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L'ACTUALITE DE LA CENSURE EN FEVRIER 2011

Présentation

L'Observatoire de la censure

Créé en 2004 par Orphéon - Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti, l'Observatoire de la censure réunit des artistes, écrivains, éditeurs, programmateurs, bibliothécaires, journalistes... C'est un lieu de réflexion et d'information sur la censure, l'autocensure et la liberté d'expression. Il décerne chaque année le Prix Tartuffe à un écrivain ou artiste victime de la censure, ou à un livre qui défend la liberté d’expression.
 


Zelium numéro 1 2011
Nouveau mensuel satirique, mêlant quadri et noir&blanc, Zélium a le même format que Le Canard enchaîné, mais 24 pages au lieu de 8. Dans la présentation de son projet éditorial, la rédaction remarque : bien que la censure soit plus souple que dans les années 70, "la presse satirique se condamne elle-même à une forme d'autocensure. Ainsi de fait, la liberté de ton est beaucoup plus faible aujourd'hui. Ce qui est un comble. L'enjeu est là : faire dynamiter ce glissement inconscient et général vers l'auto-censure. Et recréer un journal qui explore les frontières... quitte à finir au tribunal pour défendre cette utopie." Dans l'ours du mensuel, parmi la centaine de ses collaborateurs  - journalistes, chroniqueurs, correcteurs, dessinateurs, maquettistes, webmaster, administratifs... - on pourra d'ailleurs observer la présence de deux avocats.
Tiré à 70.000 exemplaires et vendu (3€) en France et en Belgique, Zélium a fait le  choix de refuser la mise en place des abonnements: il sera uniquement vendu en kiosque. Un imprimeur a accepté d'avancer les frais d'impression et s'est engagé à être payé a posteriori, une fois le règlement des ventes reçu des messageries.
Journal sans pub, sans abonnement, sans actionnaire, sans local,  Zélium  devra vendre chaque mois 10.500 exemplaires, uniquement pour couvrir les frais d'impression. Sur les recettes excédentaires, 45% iront à un fonds de sûreté, 5% pour les frais de réunion. 50%  seront alloués à la rémunération des participants : les articles seront payés "au nombre de signes publiés, et les dessins et visuels au cm², via un rapport hauteur x largeur sur chacun d'entre eux."  link

Vendredi 11 février 2011 5 11 /02 /Fév /2011 20:48

La Cellule énervée a lancé hier à Montbéliard le début de la Commémoration du 140ème anniversaire de  la Commune (1871-2011) en couvrant le sol de la rue Thiers -  nom du premier président de la IIIème République -  d'inscriptions rappelant son surnom de "boucher de la Commune".
Organisateur du Siège de Paris, le Marseillais  Adolphe Thiers est responsable de la répression qui, durant la Semaine sanglante (22-28 mai 1871), fit, selon les estimations,  15.000 à  30.000  morts.
Après avoir démonté la plaque de la rue Thiers, La Cellule énervée a conclu son acte mémoriel en remontant la plaque à l'envers ornée d'un autocollant: "assassin". link

Vendredi 11 février 2011 5 11 /02 /Fév /2011 20:42

D. Robert - La Justice ou le chaos

C'est la fin d'une "vraie censure"  titre Rue89 (8-2-2011). Après dix ans de procédure, la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream a finalement été déboutée par la Cour de cassation: depuis 2001, elle poursuivait pour diffamation le journaliste Denis Robert, auteur du documentaire Les Dissimulateurs, diffusé en 2001 sur Canal+ ( link ) et de deux livres, Révélation$ et La Boîte noire, publiés en 2001 et 2002 aux éditions Les Arènes.
Selon l'avis de la Cour : " L'intérêt général du sujet traité et le sérieux constaté de l'enquête, conduite par un journaliste d'investigation, autorisaient les propos et les imputations litigieux."

