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Europe: erreur dans les chiiffres que l'on nous assène à tous moments

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Chiffre magique (médiapart 2/4)

Les trois économistes ont aussi repris les calculs de pondération de croissance entre les pays très endettés et les autres. Et là encore, le changement est surprenant. Là où Carmen Reinhart et Ken Rogoff trouvent, au terme de leurs calculs, que les pays endettés au-delà de 90 % du PIB sont condamnés à la décroissance, avec en moyenne une chute de 0,1 %, les trois économistes, en reprenant leurs calculs, aboutissent à la conclusion que malgré un endettement de 90 % du PIB, la croissance dans ces pays peut atteindre 2,2 %. Plus de deux pour-cent de différence entre les deux : une paille (voir les tableaux ici).

Mis en cause, les deux historiens économistes ont promptement et vivement réagi et répondu. Ils admettent qu’il y a bien une erreur liée à l’utilisation d’Excel ! Pour le reste, ils maintiennent tout ce qu’ils ont publié. Les omissions comme celle de la Nouvelle-Zélande ? Aucune importance car ils ont intégré les données par la suite. Les pondérations des pays ? Pas significatif. « Ils ont aussi trouvé une croissance plus faible dans les périodes où l’endettement dépassait les 90 % », assurent-ils dans leur réponse, sans se démonter. L’important est là : le chiffre de 90 % doit rester magique.

Ce n’est pas la première fois que la Commission européenne se retrouve confrontée à ses dogmes. En octobre, une autre dispute savante est intervenue autour d’un autre concept : le coefficient budgétaire. En d’autres termes, il s’agissait de déterminer le poids de la dépense publique dans la croissance, et quel est l’effet économique engendré si on la réduit. À partir de ses travaux précédents, le FMI avait arrêté un coefficient de 0,5 %. En clair, si un État réduisait sa dépense de 1 euro, la baisse dans l’économie réelle était de seulement 50 centimes.

La Commission européenne souscrivit sans rechigner à ces calculs : cela confortait si bien la vision que, par nature, toutes les dépenses publiques sont improductives et n’ont que peu d’effet d’entraînement sur l’économie. Tous les plans de sauvetage de la Troïka furent construits sur ce paradigme. Avec le succès que l’on sait.

Au bout de deux années d’expérience sur la Grèce, le Portugal, l’Espagne, d’erreurs systématiques dans les prévisions de croissance, de réduction d’endettement et de déficit publics, d’évolution du chômage, les experts du FMI durent reconnaître qu’il y avait un problème : ils avaient peut-être sous-estimé le poids de l’État dans les économies modernes. Ils reprirent leurs travaux.

Dans un rare exercice d’autocritique, Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, prit la plume dans le rapport semestriel de l’institution pour reconnaître qu’ils avaient sans doute mal évalué l’effet du coefficient budgétaire. « De récents développements suggèrent que les multiplicateurs budgétaires à court terme peuvent être plus grands que prévu au moment de la planification budgétaire. Des recherches, dont il a été fait état dans les derniers rapports du FMI, montraient que les multiplicateurs fiscaux sont plus proches de 1 dans un monde où de nombreux pays s’ajustent en même temps. Des analyses suggèrent ici que les multiplicateurs sont désormais plus grands que 1 », écrivit-il. Il précisa plus tard les chiffres : au lieu de 0,5 % annoncé auparavant, l’effet multiplicateur se situait selon lui entre 0,9 et 1,7 %. Traduction : quand l’État réduit sa dépense d’un euro, l'effet d'entraînement sur l'économie produit une baisse de l'activité entre 90 centimes et 1,7 euro. Cela n’est pas exactement la même chose.

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Chiffre magique

Les trois économistes ont aussi repris les calculs de pondération de croissance entre les pays très endettés et les autres. Et là encore, le changement est surprenant. Là où Carmen Reinhart et Ken Rogoff trouvent, au terme de leurs calculs, que les pays endettés au-delà de 90 % du PIB sont condamnés à la décroissance, avec en moyenne une chute de 0,1 %, les trois économistes, en reprenant leurs calculs, aboutissent à la conclusion que malgré un endettement de 90 % du PIB, la croissance dans ces pays peut atteindre 2,2 %. Plus de deux pour-cent de différence entre les deux : une paille (voir les tableaux ici).

Mis en cause, les deux historiens économistes ont promptement et vivement réagi et répondu. Ils admettent qu’il y a bien une erreur liée à l’utilisation d’Excel ! Pour le reste, ils maintiennent tout ce qu’ils ont publié. Les omissions comme celle de la Nouvelle-Zélande ? Aucune importance car ils ont intégré les données par la suite. Les pondérations des pays ? Pas significatif. « Ils ont aussi trouvé une croissance plus faible dans les périodes où l’endettement dépassait les 90 % », assurent-ils dans leur réponse, sans se démonter. L’important est là : le chiffre de 90 % doit rester magique.

Ce n’est pas la première fois que la Commission européenne se retrouve confrontée à ses dogmes. En octobre, une autre dispute savante est intervenue autour d’un autre concept : le coefficient budgétaire. En d’autres termes, il s’agissait de déterminer le poids de la dépense publique dans la croissance, et quel est l’effet économique engendré si on la réduit. À partir de ses travaux précédents, le FMI avait arrêté un coefficient de 0,5 %. En clair, si un État réduisait sa dépense de 1 euro, la baisse dans l’économie réelle était de seulement 50 centimes.

