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LA CENSURE DANS LE MONDE ET EN FRANCE

Présentation

L'Observatoire de la censure

Créé en 2004 par Orphéon - Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti, l'Observatoire de la censure réunit des artistes, écrivains, éditeurs, programmateurs, bibliothécaires, journalistes... C'est un lieu de réflexion et d'information sur la censure, l'autocensure et la liberté d'expression. Il décerne chaque année le Prix Tartuffe à un écrivain ou artiste victime de la censure, ou à un livre qui défend la liberté d’expression.
 

 

R. Arditti - Sarkophonie

 

Le spectacle de Rafaële Arditti, "Sarkophonie, dissection dyslexique du discours réactionnaire", n'est jamais passé et, probablement, ne passera jamais sur une scène du réseau institutionnel subventionné (scène nationale, conventionnée ou autre). Créé en 2008, c'est l'un de ces spectacles n'ayant aucune reconnaissance officielle. Pourtant, un critique a écrit un article élogieux sur cette "clownesse magnifique", ravi de la voir "s'emparer d'un vrai discours prononcé par le blablateur en chef, en l'occurrence celui du Havre, le 29 mai 2007, et le défoncer à coups de langue et de dents, lui faire subir les derniers outrages d'une dyslexie galopante, le réduire en bouillie, le recracher tout tordu et rétrignolé, bref, le passer au karcher.(...) Et voilà qu'apparait la vraie nature de ce discours faussement moderne et vraiment réac, voilà mis à nu l'inanité des slogans, l'hystérie du personnage, le grotesque de cette logorrhée sous laquelle il cherche à nous noyer." (Jean-Louis Porquet, Le Canard enchaîné, 22-07-2009).
Écartée des circuits officiels, l'artiste persévérante poursuit son parcours, jouant son solo dans des librairies, des bars, ou une cour d'école comme ce fut le cas l'été dernier au festival off d'Aurillac: " souvent j'ai remarqué que des programmateurs venaient me parler après le spectacle, me féliciter, me dire qu'ils souhaitaient me programmer… et puis on passe les commissions mais bizarrement, ça bloque à la dernière. Beaucoup s'autocensurent." (Rue 89, 15-03-2011)
Ce n'est pas le cas de l'association grenobloise Festiv'Arts. Celle-ci avait décidé de la programmer, avec d'autres artistes (graffeurs, slameurs, conteurs), dans la rue, dans la zone piétonne du centre-ville, le 16 mars 2011, lors de la Semaine de la langue française (13-20 mars).
Sollicitée en décembre, la Direction Régionale des affaires culturelles de la région Rhône-Alpes (DRAC) avait donné son accord de principe en janvier au vu des grandes lignes du projet intitulé Jouer sur les mots. Une subvention de 3.000 euros était envisagée. Mais il y a peu, après avoir pris connaissance du programme définitif, un courriel remettait tout en question: «En ce qui concerne la programmation, je vois surgir un objet non-identifié qui m'a l'air d'être une charge contre le président de la République. Je n'ai rien contre un point de vue citoyen, mais on ne peut pas demander au ministère de la Culture de subventionner n'importe quoi…» écrivait un vigilant agent de la DRAC.
Dans un communiqué, l'association Festiv'Arts annonçait alors  son retrait de la Semaine de la langue française et de la francophonie, désolée "de constater qu’une initiative culturelle citoyenne, visant à sortir langue et littérature de leur carcan traditionnel pour les confronter à l’espace public ne puisse pas y  trouver sa place". Elle dénonce "un système où les structures reconnues (« légitimes ») sont les seules financées". (11-03-2011) link
La Semaine de la langue française mettait en valeur cette année la langue comme ce "lien qui noue les hommes dans la cité", "fondateur du  sentiment d'appartenance à une communauté" et aussi "invitation à s'ouvrir à un autrui ou à un ailleurs. "
Comme le spectacle Sarkophonie ne passera certainement pas à la télévision, il est possible d'en voir des extraits sur internet, ici. link
Il est également possible de lire le texte, édité en 2010 par les éditions Bérénice et diffusé par Arcadia.

