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E T SI MONTEBOURG N'AVAIT PAS TOUT PERDU ?

Et si Montebourg n’avait pas tout perdu? (mediapart 3/3)

Recours ?

Ayrault et Montebourg (en arrière-plan)Ayrault et Montebourg (en arrière-plan)© Reuters 

Élu de Saône-et-Loire, le député Thomas Thévenoud salue lui aussi l’affirmation « d’une marque et d’une ligne Montebourg : on a un ministre qui se bat pour stopper l'hémorragie industrielle et il envisage tous les possibles, y compris ceux historiquement écartés par la gauche depuis 20 ans. Il ne s’interdit pas une rupture avec un discours politique à gauche qui se contente de parler de régulation ». 

« Montebourg prouve qu’une prise de contrôle public d’une entreprise ou d’un site industriel n'est pas une utopie, juge le député Olivier Dussopt, proche de Martine Aubry et Benoît Hamon. Il y a deux ans, si on avait mis la nationalisation temporaire dans notre programme, certains nous auraient traités de fous. Cette fois, même des élus de droite (Henri Guaino, Jean-Louis Borloo ou l’ancien ministre de l’économie Thierry Breton, ndlr) ont expliqué que c’était possible. » Pour cet élu d'Ardèche, « cela montre que la dureté de la crise implique de nouvelles solutions. Et que nous devons avoir des attitudes plus audacieuses. » 

Il rappelle ainsi que début 2012, François Hollande avait signé une proposition de loi obligeant un groupe à céder des sites industriels rentables. Il s’était engagé à la faire voter une fois élu, mais la loi a été renvoyée à la négociation entre partenaires sociaux et n’est toujours pas adoptée.

L’affaire Florange ne serait donc qu’un avant-goût d’autres batailles. « Malheureusement il y aura d'autres cas de ce genre, et dans cette lutte la nationalisation temporaire reste un outil pratique », dit Philippe Doucet. « Toute la question est de savoir si Ayrault a adressé une fin de non-recevoir ou si une porte est aujourd’hui entrebâillée, estime à la gauche du parti Jérôme Guedj. À “l’État ne peut pas tout”, on veut instaurer “l’État veut pouvoir”. Il faut continuer à porter des débats sur l’interventionnisme de la puissance publique. Par exemple sur l’interdiction des licenciements boursiers, qui concerne en ce moment les salariés de Sanofi… » 

Ces louanges ne valent pas pour autant conversion unanime à une vaste politique de nationalisations, loin de là. « Ce n’est pas simple car nationaliser c’est utiliser l’argent du contribuable, et il faut alors fixer des règles d’intervention précises. Devrait-on par exemple nationaliser Sanofi qui est en train de licencier à Toulouse ? » s’interroge Catherine Lemorton, présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée.

« Une nationalisation ne se met pas en place en cinq minutes, abonde François Brottes, qui dirige la commission des affaires économiques. Et cette procédure pourrait ensuite faire jurisprudence, être réclamée par des centaines de sites. » Par ailleurs, selon l’entourage du premier ministre, « la mise en œuvre opérationnelle est extrêmement lourde ». Faire voter la loi permettant la nationalisation d’un site industriel (encore plus d'une partie d'un site industriel comme dans le cas de Florange) aurait pris des mois, sans compter les possibles recours juridiques.

Proche de Jean-Marc Ayrault, le député Christophe Castaner estime ainsi que la nationalisation doit rester une « arme nucléaire, dont la force de dissuasion réside dans le fait qu’elle n’est pas utilisée ». Même si « on ne peut pas l’exclure tout à fait pour préserver un outil industriel ». Mais comme ses camarades, il se réjouit qu’Arnaud Montebourg n’ait finalement pas claqué la porte. « Les primaires socialistes l’ont montré : Hollande-Ayrault d’un côté et Montebourg de l’autre représentent deux lignes différentes. Il n’en reste que pas moins que Montebourg va au front et prend des claques. Et le jour où il n’y aura que des sociaux-démocrates bon teint au gouvernement comme Ayrault ou moi, je m’inquiéterai ! »  