La Commission européenne souscrivit sans rechigner à ces calculs : cela confortait si bien la vision que, par nature, toutes les dépenses publiques sont improductives et n’ont que peu d’effet d’entraînement sur l’économie. Tous les plans de sauvetage de la Troïka furent construits sur ce paradigme. Avec le succès que l’on sait.

Au bout de deux années d’expérience sur la Grèce, le Portugal, l’Espagne, d’erreurs systématiques dans les prévisions de croissance, de réduction d’endettement et de déficit publics, d’évolution du chômage, les experts du FMI durent reconnaître qu’il y avait un problème : ils avaient peut-être sous-estimé le poids de l’État dans les économies modernes. Ils reprirent leurs travaux.

Dans un rare exercice d’autocritique, Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, prit la plume dans le rapport semestriel de l’institution pour reconnaître qu’ils avaient sans doute mal évalué l’effet du coefficient budgétaire. « De récents développements suggèrent que les multiplicateurs budgétaires à court terme peuvent être plus grands que prévu au moment de la planification budgétaire. Des recherches, dont il a été fait état dans les derniers rapports du FMI, montraient que les multiplicateurs fiscaux sont plus proches de 1 dans un monde où de nombreux pays s’ajustent en même temps. Des analyses suggèrent ici que les multiplicateurs sont désormais plus grands que 1 », écrivit-il. Il précisa plus tard les chiffres : au lieu de 0,5 % annoncé auparavant, l’effet multiplicateur se situait selon lui entre 0,9 et 1,7 %. Traduction : quand l’État réduit sa dépense d’un euro, l'effet d'entraînement sur l'économie produit une baisse de l'activité entre 90 centimes et 1,7 euro. Cela n’est pas exactement la même chose.

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Chiffre magique

Les trois économistes ont aussi repris les calculs de pondération de croissance entre les pays très endettés et les autres. Et là encore, le changement est surprenant. Là où Carmen Reinhart et Ken Rogoff trouvent, au terme de leurs calculs, que les pays endettés au-delà de 90 % du PIB sont condamnés à la décroissance, avec en moyenne une chute de 0,1 %, les trois économistes, en reprenant leurs calculs, aboutissent à la conclusion que malgré un endettement de 90 % du PIB, la croissance dans ces pays peut atteindre 2,2 %. Plus de deux pour-cent de différence entre les deux : une paille (voir les tableaux ici).

Mis en cause, les deux historiens économistes ont promptement et vivement réagi et répondu. Ils admettent qu’il y a bien une erreur liée à l’utilisation d’Excel ! Pour le reste, ils maintiennent tout ce qu’ils ont publié. Les omissions comme celle de la Nouvelle-Zélande ? Aucune importance car ils ont intégré les données par la suite. Les pondérations des pays ? Pas significatif. « Ils ont aussi trouvé une croissance plus faible dans les périodes où l’endettement dépassait les 90 % », assurent-ils dans leur réponse, sans se démonter. L’important est là : le chiffre de 90 % doit rester magique.

Ce n’est pas la première fois que la Commission européenne se retrouve confrontée à ses dogmes. En octobre, une autre dispute savante est intervenue autour d’un autre concept : le coefficient budgétaire. En d’autres termes, il s’agissait de déterminer le poids de la dépense publique dans la croissance, et quel est l’effet économique engendré si on la réduit. À partir de ses travaux précédents, le FMI avait arrêté un coefficient de 0,5 %. En clair, si un État réduisait sa dépense de 1 euro, la baisse dans l’économie réelle était de seulement 50 centimes.

La Commission européenne souscrivit sans rechigner à ces calculs : cela confortait si bien la vision que, par nature, toutes les dépenses publiques sont improductives et n’ont que peu d’effet d’entraînement sur l’économie. Tous les plans de sauvetage de la Troïka furent construits sur ce paradigme. Avec le succès que l’on sait.

Au bout de deux années d’expérience sur la Grèce, le Portugal, l’Espagne, d’erreurs systématiques dans les prévisions de croissance, de réduction d’endettement et de déficit publics, d’évolution du chômage, les experts du FMI durent reconnaître qu’il y avait un problème : ils avaient peut-être sous-estimé le poids de l’État dans les économies modernes. Ils reprirent leurs travaux.

Dans un rare exercice d’autocritique, Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, prit la plume dans le rapport semestriel de l’institution pour reconnaître qu’ils avaient sans doute mal évalué l’effet du coefficient budgétaire. « De récents développements suggèrent que les multiplicateurs budgétaires à court terme peuvent être plus grands que prévu au moment de la planification budgétaire. Des recherches, dont il a été fait état dans les derniers rapports du FMI, montraient que les multiplicateurs fiscaux sont plus proches de 1 dans un monde où de nombreux pays s’ajustent en même temps. Des analyses suggèrent ici que les multiplicateurs sont désormais plus grands que 1 », écrivit-il. Il précisa plus tard les chiffres : au lieu de 0,5 % annoncé auparavant, l’effet multiplicateur se situait selon lui entre 0,9 et 1,7 %. Traduction : quand l’État réduit sa dépense d’un euro, l'effet d'entraînement sur l'économie produit une baisse de l'activité entre 90 centimes et 1,7 euro. Cela n’est pas exactement la même chose.



18/04/2013
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