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IMMIGRATION: L'UMP A FRONT DECOUVERT

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La droite décomplexée chère à Jean-François Copé devra reconnaître que la jeune Léonarda lui a rendu un grand service. Ces derniers jours, à l’UMP, les partisans d’une ligne radicale en matière de contrôle de l’immigration et d’accès à la nationalité française se sentent pousser des ailes. Les animateurs de la Droite forte et de la Droite populaire, les courants extrémistes de l’UMP, croient pouvoir se réjouir de voir le parti tout près d’adopter une de leurs propositions phares : la suppression du droit du sol. Un vieux marqueur du FN.

A l’occasion de leur comité politique hebdomadaire, les principaux dirigeants de la droite sont convenus hier de travailler à l’élaboration d’une «nouvelle politique de l’immigration». Selon Copé, cette politique mettrait fin à l’acquisition automatique de la nationalité pour les enfants nés en France de parents étrangers. Soit un retour à la loi Pasqua de 1993, supprimée en 1998 par Lionel Jospin. De son côté, François Fillon a fait la même proposition dans son projet présidentiel. Mais dans l’entourage de l’ex-Premier ministre comme dans celui du député-maire de Meaux (Seine-et-Marne), on contestait que la manifestation de la volonté d’être Français constitue une remise en cause du droit du sol.

Petit-lait. Hier matin, Annie Genevard était la vedette de la réunion du groupe parlementaire à l’Assemblée. Députée du Doubs, elle a témoigné de la mauvaise volonté de la famille de Léonarda Dibrani, incapable de «s’intégrer», malgré les efforts généreux de la population. Genevard s’est également taillé un franc succès avec l’histoire édifiante d’une pauvre septuagénaire de sa circonscription qui aurait consenti un mariage blanc avec un tunisien de 30 ans. Du petit-lait pour la majorité des élus UMP.

«Frayer». Pourtant, quelques voix se sont fait entendre pour appeler la droite à la prudence. Ainsi le député-maire d’Antibes, Jean Leonetti, a invité ses amis à ne pas courir derrière le FN et à chercher les solutions «au niveau européen». Son collègue du Nord Gérald Darmanin a mis en garde contre de nouvelles stigmatisations de l’islam à la veille des municipales. Fils de harki, il a insisté sur l’anomalie qu’avait constitué en 2012 le vote massif des musulmans contre Nicolas Sarkozy (plus de 90%). Très applaudi, Darmanin a invité ses amis à ne pas dégoûter une fois de plus ceux qui voudraient voter à droite.

Selon le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, un groupe de travail livrera ses propositions «dans cinq à six mois», soit juste avant les européennes. La feuille de route, radicale, a été balisée par Copé : il s’agit de «réorganiser Schengen et d’en exclure les pays ne contrôlant pas leurs frontières», de «lutter sans faille contre l’immigration illégale» et de faire en sorte, comme le martèle Marine Le Pen, que la France «cesse d’être le pays le plus attractif socialement en Europe pour les immigrés». Invité hier de Mardi politique sur RFI, en partenariat avec l’AFP et Libération, le ministre PS Benoît Hamon a jugé qu’«hélas ça n’est plus une surprise d’entendre les dirigeants de l’UMP venir frayer sur des rivages qui étaient ceux auparavant du Front National», assurant qu’«ilssont en train de faire du carburant pour le FN».

A l’exception de celle concernant le droit du sol, la plupart des propositions de Copé étaient au cœur du discours de Sarkozy en 2012 : dans son clip de campagne, celui-ci promettait, sur fond d’images de bus débordant d’immigrés, la fin de «l’Europe passoire», l’instauration de «la préférence communautaire», la restriction de l’accès au RSA et au minimum vieillesse pour les étrangers. Avec le succès que l’on sait.



23/10/2013
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