* * *

Quelques jours auparavant, Laurent Ruquier, animateur sur France 2 de l'émission pré-enregistrée "On n’demande qu’à en rire", censurait un sketch du tandem muet Les Jumoristes: on pouvait y voir Patrick Tranchida caricaturer Carla Bruni, habillé en Marianne avec écharpe tricolore, et son complice Pascal Carbon mimer le  président sous les traits d'un bébé en couche-culotte, elle-aussi bleu, blanc, rouge. Le public avait ri, pas Laurent Ruquier.  
Craignant d'être complice d'un délit d'offense au Chef de l'Etat (qui a remplacé l'ancien "crime de lèse-majesté"), l'animateur a prudemment demandé aux deux comiques varois de revoir leur copie trop audacieuse et d'enregistrer une autre variante édulcorée. Ce qu'ils ont fait. C'est cette seconde version qui a été diffusée. (Var Matin, 07-03-2011)
Interrogé par Le Parisien, Laurent Ruquier n'a pas démenti cette censure et s'en est expliqué. "Ce sketch était d’une vulgarité rare. C’était tout simplement une question de bon goût. Ce n’était pas drôle."  Pour Pascal Carbon, il n'y a pas de doute: le sketch a été supprimé par crainte de la réaction de Nicolas Sarkozy. "Ruquier m'a expliqué que Nicolas Sarkozy avait beaucoup de complexes avec sa taille et qu'il allait très mal le prendre" raconte  l'humoriste. (PureMedias, 07-03-2011)


Vendredi 18 mars 2011 5 18 /03 /Mars /2011 07:24

 

RSF - carte mondiale cyber-censure

 

Lors de la 4ème Journée mondiale contre la cyber-censure, Reporters sans Frontières a rendu public son rapport annuel sur la situation de la liberté d'expression sur internet dans le monde (12 -03- 2011).
Tandis que dix pays (Arabie Saoudite, Birmanie, Chine, Corée du Nord, Cuba, Iran, Ouzbekistan, Syrie, Turkmenistan, Viêt-nam) sont pointés en noir comme les "ennemis" incontestés d'un internet libre et accessible à tous, la France rétrograde: elle entre pour la première fois dans une liste rouge de 15 pays  - comme l'Australie, la Russie, la Thaïlande, la Libye, la Turquie, le Vénézuela... - "mis sous surveillance".
Pour justifier sa décision, RSF rappelle une suite de faits préoccupants survenus en France, en 2010-2011.
Concernant la protection des sources, RSF note que des  journalistes enquêtant sur l’affaire Woerth/Bettencourt ont été cambriolés, que leurs ordinateurs  ou  leurs disques durs contenant notamment des informations sur l’héritière de L’Oréal ont été volés; l'ONG mentionne la déclaration du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qualifiant les méthodes du site Mediapart de “fascistes".
Dans l'affaire WikiLeaks, RSF n'oublie pas que le gouvernement français a dénoncé une “atteinte à la souveraineté des Etats”, qu'Éric Besson avait demandé que le site - dont les informations étaient reprises et publiées par le quotidien Le Monde - ne soit plus hébergé en France. Le ministre avait notamment déclaré: “La France ne peut héberger des sites Internet qui violent ainsi le secret des relations diplomatiques et mettent en danger des personnes protégées par le secret diplomatique; (...) On ne peut héberger des sites internet qualifiés de criminels et rejetés par d’autres Etats en raison d’atteintes qu’ils portent à leurs droits fondamentaux”.  
Concernant Hadopi, RSF réaffirme que "l’accès à Internet est un droit fondamental et estime que le recours à la suspension de la connexion constitue une violation de la liberté d’accès à l’information." L'organisation pointe certaines dispositions inquiétantes (l’internaute  sera présumé coupable et devra prouver son innocence, inversant la charge de la preuve, il n’aura pas de recours possible contre les sanctions ...)  et dénonce l'amendement voté qui rend désormais possible le financement d’entreprises privées pour des actions de surveillance et de filtrage.
Concernant  Loppsi 2, elle pointe particulièrement trois décisions: l’article 4 qui, sous couvert de lutte contre la pédopornographie,  institutionnalise un filtrage administratif du Web, sans décision de justice, et risque d'être étendu à d’autres domaines; l’article 2 punissant le délit “d’usurpation d’identité”  qui risque de criminaliser l’utilisation de pseudonymes sur Internet ou la création de profils satiriques de personnes connues; l’article 23 qui, en autorisant les enquêteurs à placer des mouchards sur les ordinateurs suspectés, permet l’organisation de cyber-perquisitions.
Inquiète pour le maintien du principe de neutralité du Net, menacé d'abandon,  RSF observe que "le gouvernement français semble privilégier une approche avant tout sécuritaire et liée à la protection des droits d’auteur, et au détriment de la liberté d’expression et de l’accès à l’information."
Si la France recule et entre dans le rouge, la Tunisie sort du noir: le prix du Net-citoyen a été décerné à Nawaat, le site tunisien symbole de la résistance au régime de Ben Ali.  Voir ici  link et là  link.

