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F.N: NEOS MAIS FACHOS, la jeune génération décomplexée

 

Au FN, génération sans gêne

7 juin 2012 à 22:06
Fabien Engelmann à Nilvange en 2011, candidat frontiste dans la 8e circonscription de Moselle.
Fabien Engelmann à Nilvange en 2011, candidat frontiste dans la 8e circonscription de Moselle. (Photo Patrick Hertzog. AFP)

Récit Dimanche, le parti d’extrême droite présentera 571 candidats. Parmi eux, beaucoup de nouveaux venus que la figure de Marine Le Pen ne rebute plus.

Par CHRISTOPHE FORCARI

Baptême du feu pour toute une nouvelle génération de candidats frontistes aux législatives. Ou plutôt «marinistes», puisque beaucoup des personnes investies pour participer à ce scrutin ont rejoint le Front national attirés par la personnalité et le discours de la nouvelle présidente du parti d’extrême droite. «Environ la moitié de nos candidats ont adhéré au FN il y a moins de deux ans», souligne Steeve Briois, secrétaire général du mouvement et artisan de l’implantation de la benjamine des trois filles Le Pen dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais.

Premier effet de l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du mouvement fondé par son père en 1972, sa féminisation. Alors que Jean-Marie Le Pen peinait à séduire l’électorat féminin, sa fille y a fait une forte percée. Aujourd’hui, les femmes sont aussi nombreuses à voter FN que les hommes. En 2007, seulement 7% des femmes votaient FN contre 10,44% des hommes ; en 2012, 18% d’hommes et de femmes ont glissé dans l’urne un bulletin pour la vague «bleu Marine». Conséquence de cette féminisation du vote, le FN peut se targuer d’être le plus vertueux des partis politiques français en matière de parité. Sur 571 candidats, le FN a investi 280 femmes. Des investitures non pas dictées par un féminisme débridé mais par le souci, plus terre à terre, de ne pas payer les pénalités prévues par la loi en cas de non-respect de la parité.

«Plus divers». Priorité a été également donnée à la jeunesse, catégorie où Marine Le Pen réalise un des meilleurs scores électoraux : 18% des 25-39 ans lui ont accordé leurs suffrages. Et, aux législatives, 130 des candidats du FN ont moins de 40 ans. Le benjamin a tout juste 19 ans. La moyenne d’âge générale est de 50 ans. Plus d’un quart d’entre eux ne concourait pas en 2007. «Nous déployons tous nos efforts pour renouveler nos cadres et faire en sorte qu’ils ressemblent le plus possible à notre électorat. Ils n’ont plus du tout le même profil que les figures locales du FN des années 80 ou 90. Ils sont plus divers sociologiquement, professionnellement, et moins marqués idéologiquement et même religieusement», assure Steeve Briois. Fini donc les candidats issus des milieux catho traditionalistes antiavortement ou encore venus des franges radicales de l’ultradroite. Par exemple, Philippe Vardon, un des fondateurs du mouvement Identitaires, ne sera pas candidat à Nice. Le Front national a décidé de présenter un candidat contre lui alors qu’il souhaitait se présenter sous les couleurs du «Rassemblement bleu marine».

Le politologue et spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus voit une preuve de ce renouvellement «au fait que l’on trouve moins d’une dizaine de candidats à ces législatives très marqués par des parcours à l’extrême droite». Même constat pour le sociologue Sylvain Crepon, qui a pu participer à une journée de formation de ces candidats nouvelle vague. «Il y a une volonté très nette de donner un nouveau visage au FN. Un renouvellement qui, dans certains départements, s’élève à 40% des candidats. Avec des gens qui ont adhéré récemment au FN et qui sont précipités dans le bain des législatives. Comme le FN est en manque de cadres d’expérience, il se montre plus ouvert que les grosses machines UMP et PS, plus verrouillées. Cela peut être aussi l’occasion d’entamer une carrière politique, même si cela fait parfois grincer les dents de ceux qui labourent le terrain depuis vingt ans.»

Modèle type de cette volonté de faire coller candidat et électorat : Fabien Engelmann, ancien syndicaliste CGT, 32 ans, employé communal passé par l’extrême gauche et aujourd’hui candidat frontiste dans la 8e circonscription de Moselle.

En fait, le FN version Marine Le Pen fait cohabiter deux types de nouveaux visages. Ceux qui l’ont rejoint récemment pour sa nouvelle présidente, et les marinistes de la première heure qui, depuis 2002, ont soutenu son action au sein de la formation d’extrême droite. Ils ont généralement l’âge de la patronne et ont pris, depuis le congrès de Tours en janvier 2011, les rênes du parti. Une génération de quadras qui n’entend pas faire de la figuration dans la position d’éternels opposants et qui rêve d’accéder au pouvoir.

«Lepéno-mariniste». «Nous sommes passés d’un parti lepéno-lepéniste a un parti lepéno-mariniste», explique Guillaume Vouzellaud, candidat dans la 6e de l’Hérault. En 2002, il avait participé à la relance du club Générations Le Pen et a réalisé le troisième score du parti aux dernières cantonales. Ce quadra a déjà trois campagnes législatives derrière lui. «La nouveauté, c’est que cette fois, nous ne faisons plus de la figuration. Nous avons la sensation de pouvoir arriver aux affaires. Nous ne sommes plus dans une logique d’opposition, mais de conquête. Et la nouvelle génération qui vient de nous rejoindre partage cet objectif», poursuit Guillaume Vouzellaud.

Edouard Ferrand, candidat dans la 3e de l’Yonne et même profil de quadra mariniste, a «l’impression d’être investi pour la première fois. Il y a un nouvel environnement. Je suis le même candidat, mais pas dans le même contexte que le FN de Jean-Marie Le Pen». Des visages nouveaux, certes, mais qui récitent toujours le même bréviaire.



08/06/2012
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