laulaublog

L'IDYLLE ENTRE LES LE PEN ET BACHAR AL-ASSAD : activisme et business

Activisme et business: l'engagement pro-Assad des proches de Marine Le Pen

|  Par Marine Turchi

Farouchement opposée à une intervention militaire en Syrie, Marine Le Pen s'est toujours refusée à condamner le régime de Bachar al-Assad. Ce positionnement s'inscrit dans la continuité de celui de son père, mais s'explique aussi par un autre élément : dans son parti comme dans son entourage, ils sont plusieurs à soutenir publiquement Bachar al-Assad. Certains travaillent même avec le régime.

Partage

Une « décision très lourde de conséquences dramatiques », qui causera « un terrible engrenage » et « une escalade dans la violence ». Dans le débat sur une possible intervention militaire de la France en Syrie, Marine Le Pen s'est violemment insurgée contre un soutien français aux rebelles, en agitant un argument : le risque islamiste (« Les rebelles syriens marchent main dans la main avec al-Qaida », répète-t-elle). 

Ce positionnement s'inscrit dans la continuité de celui de Jean-Marie Le Pen, qui a défendu quasi systématiquement les dictatures arabes depuis le début des années 1990 : Saddam Hussein en Irak, Bachar al-Assad en Syrie, les partisans de Kadhafi en Libye. Mais la ligne de Marine Le Pen s'explique aussi par un autre élément, passé sous silence : dans son parti comme dans son entourage, ils sont plusieurs à soutenir publiquement Bachar al-Assad. Certains travaillent même avec le régime.

Jean-Marie Le Pen reçu par Saddam Hussein à Bagdad le 9 novembre 1990.Jean-Marie Le Pen reçu par Saddam Hussein à Bagdad le 9 novembre 1990.© Capture d'écran INA.

Dès le début de la répression en Syrie, le Front national avait implicitement défendu Bachar al-Assad. En octobre 2011, Jean-Marie Le Pen estime que « le gouvernement syrien était légitimé dans sa lutte contre les bandes armées qui voulaient s'emparer du pouvoir » et dénonce « la technique mensongère de la propagande des médias français » qui « veulent de toute évidence le renversement de Bachar al-Assad et la subversion de la Syrie »

En août 2012, Louis Aliot, le numéro deux du parti, invoque lui une « parité dans les massacres » en Syrie, renvoyant dos à dos le régime et les rebelles. En mars dernier, c'est au tour de la députée Marion Maréchal-Le Pen de vanter les « deux mérites » du régime de Bachar al-Assad, en reprenant les arguments diffusés par les pro-Assad : le régime « préserver(ait) relativement les droits des femmes » et ferait « cohabiter pacifiquement des minorités qui demain vont se faire massacrer ».

Sur le sujet, Marine Le Pen s'en est longtemps sortie avec des pirouettes, pour éviter d'avoir à condamner le régime syrien (exemple sur France 2 en février 2012). Ainsi, en avril 2011, elle préfère fustiger « l'ingérence » de la diplomatie française : « Pourquoi la Libye et pas la Syrie, pourquoi ne pas être intervenus à Bahreïn ? J'en conclus qu'il y a les gentils dictateurs et les méchants dictateurs. »

Fin août, elle s'est engouffrée dans l'opposition à une intervention militaire française en Syrie. Le 29 août, elle diffuse sur Twitter un logo “Non à la guerre en Syrie” et invite ses militants à l'afficher :


Le 5 septembre, elle enregistre une vidéo expliquant
« pourquoi il faut dire non à la guerre en Syrie ». Elle y dénonce une « diplomatie de l'émotion » et de « l'asservissement » qui consiste à « taper coûte que coûte contre la Syrie »

Si Marine Le Pen refuse de condamner le régime syrien, c'est parce qu'au FN comme dans une partie de son entourage, ils sont plusieurs à afficher un soutien indéfectible au président Bachar al-Assad.

C'est le cas de Christian Bouchet, candidat FN aux cantonales de 2011, aux législatives de 2012 et aux municipales de 2014 à Nantes (Loire-Atlantique). Défenseur notoire de Mahmoud Ahmadinejad et Bachar al-Assad, il a animé le site VoxNR, nationaliste-révolutionnaire, antisioniste et pro-Iranien. Après son voyage en Syrie, il avait donné, le 29 septembre 2011, une conférence sur « la situation réelle » syrienne, au Local de Serge Ayoub, le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), groupuscule dissous après la mort de Clément Méric.

L'affiche annonçant la venue de Christian Bouchet au Local en 2011 et son affiche de candidat FN aux législatives de 2012.L'affiche annonçant la venue de Christian Bouchet au Local en 2011 et son affiche de candidat FN aux législatives de 2012.
M. Le Pen et C. Bouchet (à droite) lors de la présentation des têtes de liste des Pays de la Loire, le 26 septembre 2009.M. Le Pen et C. Bouchet (à droite) lors de la présentation des têtes de liste des Pays de la Loire, le 26 septembre 2009.© Reflexes


Son fils, Gauthier Bouchet, figure sur la liste FN pour les municipales à Saint-Nazaire et est membre de la délégation “communication numérique” du parti. Lors d’un voyage en Syrie avec son père, à l’été 2011, il a posé devant un portrait de Bachar al-Assad. 

Gauthier Bouchet posant devant un portrait de Bachar al-Assad, à l'été 2011, en Syrie.Gauthier Bouchet posant devant un portrait de Bachar al-Assad, à l'été 2011, en Syrie.© dr
Gauthier Bouchet posant avec Marine Le Pen.Gauthier Bouchet posant avec Marine Le Pen.© dr


Mi-juin, une importante délégation de partis européens d'extrême droite s'est rendue en Syrie pour rencontrer et soutenir Bachar al-Assad, comme le rapporte Courrier International. Parmi eux, des représentants du Front national, mais aussi le chef du British National Party, le sulfureux Nick Griffin, qui avait défilé aux côtés du FN le 13 janvier, lors de la manif anti-mariage pour tous.



09/09/2013
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 8 autres membres