 

Stop à la cyber-censure

Dimanche 13 mars 2011 7 13 /03 /Mars /2011 16:11

 

Sonallah Ibrahim - Cette odeur-là

 

Né en 1937 au Caire, Sonallah Ibrahim est arrêté avec des centaines d'autres militants de la gauche égyptienne en 1959. Après cinq ans d'internement dans un camp en Haute-Égypte, il est libéré en 1964. Cette odeur-là, court récit autobiogaphique publié en 1966, tente de rendre compte de son retour difficile à la vie "normale", alors que soumis au contrôle judiciaire, il est contraint d'être chez lui du coucher au lever du soleil. C'est un témoignage toujours actuel sur les commissariats égyptiens et la sexualité en pays arabe.
Dans un texte proposé en annexe, Sonallah Ibrahim raconte l'histoire  mouvementée de la publication du livre.
"J'avais remis le manuscrit à une petite imprimerie du quartier de Daher. C'était un des rares moments dans l'histoire moderne de l'Égypte où la loi martiale avait été levée: l'autorisation préalable de la censure n'était pas  nécessaire pour faire imprimer un livre. Officiellement, du moins, car en réalité le censeur était toujours là; simplement  on avait ôté l'écriteau à la porte de son bureau, et il interdisait les livres, non plus avant, mais après l'impression. C'est ce qu'il advint du mien: à peine était-il sorti des presses qu'il fut interdit.(...) En 1969, alors que je me trouvais à l'étranger, mon éditeur qui avait entre-temps changé de nom, publia une seconde édition du roman, après en avoir expurgé,  sans mon autorisation, tout ce qui risquait à ses  yeux de provoquer l'ire du censeur. Je ne serais pas  étonné  qu'il ait fait pour cela appel à un genre de compétence bien particulier, produit typique de l'époque: le "censeur privé", qui vendait son expertise aux auteurs et aux éditeurs."
Il faudra attendre 1986 pour que le livre soit publié, en arabe intégralement, par Dâr Qortoba (Casablanca) et Dar Shohdi (Le Caire). Publié en français chez Actes Sud en 1992, Cette odeur-là, vient d'être réédité (février 2011) en collection de poche chez Babel.


Dimanche 13 mars 2011 7 13 /03 /Mars /2011 16:04

Miss Tic - Timbres 1

 

Après les galeries d'art, les musées, le "street art"  fait son entrée dans  le monde de la philatélie. Pour fêter la Journée de la Femme, La Poste a commandé à "l'artiste urbaine"  Miss.Tic un carnet de douze timbres autocollants destinés à affranchir les "lettres prioritaires" jusqu'à 20 grammes pour la France.

Émis le 8 mars,  les timbres reproduisent des pochoirs  – humoristiques, militants, poétiques… – de la plasticienne qui avait fait ses débuts sur les murs de Paris, sans autorisation...Voir ici: link - et là: link