La Cour a également jugé que "le reportage incriminé, traitant de sujets d'intérêt général relatifs aux mécanismes dévoyés et incontrôlés de la finance internationale et à leur implication dans la circulation mondiale de l'argent sale, ne dépassait pas les limites de la liberté d'expression au sens de l'article 10 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales".
"Je suis soulagé. C'est une décision qui va faire jurisprudence, car la Cour a reconnu qu'un journaliste pouvait commettre de petites erreurs s'il est comme moi de bonne foi et s'il couvre un sujet d'intérêt général en menant un travail difficile dans le milieu opaque de la finance " a déclaré Denis Robert.
Richard Malka, avocat de Clearstream, n'a fait aucune déclaration. Ni Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo. (voir Observatoire de la censure, 28 avril 2010, Siné part en retraite)
En attendant la réédition des deux livres, qui avaient été "interdits", on pourra toujours se plonger dans les deux tomes de la bande dessinée, "L'affaire des affaires", jamais interdite et même récompensée en 2010 par le  prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage.
On pourra aussi relire ce livre de Denis Robert au titre prémonitoire: "La justice ou le chaos". En 1996, Denis Robert avait réuni sept grands magistrats anti-corruption: Bernard Bertossa (Suisse), Edmondo Bruti Liberati (Italie), Gherardo Colombo (Italie), Benoît Dejemeppe (Belgique), Balthazar Garzon Real (Espagne), Carlos Jimenez Villarejo (Espagne) et Renaud Van Ruymbeke (France). Cette rencontre avait été à l'origine de l'Appel de Genève en faveur d'un espace judiciaire européen, d'une coopération européenne renforcée en matière de lutte contre la corruption et la délinquance financière.

 

D. Robert- L'affaire des affaires

Vendredi 11 février 2011 5 11 /02 /Fév /2011 20:25

Alors que la presse, internationale et nationale, ironise sur le comportement de certains ministres du "pays des droits de l'Homme" - partis passer leurs vacances de Noël dans des contrées (Tunisie, Égypte) où le peuple s'immolait, se révoltait et qui, hébergés, transportés en avion aux frais des proches du président-dictateur ou du président-dictateur lui-même, déclarent à leur retour, étonnés, n'avoir pas vu venir les soulèvements -, le président français a dû édicter un code de bonne conduite réglementant les voyages privés à l'étranger des membres  de son gouvernement. (Libération - Le Point,  9-2-2010)
 
Dans un autre genre, voici ce que racontait le poète et dramaturge Jean Genet, en 1975, à propos d'une invitation à Cuba, qu'il déclina:
"(...) quand  le responsable des affaires culturelles m'a invité, j'ai dit : " Oui, je veux bien aller à Cuba mais à une condition; je paie mon voyage, je paie mon séjour et je vais où je veux, j'habite où je veux" et j'ai dit : "Je veux bien y aller, si c'est vraiment une révolution selon mes voeux c'est-à-dire, s'il n'y a plus de drapeaux, parce que le drapeau comme signe de reconnaissance, comme emblème autour de quoi on se regroupe, c'est devenu une théâtralité qui châtre, qui fait mourir - et l'hymne national? Alors demande-lui  (à Castro* ndlr ) qu'il n'y ait plus de drapeau cubain et plus d'hymne national cubain." Il me dit: "Tu tombes mal notre hymne national est composé par un Noir". (Entretien de Jean Genet avec Hubert Fichte, in Dialogues, p 35, Éditions cent pages, 2002)

Vendredi 11 février 2011 5 11 /02 /Fév /2011 20:16

 

Edouard Glissant

 

Après Frantz Fanon (1925-1961), Aimé Césaire (1913-2008), disparaît avec Édouard Glissant (1928-2011) l'une des grandes figures nées à  la Martinique au XXème siècle.
Poète (Un champ d'îles; Le Sel noir; Pays rêvé, pays réel), romancier (Le Quatrième siècle; La Case du Commandeur), dramaturge (Monsieur Toussaint), essayiste (Le Discours antillais, Poétique de la relation, Mémoire des esclavages, L'intraitable beauté du monde: adresse à Barack Obama), Edouard Glissant avait été longtemps sur la liste des potentiels prix Nobel de littérature.
Directeur du Courrier de l’Unesco de 1982 à 1988, il avait été nommé  "Distinguished University Professor" de l’université d’État de Louisiane en 1989, puis de l’université Cuny de New York en 1995. Si son oeuvre était reconnue internationalement, elle ne l'était pas véritablement par l'université française.  
En 2009, il avait créé l’Institut du Tout-Monde qui se "propose de faire avancer la connaissance des phénomènes et processus de créolisation, et de contribuer à diffuser l’extraordinaire diversité des imaginaires des peuples" .

