laulaublog

J.O. EN LITTERATURE (MEDIAPART°)

O du livre (7/8) : Romans de cordes et de poings

Les Jeux Olympiques du livre (7/8)

Lire aussi

« Le monde de la boxe est curieux, aujourd’hui », note Tristan Garcia en ouverture de « Qu’est-ce qu’un K.O. ? », l’une des nouvelles d’En l’absence de classement final. Regret des combats d’antan, analyse de l’onde de choc qui conduit au knockout, lien de la perte de conscience avec une « révélation », métaphysique voire religieuse. La boxe est un combat, le ring une métaphore de la vie : lorsque Joyce Carol Oates compose un recueil d'Histoires de mystère et de suspens, toutes plus atroces les unes que les autres (Le Musée du Dr Moses), la boxe figure en bonne place et Oates écrit de L'Homme qui a combattu Roland LaStarza que « cette histoire n'est pas jolie, jolie, et pas seulement parce qu'elle parle de boxe ».

Ce n'est donc jamais "seulement" la boxe : lorsque Clint Eastwood adapte La Brûlure des cordes de F.X. Toole, le réalisateur précise que « Million Dollar Baby n'est pas seulement une histoire de boxe. Plutôt celle d'un rêve. En fait, c'est surtout une histoire d'amour. La boxe n'est qu'une toile de fond ». Même remarque liminaire chez Joyce Carol Oates, « d'une certaine façon, la boxe n'est qu'accessoire. Le vrai sujet, c'est la trahison ».

La boxe peut être prétexte : ainsi dans Poids léger d'Olivier Adam, métaphore d'un "comment encaisser ?". Antoine est croque-mort. Il est à la dérive, incapable de prendre de la distance dans son quotidien : faire le deuil de ses parents, échapper à son amour borderline pour sa sœur, au cercle vicieux de l'alcool, de la déprime, ne pas devenir une « épave ». Alors il enfile ses gants. Seule la boxe l'empêche de sombrer totalement. Face au sac, ou sur le ring, il parvient à faire taire rage, tristesse et chagrin, il n'est « plus qu'un corps qui frappe », « une mécanique, des gestes ». Boxer, c'est « se vider la tête aussi, oublier les corps les cadavres les boîtes et tous ces gens et mon père » : « n'être plus que ça, une machine bien huilée ». « Je suis monté, l'arbitre a sifflé et dans ces moments on ne pense plus, on est dans le mouvement et la précision des gestes, l'impact des poings et les coups reçus, dans ces moments il me semble que j'échappe à quelque chose, à quoi je l'ignore ».



12/08/2012
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 8 autres membres