Miss Tic - Timbres 2

Dimanche 13 mars 2011 7 13 /03 /Mars /2011 15:55

En début d'année, l'annulation au dernier moment par la direction de l'École Normale Supérieure d'une conférence de Stéphane Hessel sur Gaza avait déclenché une polémique (voir Observatoire de la censure, 19 janvier 2011). Celle-ci vient de connaître un nouvel épisode.
Samedi 26 février, le tribunal administratif de Paris condamnait la direction de l'École Normale Supérieure (ENS)  pour "atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion, qui constitue une liberté fondamentale".  Monique Canto-Sperber, directrice de l'ENS, avait refusé au Collectif Palestine de l'ENS la réservation d'une salle pour organiser un nouveau débat, les 8-9-10 mars, dans le cadre de la "semaine contre l'apartheid israélien". Selon ses membres, ce débat avait pour objectif de "réfléchir à la pertinence de la qualification juridique d'apartheid pour décrire la situation israélo-palestinienne". Le collectif souhaitait programmer trois événements : une projection du documentaire Le Mur de Simone Bitton, une réunion entre étudiants israéliens et palestiniens et une conférence-débat avec Omar Barghouti, initiateur en Cisjordanie de la campagne de boycott des produits israéliens ("Boycott, désinvestissement, sanctions", aussi appelée BDS).
Considérant que "l'ENS n'a pas pour vocation d'abriter des meetings de partis politiques ou des réunions organisées par des groupes militants, nationaux ou internationaux, dans lesquels s'exprimerait un point de vue univoque", la direction de l'ENS maintenait sa position et faisait appel devant le Conseil d'État (Le Monde, 1-3-2011).
Celui-ci a tranché (7-3-2011) en faveur de la direction de l'ENS. Pour motiver sa décision, le Conseil d'État a notamment mis en avant un article du Code de l'éducation, selon lequel "le service public de l’enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l’objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions …". Un autre article stipule que "la liberté d'expression des usagers de ce service public doit s'exercer dans des conditions qui ne portent pas atteinte  aux activités d'enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l'ordre public". Pour le juge des référés du Conseil d’Etat, "la décision de la direction de l’ENS était motivée par le souhait d’éviter que l’établissement soit associé, dans l’opinion publique, à une campagne politique internationale en faveur du boycott des échanges, notamment scientifiques, avec un État, ainsi que par les risques de troubles à l’ordre public et de contre-manifestations." Il relève également que  "les réunions projetées pouvaient se tenir dans tout autre lieu que l’ENS". link

Mercredi 9 mars 2011 3 09 /03 /Mars /2011 22:57

Le 30 avril 2010, l'AFP annonce que 28 députés UMP - parmi eux Bernard Debré,  Marc Le Fur (vice-président de l'Assemblée), Christian Vanneste,  Jean Tiberi (ancien maire de Paris)... -  viennent de créer, à l'initiative de Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes, un "Collectif des parlementaires pour la liberté d'expression"
Ce Collectif pour la liberté d'expression note que "la répétition des polémiques avec des enseignants, des journalistes, des magistrats, des élus, voire même des préfets, qui sont empêchés de parler, menacés, traduits devant des tribunaux, pose problème dans une démocratie qui, par ailleurs, se veut exemplaire en matière de droits de l’Homme."
Il rappelle  qu' "il appartient aux députés" de garantir la liberté d'expression inscrite à l'article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. "Or il semble que de plus en plus, de manière directe ou indirecte, la censure s’exerce au-delà de ce que pourrait prescrire la loi". Lionnel Luca déclare à l'AFP que le collectif entend notamment dénoncer "le pouvoir des juges et des associations", citant par exemple le "procès d'intention"  fait au journaliste du Figaro, Eric Zemmour: celui-ci est poursuivi en justice par  SOS Racisme, la Licra, le MRAP, l'UEJF et J'accuse, pour avoir déclaré le 6 mars 2010 sur Canal + que les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres "parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes", puis, sur France Ô, que les employeurs "ont le droit" de refuser des postulants arabes ou noirs.

4 juin 2010, Brice  Hortefeux est condamné pour "injure raciale" à une amende de 750 euros et à verser 2.000 euros de dommages et intérêts au MRAP, partie civile. En septembre 2009, lors de l’université d’été de l’UMP à Seignosse (Landes),  le ministre de l'intérieur,  présenté à un jeune militant né de père algérien qui "mangeait du cochon et buvait de la bière", avait déclaré : "Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes."

13 janvier 2011, à quelques jours du procès d'Éric Zemmour,  les 28 membres du Collectif  pour la liberté d'expression  estiment que, sous couvert de lutte contre le racisme, "on prétend faire taire un journaliste qui exprime une opinion, qu'elle soit vraie ou non, parce qu'elle dérange". Pour les signataires, ce procès "en dit long sur la dérive qui conduit à bâillonner la liberté d'expression par les tyranneaux de la pensée unique de l'antiracisme".