Pour mémoire, parmi les épisodes marquants dans sa lutte contre la colonisation, l'intolérance, le racisme, Glissant se radicalise après la répression qui fait trois morts en Martinique en décembre 1959. Il signe en août 1960, la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, dit Manifeste des 121 (Voir Observatoire la censure, 5 -9-2010).
En avril 1961, à Paris, il est l'un des fondateurs - avec le Guadeloupéen Albert Béville (Paul Niger), le Guyanais Justin Catayée, le Martiniquais Marcel Manville -  du Front Antillo-Guyanais pour l'Autonomie. En juillet, le général de Gaulle dissout, par décret, le F.A.G.A.,  pour "atteinte à la sureté de l'État". Assigné en résidence surveillée en France métropolitaine, l'écrivain Glissant, (prix Renaudot 1957 pour La Lézarde)  ne rentrera à la Martinique qu'en 1965.

Lundi 7 février 2011 1 07 /02 /Fév /2011 07:52

Craignant la propagation d'un "virus de la rebellion", les autorités chinoises ont désactivé les mots "Égypte", "Le Caire" sur plusieurs moteurs de recherche. Déjà, il y a quelques jours, certaines similitudes avaient mis le pouvoir mal à l'aise : la corruption du parti présidentiel égyptien présenterait des points communs avec celle des dirigeants chinois, les immolations par le feu rappelleraient celles des Chinois expulsés de chez eux dont les maisons ont  été démolies.
Ce qui se passe maintenant place Tahrir au Caire évoquerait les événements de la place Tiananmen à Pékin.
Pour Li Datong, journaliste limogé pour sa résistance à la censure, il faut absolument éviter des images "qui montrent  l'armée sympathiser avec la foule au lieu de lui tirer dessus." (Le Monde, 4-2-2011).

Lundi 7 février 2011 1 07 /02 /Fév /2011 07:45

Cette librairie généraliste fermera définitivement en mars 2011. Après La Petite fatigue, c'est la deuxième librairie qui ferme en moins d'un an, dans le centre-ville de Toulon. (La Marseillaise, 2-2-2011)
Le livre qui disparaît: link

Lundi 7 février 2011 1 07 /02 /Fév /2011 07:43

Alors qu'en Chine, saluée par des tirs de pétards et de feux d'artifices parfois meurtriers, commence aujourd'hui une nouvelle année, placée sous le signe du lapin, un court dessin animé satirique vient d'être retiré d'Internet par la censure chinoise.
Cette vidéo de 3'46 raconte l'histoire d'un monde où vivent de gentils petits lapins blancs dirigés par des tigres. La fable, transparente, évoque différents scandales récents : celui du lait à la mélamine, qui a tué plusieurs enfants et contaminé des milliers d'autres; celui de l'incendie d'une salle de fêtes où périrent 288 enfants à Karamay en 1994; celui des expropriations violentes de maisons et d'appartements par des promoteurs immobiliers sans scrupules et liés aux cadres locaux du Parti; celui des  immolations en protestation à ces expulsions; celui des tabassages;  celui de  "l'affaire Li Gang", du nom d'un dirigeant local du Parti dont s'est réclamé le fils pour se sortir d'un accident de voiture dû à sa conduite dangereuse... Mauvais souvenirs qu'il fallait absolument "harmoniser". La vidéo est néanmoins toujours visible sur YouTube. (Aujourd'hui la Chine - Rue 89 - Le Mondelink

