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EUX OU NOUS: extrait d'un article de médiapart 13 Août

sont les principaux contributeurs, à hauteur respectivement de 27,1% et 20,3%, l'Italie et l'Espagne sont censées y contribuer à hauteur de 17,9% et 11,9%. Comment ces deux pays, surendettés et interdits de marchés financiers, pourront-ils apporter leur aide? Les Italiens et les Espagnols, déjà sonnés par la crise, accepteront-ils de faire encore plus d'effort, au nom de l'Europe ? 

 

bataille d'Aboukir bataille d'Aboukir

La charge risque de retomber sur un nombre de plus en plus restreint de pays. Si l'Espagne ou l'Italie viennent à être mises en danger, le reste de l'Europe ne pourra pas suffire à les sauver. « Ensemble, les pays européens sont plus forts », répètent les défenseurs de ce système. Mais à ce stade, compte tenu des défauts liés à la création européenne auxquels il n'a toujours pas été remédié, des mécanismes imaginés, cette association risque au contraire de tourner au désastre. Comme lors de la bataille d'Aboukir, l'enchaînement des navires risque d'entraîner tout le monde par le fond.

Le risque de l'explosion de l'Europe est non nul, au vu de la spirale ascendante de la crise. Les premières contestations en Finlande, aux Pays-Bas, en Allemagne, qualifiées de populistes et d'égoïstes, sont à prendre au sérieux. Pourquoi des populations accepteraient-elles de prendre à leur charge une partie du fardeau, de consentir à une dégradation de leur niveau de vie sans broncher ? Au nom de l'Europe ? Elle a tellement peu tenu ses promesses. On leur avait promis la fin de la spéculation monétaire. Ils découvrent la spéculation sur les dettes souveraines, bien plus dangereuse pour le contrat social. On leur avait juré la stabilité et la prospérité. Ils ont le chômage, la désindustrialisation et l'austérité. Aujourd'hui, ce sont leurs retraites, leurs hôpitaux, leur système de santé, leurs écoles qui sont en jeu.

Dans leur manifeste, les “économistes atterrés” avaient décrit l'enchaînement fatal dans lequel l'Europe se trouve aujourd'hui. Ils avaient aussi donné leurs solutions. Parmi les tout premiers remèdes, ils préconisaient de redessiner la zone euro, afin de lui donner les armes et les outils d'une véritable union monétaire. Ils insistaient notamment pour que la BCE devienne une véritable banque centrale comme dans les autres zones monétaires, et se porte garante en dernier ressort du système et des Etats. Il faut « affranchir les États de la menace des marchés financiers en garantissant le rachat des titres publics par la BCE », insistaient-ils.

Si ce cadre existait, c'en serait fini du chantage du monde financier sur la zone euro. Jamais la Grèce ou le Portugal n'aurait été poussés dans les cordes, puisque la banque centrale européenne se serait portée garante de leur financement en dernier recours. Les agences de notation auraient vu leur pouvoir de nuisance notablement diminué. Même les banques s'y seraient retrouvées en définitive, puisque la valeur des dettes souveraines européennes, qui forment le socle de leur bilan, n'aurait pas été mise en question. Cela aurait permis de stabiliser le système financier européen avant d'exiger sa réforme, alors qu'aujourd'hui, toute réforme est repoussée, par crainte de sa fragilité.

Mais tout cela remet en cause l'indépendance de la BCE, fondement de l'euro, objectent les défenseurs de l'euro. Mais indépendance vis-à-vis de qui ? Certes, la banque centrale n'est pas sous le contrôle des Etats et est même en train de prendre le pas sur eux. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, s'en est irrité comme l'a rapporté Le Monde. « Bien que la BCE soit indépendante, il serait bien que les gouvernements soient aussi considérés comme tels, a-t-il lancé, au vu de toutes les exigences de l'institution présidée par M. Trichet. » En revanche, la BCE affiche la plus grande compréhension à l'égard du monde financier, au point de devenir le porte-parole de leurs intérêts, comme l'ont montré ses dernières interventions contestant la restructuration de la dette grecque.

L'Allemagne ne voudra jamais accepter un tel changement de statut : elle en avait fait une condition non négociable, au moment de la création de la zone euro, répètent tous les partisans du statu quo. Au point critique où en est arrivée la crise de l'euro, il serait pourtant bienvenu de se reposer la question.

Plutôt que d'essayer de convaincre Angela Merkel d'accélérer le pas, de mettre encore plus d'argent –ce qu'elle refuse à juste titre– dans la défense d'une construction bancale et viciée et dans l'intérêt exclusif de la finance, il serait préférable de la persuader d'entreprendre une remise sur pied de l'édifice européen, en commençant par lui donner une assise stable par la réforme de la BCE.  

C'est ce rendez-vous avec l'histoire qu'ont les responsables européens. Ils ont quelques semaines pour dire ce qu'ils choisissent finalement: la finance ou les peuples européens. Eux ou nous ?

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13/08/2011
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