18 février 2011, Eric Zemmour est condamné pour "provocation à la discrimination raciale". Ses propos, affirmant "le droit" des employeurs à refuser des candidats noirs ou arabes à des emplois, lui valent une amende de 2.000 euros avec sursis.
Aussitôt le secrétaire d'Etat aux transports, Thierry Mariani, exprime sa "consternation". "J'observe que les professionnels de l'antiracisme préfèrent se constituer partie civile, plutôt que d'assumer un débat public à la loyale sur les sujets qui préoccupent nos concitoyens, qu'il s'agisse de la délinquance, du fondamentalisme islamiste, des prières de rue, ou de la gangstérisation de certains quartiers sensibles", déclare le secrétaire d'Etat.
Dans un communiqué signé par, non plus  28 mais par 58 députés UMP du Collectif pour la Liberté d’expression (il y a 314 députés UMP), Lionnel Luca, déclare: "La condamnation (avec sursis !) d’Éric Zemmour illustre la dérive judiciaire contre la liberté d’expression dans notre pays qui interdit à un journaliste de parler (...) Dans le même temps, certains rappeurs qui insultent la France et les Français et appellent au meurtre des forces de l’ordre ne sont pas condamnés au nom de la création culturelle. Cherchez l’erreur. Cette dérive judicaire qui précède la dérive totalitaire impose désormais la révision des lois qui la permettent".
Les  58 députés signataires du communiqué sont :  Elie Aboud, Yves Albarello, Brigitte Bareges, Patrick Beaudouin, Gabriel Binancheri, Claude Bodin, Jean-Claude Bouchet, Loïc Bouvard, Valérie Boyer, Françoise Branget, Patrice Calmejane, Bernard Carayon, Bernard Debré, Jean-Pierre Decool, Nicolas Dhuicq, Eric Diard, Michel Diefenbacher, Jacques Domergue, Paul Durieu, Jean-Michel Ferrand, Marie-Louise Fort, Sauveur Gandolfi Scheit, Jean-Paul Garraud, Jean-Pierre Georges, Franck Gilard, Georges Ginesta, Arlette Grosskost, Christophe Guilloteau, Françoise Hostalier, Jacqueline Irles, Maryse Joissains-Masini, Patrick Labaune, Jean Marc Lefranc, Marc Le Fur, Lionnel Luca,  Daniel Mach, Richard Mallie, Christine Marin Philippe Meunier, Jean-Claude Mignon, Pierre Morel  À L’Huissier, Georges Mothron, Alain Moyne Bressand, Jacques Myard, Jean-Marc Nesme, Eric Raoult, Jean Roatta, Jean-Marc Roubaud, Jean-Pierre Schosteck, Daniel Spagnou, Michel Terrot, Dominique Tian, Jean Tibéri, Christian Vanneste, François Vannson, Patrice Verchère, Philippe Vitel, Michel Voisin.

2 mars 2011,  Éric Zemmour  est invité par Hervé Novelli à l'Assemblée nationale, pour un débat intitulé "Normes, complexité et libertés individuelles: de l'air!". Désireux d'effacer "quarante ans de miasmes égalitaristes et communautaristes",  de mettre fin à "des législations liberticides" et  à "une pénalisation croissante des opinions", il  demande à l'UMP de légiférer pour abroger les lois dites "mémorielles" (Gayssot, Taubira…), ainsi que l'ensemble des lois réprimant l'incitation à la haine raciale et à la discrimination.  Il demande aussi que les associations en lutte contre le racisme soient privées du droit d’ester en justice ainsi que de bénéficier de subventions de l’État. (Le Monde, Rue89, Libération) link

Est-ce ce que souhaite aussi le Collectif des parlementaires pour la liberté d'expression ?

Mercredi 9 mars 2011 3 09 /03 /Mars /2011 22:30

Tunisie - Livres interdits

 

Suite à l'annonce de la fin de la censure en Tunisie (Voir Observatoire de la censure, 21 janvier 2010), Chloé Leprince publie dans Rue 89 (17-02-2011) une liste de livres francophones "interdits de fait"  par le régime de Ben Ali, liste qui lui a été communiquée par Faouzi Daldoul, responsable de la librairie Clairefontaine à Tunis.
Dans cet inventaire hétéroclite et non-exhaustif, on trouve aussi bien des livres comme Al-Qaida dans le texte de Gilles Kepel (PUF),  Le rapport de la CIA d'Alexandre Adler (Pocket), Penseur libre en Islam de Mohammed Talbi (Albin Michel) que le Guide bleu de la Tunisie (Hachette) ou La République, les religions, l'espérance  de Nicolas Sarkosy (Cerf).
Dans son article, elle note que le livre demeure un objet de consommation de luxe: vendu au même prix qu'en France, à raison d'au moins quinze euros la nouveauté, il est "l'apanage d'une élite"  qui lit le français.
Elle rappelle un rapport de l'ONU, datant de 2003, qui établissait que les habitants des pays arabes n'avaient pas davantage accès aux traductions de livres en langue étrangère que les Chinois, que le nombre total d'ouvrages traduits en arabe ne dépassait pas un cinquième du nombre de livres étrangers traduits en grec. 
Symptomatiquement, La Régente de Carthage de Nicolas Beau et Catherine Graciet (La Découverte) n'est toujours pas disponible en arabe. Pour voir l'article sur Rue 89 et télécharger la liste des livres interdits:  link