« Je suis heureux qu'Arnaud reste au gouvernement, plaide aussi Régis Juanico, à l’aile gauche du PS. Il a été utile pour faire pencher la séquence et il le sera encore dans d’autres dossiers. » Pour Thomas Thévenoud, le ministre est même politiquement indispensable aux sociaux-démocrates Hollande et Ayrault, adeptes du compromis permanent : « Hollande a besoin de lui, du courage qu’il incarne, de sa résonance dans l’opinion même si parfois certains pensent qu’il en fait trop. » « La vraie question en ce moment, c’est quelle autorité politique on déploie face aux hauts fonctionnaires, estime un conseiller ministériel. Arnaud a fait en sorte que son administration, pourtant rétive à l’origine, travaille sur le dossier Florange. Ayrault, c’est l’inverse. C’est comme si c’était le premier ministre qui bossait pour ses hauts fonctionnaires… »  

Malgré la claque du week-end, les amis de Montebourg sont d’ailleurs persuadés que la stratégie de leur poulain finira par payer. « Dans deux ou trois ans, quand Florange reviendra sur le devant de la scène parce que Mittal n'aura pas tenu ses promesses, on se souviendra de Montebourg et de son combat culturel sur la nationalisation sur lequel il a construit un large consensus. L'histoire lui donnera raison sur la longueur du quinquennat », veut croire un de ses proches. « L’objectif, c’est de pousser jusqu’au bout les contradictions au sein du gouvernement », estime un ami du ministre. Qui le voit déjà en recours pour, un jour, remplacer Ayrault. Celui-là même qui, samedi, l’a publiquement désavoué.

Et si Montebourg n’avait pas tout perdu?

Recours ?

Ayrault et Montebourg (en arrière-plan)Ayrault et Montebourg (en arrière-plan)© Reuters 

Élu de Saône-et-Loire, le député Thomas Thévenoud salue lui aussi l’affirmation « d’une marque et d’une ligne Montebourg : on a un ministre qui se bat pour stopper l'hémorragie industrielle et il envisage tous les possibles, y compris ceux historiquement écartés par la gauche depuis 20 ans. Il ne s’interdit pas une rupture avec un discours politique à gauche qui se contente de parler de régulation ». 

« Montebourg prouve qu’une prise de contrôle public d’une entreprise ou d’un site industriel n'est pas une utopie, juge le député Olivier Dussopt, proche de Martine Aubry et Benoît Hamon. Il y a deux ans, si on avait mis la nationalisation temporaire dans notre programme, certains nous auraient traités de fous. Cette fois, même des élus de droite (Henri Guaino, Jean-Louis Borloo ou l’ancien ministre de l’économie Thierry Breton, ndlr) ont expliqué que c’était possible. » Pour cet élu d'Ardèche, « cela montre que la dureté de la crise implique de nouvelles solutions. Et que nous devons avoir des attitudes plus audacieuses. » 

Il rappelle ainsi que début 2012, François Hollande avait signé une proposition de loi obligeant un groupe à céder des sites industriels rentables. Il s’était engagé à la faire voter une fois élu, mais la loi a été renvoyée à la négociation entre partenaires sociaux et n’est toujours pas adoptée.

L’affaire Florange ne serait donc qu’un avant-goût d’autres batailles. « Malheureusement il y aura d'autres cas de ce genre, et dans cette lutte la nationalisation temporaire reste un outil pratique », dit Philippe Doucet. « Toute la question est de savoir si Ayrault a adressé une fin de non-recevoir ou si une porte est aujourd’hui entrebâillée, estime à la gauche du parti Jérôme Guedj. À “l’État ne peut pas tout”, on veut instaurer “l’État veut pouvoir”. Il faut continuer à porter des débats sur l’interventionnisme de la puissance publique. Par exemple sur l’interdiction des licenciements boursiers, qui concerne en ce moment les salariés de Sanofi… » 

Ces louanges ne valent pas pour autant conversion unanime à une vaste politique de nationalisations, loin de là. « Ce n’est pas simple car nationaliser c’est utiliser l’argent du contribuable, et il faut alors fixer des règles d’intervention précises. Devrait-on par exemple nationaliser Sanofi qui est en train de licencier à Toulouse ? » s’interroge Catherine Lemorton, présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée.