Jeudi 3 février 2011 4 03 /02 /Fév /2011 22:17

27 janvier 2011, blocage total du  web en Égypte où 23 millions d’Egyptiens disposent d’un accès, régulier ou occasionnel, à internet, soit près du quart de la population: en quelques heures, les autorités égyptiennes parviennent à couper l'accès à l'ensemble du réseau en ordonnant aux FAI d'interrompre à la fois l'accès aux protocoles DNS (Domain name server, qui aiguille les ordinateurs vers les adresses des sites) et BGP (Border gate protocol, qui indique quelles adresses IP sont utilisées par les fournisseurs d'accès). Seul Noor, le fournisseur d'accès de la bourse et de quelques grandes entreprises, est encore actif. (Le Monde, 28-1-2011)
Il s'agit d'une grande première mondiale: jusqu'à maintenant, la coupure totale ou quasi totale de l'accès à Internet n'avait été pratiquée par aucun gouvernement, à l'exception de la Birmanie, où les deux fournisseurs d'accès à Internet (FAI) sont contrôlés par l'État.
"Suite à ce qu'il s’est passé en Tunisie,  on comprend bien qu’internet est un outil de démocratie, et donc qu’un gouvernement qui se sentirait déstabilisé puisse considérer de faire pression sur les opérateurs pour couper internet (...) À partir du moment où le gouvernement a la main sur les opérateurs pour filtrer, on peut considérer que c’est beaucoup plus facile pour lui d’ordonner une coupure totale" analyse Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net.

Outre le web, les réseaux de téléphonie mobile sont également perturbés pour empêcher les échanges de SMS. (Numerama, 29-1-2011). Les antennes relais situées dans les grandes villes et à proximité sont coupées, paralysant le trafic de tous les opérateurs mobiles.

Samedi 29 janvier, l'inauguration du Salon du livre du Caire, le plus important du monde arabe, n'a pas  lieu. Le salon est annulé de fait (L'Express, 1er février 2011).

Dimanche 30 janvier,  le signal de la chaîne  Al-Jazeera est coupé sur le satellite Nilesat. La réception d'Al-Jazeera en langue arabe est donc bloquée en Egypte et dans une partie du Maghreb, Nilesat couvrant notamment la Tunisie, la Turquie et l'Algérie. La chaîne reste accessible sur le réseau satellite Hotbird (Eutelsat, canal 12111/V/27500). Contrairement à Hotbird, Nilesat est sous le contrôle de l'Etat égyptien. La radiotélévision d'Etat détient 40 % de son capital, et l'armée, par le biais d'un fonds d'investissement dans les technologies de défense, en détient 10 %. La révocation de la licence de la chaîne a donc permis aux autorités de demander à l'opérateur de cesser sa diffusion sous un vernis de légalité. (Le Monde, 30-1-2011)

En Tunisie, le blogueur @Slim404, de son vrai nom Slim Amamou,  qui avait été mis en prison le 6 janvier, a été nommé, le 18 janvier, secrétaire d'État à  la jeunesse et aux sports dans le nouveau gouvernement de "transition". (Libération, 20-1-2011)

Jeudi 3 février 2011 4 03 /02 /Fév /2011 22:07

Dans le dernier numéro de la revue trimestrielle Stradda (n°19, janvier 2011), Cathy Blisson revient sur Plaidoirie pour une jurisprudence, performance réalisée dernièrement à Toulouse par deux ex-avocats (Sylvia Preuss-Laussinotte et Sébastien Canever) avec les plasticiens Patrick Bernier et Olive Martin.

Pendant 50 minutes, les deux juristes  plaident face à un tribunal fictif pour Monsieur X., étranger sous le coup d'une reconduite à la frontière. Mais plutôt que de  baser leur argumentation sur le droit des étrangers - trop défavorable - les deux confrères invoquent le droit d'auteur : "Monsieur X, arguent-ils,  est le coauteur, le dépositaire, et l'interprète exclusif d'une performance, oeuvre immatérielle in progress, réalisée en collaboration avec monsieur Y, artiste bien français. Organiser l'expulsion de X. reviendrait à favoriser l'évasion d'une part du patrimoine culturel immatériel de Y.."
Pour voir une présentation du projet conçu par Patrick Bernier et Olive Martin  link et la vidéo réalisée au Centre Pompidou en novembre 2009 link

Mardi 1 février 2011 2 01 /02 /Fév /2011 07:33
 

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12/02/2011
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