A.Sfeir

Le 18 février 2011, dans Le Monde, Florence Beaugé  revient sur "l'atmosphère de tranquille connivence" imprégnant depuis des années  les élites franco-tunisiennes. "À droite comme à gauche, beaucoup doivent redouter l'ouverture, ces jours-ci, des archives de l'Agence tunisienne de communication extérieure, pivot central du réseau de propagande mis en place par Ben Ali, à l'intérieur comme à l'extérieur de la Tunisie", déclare-t-elle. Par l'intermédiaire de l'agence de communication française Image 7, l'ATCE organisait des colloques à Sidi Bou Saïd, Hammamet, Monastir où les intervenants étrangers étaient invités tous frais payés.
L'ATCE  distribuait  aussi  aux journaux la publicité des entreprises publiques tunisiennes, en fonction de leur allégeance au régime. Dans son article, Forence Beaugé présente  certains chantres de la "désinformation" qui vantaient les charmes du pays du jasmin. Elle cite Antoine Sfeir, journaliste à La Croix, au Figaro, qui pendant des années a loué "l'exception tunisienne". Celui-ci reconnaît aujourd'hui s'être "lourdement trompé". Pendant des années, ses livres ou les numéros spéciaux des Cahiers de l'Orient - revue qu'il dirige - "ont été achetés massivement par l'ATCE".
Le cas de l'hebdomadaire Jeune Afrique est plus complexe que celui de Tunisie Plus, le magazine trimestriel distribué gratuitement par Le Figaro à ses abonnés. Suite aux critiques dénonçant  "les innombrables publi-reportages" ou aux reproches l'accusant de n'avoir pas dit toute la vérité, Jeune Afrique reconnaît  avoir "diffusé des pages de publicité commerciale dont le pourvoyeur unique et obligé était l’Agence tunisienne de communication extérieure".  La rédaction rappelle aussi que le pouvoir alternait la carotte et le bâton de la censure. Sous le coup de  l’autorisation administrative préalable à la mise en vente, indique-t-elle, "seules dix livraisons sur quarante-neuf ont ainsi pu être diffusées dans des délais normaux en 2010" . link

 

Charlie Hebdo - Office national du Tourisme tunisien

 

Dans son numéro du 23 février 2011, Charlie Hebdo va plus loin dans l'enquête et titre "La presse française achetée par Ben Ali". À l'appui, de cette assertion, Laurent Léger publie la copie d'un contrat entre l'Office nationale du tourisme tunisien et l'agence française TBWA (ci-dessus). Dotée d'un budget de 790.000 euros, l'agence de publicité aurait acheté en 2010 des pages vantant "la douceur de vivre en Tunisie" dans L'Express, Le Nouvel Obs, L'Équipe, Le Figaro, Paris Match, Télérama, Elle. Selon les hebdomadaires, les sommes consacrées varient de 55.000 à 88.000 euros .

 

Fausse bibliothèque de Ben Ali

 

Dimanche 20 février, la télévision tunisienne diffusait  les images d'un reportage réalisé dans une demeure de Ben Ali "Baba" à Sidi Bou Saïd. Derrière les rangées de faux livres d'une bibliothèque était dissimulée une armoire/coffre-fort contenant des liasses de billets et de la joaillerie. Selon la Commission d'investigation sur la corruption et la malversation, la somme d'argent liquide découverte  s'élèverait à 21 millions d'euros. L'estimation des bijoux sera plus longue a-t-elle précisé, car "il y en a pour des fortunes..." (Nouvel Obs, 21-02-2011)

Vendredi 25 février 2011 5 25 /02 /Fév /2011 14:53

La diplomatie française est confrontée à une nouvelle crise, la troisième depuis le début de l'année. Après l'ultimatum lancé en vain à Laurent Gbagbo, ex-président de la Côte d'Ivoire, sommé de quitter le pouvoir sous huitaine et qui s'y cramponne toujours, après la chute des "amis-dictateurs" de Tunisie et d'Égypte qui la contraint à refonder son projet d'Union de la Méditerranée, elle  doit faire face à une tension dans ses relations avec le Mexique.

