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LE 1 MAI SARKOZYSTE: l'ombre de Pétain avec Mediapart

Sur le 1er Mai, l'ombre de Pétain

| Par Laurent Mauduit

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La nouvelle polémique du jour, celle qui oppose Nicolas Sarkozy à François Hollande au sujet de la fête du 1er Mai, pourrait apparaître comme une simple péripétie de la campagne présidentielle. Une péripétie secondaire, au regard des grands enjeux de l’élection, ceux qui ont trait à l’avenir d’une Europe en crise ou à ceux d’une France rongée par le chômage et la précarité. On aurait tort pourtant de ne pas s’y attarder. Car dans sa folle équipée pour draguer les voix de l’extrême droite et transformer l’UMP en un parti de droite extrême, le président sortant a franchi un pas de plus. Un pas symbolique mais hautement révélateur, puisqu’il en est venu à imaginer une commémoration du 1er Mai qui ressemble fort à celle qu’avait conçue, en d’autres temps… le maréchal Pétain !

Nulle outrance dans ce constat ! Il transparaît des propos mêmes qu’a tenus le chef de l’Etat et de la controverse qu’elle a suscitée. Reconstituons donc d’abord la joute, pour en discerner ensuite les arrière-pensées. Elle commence lundi matin 23 avril, au lendemain du premier tour de la présidentielle. Sortant de son siège de campagne, le champion de l’UMP annonce aux journalistes qu’il a l’intention d’organiser le 1er Mai la fête du « vrai travail ». Sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet,  précise dans la foulée que cela devrait prendre la forme d’un rassemblement à Paris, par exemple au Trocadéro.

 

Lors d'un meeting quelques heures plus tard à Saint-Cyr-sur-Loire, dans la banlieue de Tours, Nicolas Sarkozy s’applique ensuite à expliquer ce qu’est pour lui le « vrai travail ». « C'est celui qui a construit toute sa vie sans rien demander à personne, qui s'est levé très tôt le matin et s'est couché très tard le soir, qui ne demande aucune félicitation, aucune décoration, rien, c'est celui qui a commencé tout en bas, qui s'est hissé le plus haut possible et qui se dit: "je veux que mes enfants puissent vivre mieux que moi et commencer plus haut que moi" », dit-il avant d’ajouter : « Le vrai travail, c'est celui qui se dit: "oh, j'ai pas un gros patrimoine, mais le patrimoine que j'ai, j'y tiens, parce qu'il représente tellement de sueur, tellement de milliers, de milliers d'heures de travail, tellement de peine, tellement de sacrifices, tellement de souffrance, ce patrimoine-là, on ne me le volera pas, j'ai trimé pour ce patrimoine-là mais je n'ai pas l'intention de m'excuser d'avoir construit cette vie". C'est ça, le vrai travail ! (…) C'est celui qui dit : "toute ma vie j'ai travaillé, j'ai payé mes cotisations, j'ai payé mes impôts, je n'ai pas fraudé, et au moment de mourir, je veux laisser tout ce que j'ai construit à mes enfants sans que l'Etat vienne se servir". »

Le ton est donc donné. Ayant le culot de se présenter, de nouveau, en candidat du peuple et des humbles, lui qui a arrosé de cadeaux cinq ans durant ses richissimes supporters du Fouquet’s ; ayant le front de se déguiser en candidat anti-système, lui qui a pour conseiller Alain Minc, le chef de l’Etat use d’une harangue proche de Marine Le Pen. A droite, toute ! De manière allusive, Nicolas Sarkozy suggère donc que s’il défend le « vrai travail », c’est parce que la France est aussi un pays de fainéants ; s’il en appelle aux forces vives, s’il s'adresse directement au peuple, c’est aussi parce que le pays est tiré vers le bas par les syndicats



25/04/2012
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