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LA RECESSION ET L'AUSTERITE EN EUROPE avec Mediapart

La récession s’installe à nouveau en Europe

Amateurs de chiffres en tous genres, les dirigeants européens restent curieusement très discrets sur certains d'entre eux. Croissance, chômage semblent avoir brusquement disparu de leur écran radar. Les données, pourtant, sont plus inquiétantes les unes que les autres. Deux ans après être sortie de la récession, l’Europe y plonge à nouveau. À l’exception de l’Allemagne et de la France – qui a enregistré un minuscule 0,2 % de croissance au quatrième trimestre –, tous les autres pays ont à nouveau plongé dans la récession. À la fin de 2011, la zone euro a enregistré le taux de chômage le plus élevé depuis sa création. De 10,9 % en moyenne, il peut atteindre des pics de 20 % à 25 % selon les pays.

Cette situation, déjà difficile pour l’ensemble de la zone euro, devient catastrophique pour les pays secourus par l’Europe ces dernières années. L’Irlande, présenté comme bon élève du sauvetage européen, a enregistré un recul de 0,2 % du PIB au quatrième trimestre, les exportations, son seul moteur, tombant de 1,1 %. Le gouvernement irlandais demande déjà à renégocier les conditions de remboursement d’une partie de sa dette, estimant qu’il lui est impossible dans la conjoncture actuelle de tenir ses engagements.

Le Portugal est encore en plus mauvais état. L’économie est en chute libre. En octobre, le ministre des finances, Vitor Gaspar, prévoyait une chute de 2,8 % du PIB en 2002 et un chômage à 13,4 %. Dès janvier, celui-ci a dépassé les 14,8 %. Le gouvernement a

taux des emprunts portugais à dix anstaux des emprunts portugais à dix ans© bloomberg

revu ses prévisions et s’attend désormais à une chute de 3,3 % du PIB en 2012. Des économistes annoncent que ce sera pire. Plus personne, en tout cas, ne s’attend à un rétablissement rapide du Portugal. Même s’ils ont un peu baissé, les taux de sa dette sont toujours à plus de 11 %. Un autre plan de sauvetage sera nécessaire, comme pour l’Irlande, parient des banques.

 

De tels résultats étaient prévisibles. Les politiques d’austérité imposées sans discernement à l’ensemble de la zone euro ne peuvent que produire l’effet procyclique dénoncé par nombre d’économistes : l’Europe ajoute de la récession à la récession. Même le FMI prône un assouplissement de cette rigueur, en suggérant que les pays qui en ont les moyens, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, abandonnent la religion du déficit zéro pour soutenir, par les dépenses publiques, une certaine relance. Ses appels, jusqu’alors, sont restés sans suite.

Subjugués par les remèdes miracles de la BCE, les dirigeants européens font le pari que la croissance se restaurera toute seule, par la seule intervention du secteur privé, les banques, gorgées de liquidités, acceptant de reprendre leur mission de financement de l’économie. Jusqu’à présent ce pari ne s’est pas concrétisé. Les banques, surtout italiennes et espagnoles, ont certes accepté de souscrire à nouveau de la dette publique dans leurs pays respectifs. Mais pour le reste, elles ont gardé les généreux prêts accordés par la BCE pour elles, recyclant pour l’essentiel, l’argent prêté sur les marchés.

Le financement de l’économie réelle est toujours dans un état comateux. Selon la BCE, les crédits au secteur privé ont enregistré une progression de 0,7 % sur un an en février contre +1,1 % en janvier. « Les injections généreuses de liquidités de la BCE ont pu éviter le risque d'un effondrement des banques de la zone euro (...) et arrêter la contagion sur le marché de la dette souveraine. Néanmoins, elles ne semblent pas avoir eu les effets désirés sur les prêts à l'économie réelle », constate Christian Schulz, économiste de la banque Berenberg.

 

Le pétrole flambe, l’inflation repart

Le prix de l’essence s’est invité dans la campagne présidentielle, tant la hausse est brutale. Les cours du Brent ont progressé de plus de 15 % en trois mois, pour dépasser les 124 dollars le baril, avec répercussion immédiate sur les consommateurs. Jamais le prix du pétrole n’avait été aussi élevé depuis l'été 2008, juste avant la chute de la banque Lehman Brothers.

Les tensions internationales y sont pour beaucoup : la menace d’un embargo sur l’Iran pèse sur un marché en équilibre précaire. La production peine à suivre l’augmentation de la demande mondiale, portée par les pays émergents. Pour apaiser les tensions sur les cours, l’Arabie Saoudite, premier producteur mondial, s’est engagé la semaine dernière à augmenter de 25 % sa production, si cela était nécessaire. De même, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France sont prêts à puiser dans leurs stocks stratégiques pour éviter la surchauffe. Ces seules annonces auraient suffi en temps normal à calmer les esprits et à faire baisser les cours. Or là, rien de tel.

Car un autre acteur s’est invité dans le jeu pétrolier : le monde financier. Les tombereaux de liquidités déversés par les banques centrales ont toujours le même effet : ils précipitent la course vers les actifs jugés sûrs. En 2010-2011, les politiques de quantitative easing de la Réserve fédérale avaient provoqué une flambée des cours sur le pétrole et les matières premières. En 2012, les prêts de la BCE ont les mêmes conséquences. Les banques comme les investisseurs se ruent vers le pétrole, estimé comme un placement sûr  face à l’inflation



30/03/2012
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