 

J.G. Posada - Calavera zapatista

José Guadalupe  Posada (1852-1913), Calavera zapatista

 

Pourtant tout semblait aller bien entre la France et le pays de Frida Kahlo, de Diego Rivera, du sous-commandant Marcos et de la tequila. Le 3 février 2011, était lancée au Musée d'Orsay L'Année du Mexique. Trois cents manifestations étaient prévues, dont deux cents culturelles, à Montreuil, Lyon, Nantes, Aix,  Arles, Rennes, Toulouse,  et bien sûr Paris (Sous le volcan - L’art au Mexique de l’indépendance aux révolutions 1810-1920, les mégapoles mexicaines, rétrospective Rufino Tamayo...) link.
Mais le président français, n'ayant pu obtenir la libération de Florence Cassez - une jeune Française condamnée par la justice mexicaine à 60 ans d'incarcération  - décidait de lui dédier les festivités franco-mexicaines (AFP, 14-02-2011). "Paradoxe du même Sarkosy qui accuse les juges français d'être laxistes et reproche à leurs homologues mexicains de ne pas l'être assez"  note Le Canard enchaîné. (16 février 2011)
Aussitôt le Mexique répliquait, par l'intermédiaire de son ministère des Affaires étrangères: "À la lumière des déclarations du président Sarkozy, le gouvernement du Mexique considère que n'existent pas les conditions pour que l'année du Mexique en France soit menée à bien de manière appropriée et que soit mis en oeuvre l'objectif pour lequel elle avait été conçue (...) Il est vraiment surprenant qu'un chef d'État prenne une décision de politique extérieure affectant les liens entre deux peuples et deux gouvernements en consultant une personne condamnée par la justice mexicaine pour des délits de nature particulièrement grave. Nous avions été invités à un événement culturel et cela devient un hommage à une ravisseuse." De son côté, l'écrivain mexicain Carlos Fuentes comparait la conduite du président français à celui d'un "dictateur d'une république bananière". (L'Express, 16-02-2011)

 

Traveling Mexico 2011

 

Avant même la décision de Nicolas Sarkozy, la première secrétaire du PS et maire de Lille, Martine Aubry, avait appelé les collectivités locales dirigées par des socialistes à boycotter les manifestations de l’année du Mexique en France. Dans sa ville, elle  décidait d’annuler l'exposition "Drôles d'estampes, Calaveras et cætera" (10 février/3 avril)..., puis se ravisait et décidait de "la rouvrir à partir de jeudi 17, sans le label, avec un autre visuel et sans faire état du Mexique."
À Toulouse, municipalité et organisateurs décidaient de renoncer à faire du Mexique la vedette de leur grand festival annuel de musique du monde, Rio Loco. Il n'existe "aucune garantie" que les 133 artistes mexicains initialement attendus pour ce festival prévu du 15 au 19 juin puissent effectuer le déplacement, a déclaré le directeur du festival, qui travaille à une nouvelle programmation.
À Rennes, le festival Travelling aura bien lieu: 55 longs métrages seront projetés du 22 février au 1er mars. Quarante films, dont 8 jamais sous-titrés, sont arrivés de Mexico. Quant à la délégation et aux  invités mexicains...
À Saint-Romain-en-Gal, une importante exposition consacrée à l'art pré-hispanique qui devait ouvrir le 18 février est annulée par les autorités mexicaines. La directrice du musée parle de gâchis: deux millions d’euros ont en effet été nécessaires à la présentation de ces 200 pièces, jamais exposées en Europe.
À Paris, le directeur de la Pinacothèque annonce le 23 février l’annulation de l’exposition "Les masques de jade Maya" dont l’ouverture était prévue le 1er mars. Le Mexique a annulé ses prêts à l’exposition en raison de la "dégradation des relations avec la France ces derniers jours".

Le ministre français de la culture parlait de culture prise "en otage" (AFP, 15-02-2011). Rue 89 parle de "culture prise en étau."

