnelle. Mais même dans ce cas idéal pour elle, la gauche perd des délégués sénatoriaux et du coup sa majorité au Sénat. Après une alternance historique en 2011, le Sénat devrait repasser à droite lors du renouvellement partiel de l'automne 2014.



30/09/2013
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