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L'EUROPE SE RAPPROCHE DES POSITIONS DE HOLLANDE avec Mediapart

Relance: l'Europe se rapproche des positions de Hollande

| Par Ludovic Lamant

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De notre envoyé spécial à Bruxelles,

« Vous savez bien que Mariano Rajoy n'attend qu'une chose : que François Hollande soit élu, pour tenter d'assouplir un peu les objectifs budgétaires de l'Espagne… », glisse dans un sourire Juan López Aguilar, un ancien ministre sous Zapatero, aujourd'hui eurodéputé socialiste. Le chef du gouvernement espagnol est pourtant un conservateur pur jus, et soutien officiel de Nicolas Sarkozy.

Mais le discours du candidat socialiste, qui veut rééquilibrer rigueur et relance sur le continent et renégocier le traité européen dit «pacte budgétaire», trouve désormais de plus en plus de relais à Bruxelles, par-delà les familles politiques. Alors que l'Union affichait, en février, un taux de chômage record, à plus de 10 %, certains commencent à se demander si elle ne s'est pas engagée “trop fort, trop vite” sur la voie de la rigueur, selon les vœux du couple franco-allemand. La partie, pour François Hollande, était pourtant loin d'être gagnée.

En décembre 2011, lorsqu'il promet de “renégocier” le pacte budgétaire d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, l'élu de Corrèze suscite au mieux, amusement, au pire, des rires gênés chez les fonctionnaires européens. Quatre mois plus tard, son créneau est devenu l'une des priorités de l'agenda européen. Tout se passe comme si le candidat socialiste avait réussi à anticiper ce débat crucial sur les vices du “tout austérité”, renforçant sa crédibilité en Europe à peu de frais.

Mario Draghi. Mario Draghi. © (Reuters)

Mercredi, la surprise est venue de Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne (BCE). Invité devant le Parlement européen, il a plaidé pour un « pacte de croissance »: « Nous avons un pacte budgétaire (...) Nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance », a déclaré celui qui avait pourtant inventé, et imposé, en novembre 2011, l'expression de « pacte budgétaire ».

François Hollande a aussitôt rebondi sur cette déclaration. «M. Draghi vient lui même de dire que le pacte budgétaire devait être complété par un pacte de croissance. Cela confirme bien l'engagement que j'avais pris. Le président de la BCE va être utile. Il l'est», a déclaré mercredi après-midi le candidat socialiste. «Aujourd'hui, beaucoup de chefs d'Etat et de gouvernement attendent le résultat de l'élection française pour faire autrement (...) L'élection française va être une élection décisive pour l'Europe», a-t-il ajouté.

Le candidat socialiste se dit persuadé qu'«il y a une prise de conscience qui va bien au delà de la gauche européenne, de responsables parfois conservateurs et qui disent "Ce n'est plus possible de continuer comme ça sinon ce sont les populismes qui vont l'emporter". L'Allemagne doit comprendre que la croissance est nécessaire».

Comment en est-on arrivés là ? Après avoir applaudi dans l'ensemble au « fiscal compact », les dirigeants européens, majoritairement à droite, se sont rendu compte que leurs objectifs de réduction des déficits étaient bien trop ambitieux pour être tenus. Le premier coup de griffe contre les projets trop austères de “Merkozy” remonte à février, lorsque douze chefs d'Etat et de gouvernement ont expliqué, dans une lettre conjointe, que l'Europe devait davantage donner confiance dans sa capacité à « générer une croissance économique forte et durable ».

En mars, c'est au tour de l'Espagnol Rajoy, en poste depuis trois mois à peine, de tirer la sonnette d'alarme, réclamant à la Commission, non sans maladresse, un peu d'oxygène. Sans grand effet. Mi-avril, l'Italien Mario Monti, pourtant présenté par beaucoup comme le meilleur élève de la classe, fait savoir que lui non plus ne parviendrait à tenir les objectifs de déficit cette année, malgré la batterie de réformes structurelles engagées.

La Une de mercredi du «NRC Handelsblad»La Une de mercredi du «NRC Handelsblad»

Lundi, nouveau rebondissement dans le feuilleton de la crise européenne : la coalition au pouvoir aux Pays-Bas, l'un des quatre derniers pays encore notés “triple A” par les agences au sein de la zone euro, a volé en éclats. Le premier ministre, le libéral Mark Rutte, a présenté à la reine sa démission, incapable de trouver une majorité qui consentirait à adopter, au Parlement, les 14 à 16 milliards d'euros d'économies nécessaires d'ici 2013



26/04/2012
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