Vendredi 25 février 2011 5 25 /02 /Fév /2011 11:45

Gordon Zola - Le Léopard Démasqué

Le 11 février 2011, la 2ème Chambre de la Cour d'Appel de Paris a condamné Moulinsart S.A. - qui gère les droits de la succession Hergé - à 10.000 euros de dommages et intérêts et 12.000 euros sur le fondement de l'article 700, à titre de remboursement des frais engagés par l'éditeur Arconsil.
La Chambre a conclu qu'aucune confusion n'est possible entre les romans policiers de Gordon Zola qui se déroulent  "à notre époque" et l'oeuvre de bande dessinée d'Hergé. Elle souligne que "le dessein parodique se révèle par le recours à de nombreux calembours, l’exagération des traits de caractère et un style écrit qui privilégie les bons mots et les jeux de mots ", mais également que "les romans incriminés tout en se nourrissant de l’oeuvre d’Hergé, savent s’en distancier suffisamment pour éviter tout risque de confusion, ne serait-ce que par la forme romanesque adoptée et les intrigues originales qu’ils décrivent". Les aventures de Saint-Tin et de son ami Lou (un perroquet) bénéficient pleinement de l'exception de parodie qui procède de la liberté d'expression. Elles ne sont en aucune manière une suite non-autorisée de l'oeuvre de Hergé ni une contrefaçon ni du parasitisme. (Actualitté, 22-02-2011)
Fin d'une feuilleton qui avait commencé en janvier 2009 par la saisie des cinq premiers volumes des aventures de Saint-Tin, à la demande de Moulinsart S.A.  pour qui les ouvrages relevaient de la contrefaçon. (Voir Observatoire de la censure, 18 mars 2010, Moulinsart S.A. contre Gordon Zola)
Déjà, Le 9 juillet 2009, les juges du tribunal de grande instance d’Evry n’avaient pas retenu la contrefaçon, et justifié la légalité de la parodie; mais ils avaient condamné Arconsil, qui abrite les éditions du Léopard Masqué, pour parasitisme, lui infligeant des dommages-intérêts à hauteur de 72.000 euros.
Une affaire qui finit bien donc et que tous le amateurs de parodie pourront arroser en ouvrant le dernier opus paru, Le "13 heures" réclame le rouge (mise en bouteille au moulin).

 

L. Walker - Aux Malheurs des Dames

 

Dans une toute autre affaire, les dirigeants de la société Village d'Orcel, propriétaires du Marché Saint-Pierre à Paris,  avaient demandé  l'interdiction du roman policier de Lalie Walker, Aux malheurs des dames, paru en 2009. Ils demandaient aussi deux millions d'euros de dommages et intérêts à l'auteur et à Parigramme, son éditeur: ils ont été condamnés le 19 novembre 2010 à 3.000 euros pour "procédure abusive".
Le tribunal a jugé que le roman qui a pour cadre le Marché Saint-Pierre "n'avait ni pour objet, ni pour effet, aux yeux d'un lecteur de bonne foi, d'entacher directement ou indirectement la réputation de la société Village d'Orsel". Il a doublement confirmé ains qu'il n'y avait pas d'atteinte à la renommée de la marque et qu'on peut s'inspirer de lieux réels pour écrire une oeuvre de fiction, même un roman noir où se déroulent des crimes. (L'Express, Actualitté, 19-11-2010)

Vendredi 25 février 2011 5 25 /02 /Fév /2011 11:25

Courbet - Orlan

Gustave  Courbet - L'Origine du Monde                                  Orlan - L'Origine de la Guerre

 

Un Danois a été temporairement exclu de Facebook pour avoir mis sur son profil le tableau "L'Origine du monde" de Gustave Courbet (1866, Musée d'Orsay). Facebook a désactivé rapidement son profil, expliquant que ses règles interdisaient entre autres la nudité, car le réseau doit demeurer "un milieu virtuel sûr à visiter, y compris pour les nombreux enfants qui l'utilisent". L'homme a dû, dans un message adressé à Facebook, regretter son geste fait "par mégarde" car "ignorant ces règles". Son profil a été réactivé, mais sans la photo (AFP, 16-02-2011). Un autre internaute qui avait mis la même image sur son profil, relate la même expérience (Rue 89, 20-02-2011): 24h heures plus tard, la punition tombait, son compte était désactivé.
Pour continuer à tester le puritanisme des robots, pourquoi ne pas mettre en ligne dès maintenant, sur Facebook "L'origine de la guerre" d'Orlan? link
Pendant ce temps en Égypte, selon le journal Al-Ahram, un jeune père aurait choisi de nommer sa première fille "Facebook" en hommage au rôle que le réseau social a joué dans l'organisation des manifestations place Tahrir, au début de la révolution.

Vendredi 25 février 2011 5 25 /02 /Fév /2011 10:47
 


18/03/2011
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