« Une nationalisation ne se met pas en place en cinq minutes, abonde François Brottes, qui dirige la commission des affaires économiques. Et cette procédure pourrait ensuite faire jurisprudence, être réclamée par des centaines de sites. » Par ailleurs, selon l’entourage du premier ministre, « la mise en œuvre opérationnelle est extrêmement lourde ». Faire voter la loi permettant la nationalisation d’un site industriel (encore plus d'une partie d'un site industriel comme dans le cas de Florange) aurait pris des mois, sans compter les possibles recours juridiques.

Proche de Jean-Marc Ayrault, le député Christophe Castaner estime ainsi que la nationalisation doit rester une « arme nucléaire, dont la force de dissuasion réside dans le fait qu’elle n’est pas utilisée ». Même si « on ne peut pas l’exclure tout à fait pour préserver un outil industriel ». Mais comme ses camarades, il se réjouit qu’Arnaud Montebourg n’ait finalement pas claqué la porte. « Les primaires socialistes l’ont montré : Hollande-Ayrault d’un côté et Montebourg de l’autre représentent deux lignes différentes. Il n’en reste que pas moins que Montebourg va au front et prend des claques. Et le jour où il n’y aura que des sociaux-démocrates bon teint au gouvernement comme Ayrault ou moi, je m’inquiéterai ! »  

« Je suis heureux qu'Arnaud reste au gouvernement, plaide aussi Régis Juanico, à l’aile gauche du PS. Il a été utile pour faire pencher la séquence et il le sera encore dans d’autres dossiers. » Pour Thomas Thévenoud, le ministre est même politiquement indispensable aux sociaux-démocrates Hollande et Ayrault, adeptes du compromis permanent : « Hollande a besoin de lui, du courage qu’il incarne, de sa résonance dans l’opinion même si parfois certains pensent qu’il en fait trop. » « La vraie question en ce moment, c’est quelle autorité politique on déploie face aux hauts fonctionnaires, estime un conseiller ministériel. Arnaud a fait en sorte que son administration, pourtant rétive à l’origine, travaille sur le dossier Florange. Ayrault, c’est l’inverse. C’est comme si c’était le premier ministre qui bossait pour ses hauts fonctionnaires… »  

Malgré la claque du week-end, les amis de Montebourg sont d’ailleurs persuadés que la stratégie de leur poulain finira par payer. « Dans deux ou trois ans, quand Florange reviendra sur le devant de la scène parce que Mittal n'aura pas tenu ses promesses, on se souviendra de Montebourg et de son combat culturel sur la nationalisation sur lequel il a construit un large consensus. L'histoire lui donnera raison sur la longueur du quinquennat », veut croire un de ses proches. « L’objectif, c’est de pousser jusqu’au bout les contradictions au sein du gouvernement », estime un ami du ministre. Qui le voit déjà en recours pour, un jour, remplacer Ayrault. Celui-là même qui, samedi, l’a publiquement désavoué.

Et si Montebourg n’avait pas tout perdu?

Recours ?

Ayrault et Montebourg (en arrière-plan)Ayrault et Montebourg (en arrière-plan)© Reuters 

Élu de Saône-et-Loire, le député Thomas Thévenoud salue lui aussi l’affirmation « d’une marque et d’une ligne Montebourg : on a un ministre qui se bat pour stopper l'hémorragie industrielle et il envisage tous les possibles, y compris ceux historiquement écartés par la gauche depuis 20 ans. Il ne s’interdit pas une rupture avec un discours politique à gauche qui se contente de parler de régulation ». 

« Montebourg prouve qu’une prise de contrôle public d’une entreprise ou d’un site industriel n'est pas une utopie, juge le député Olivier Dussopt, proche de Martine Aubry et Benoît Hamon. Il y a deux ans, si on avait mis la nationalisation temporaire dans notre programme, certains nous auraient traités de fous. Cette fois, même des élus de droite (Henri Guaino, Jean-Louis Borloo ou l’ancien ministre de l’économie Thierry Breton, ndlr) ont expliqué que c’était possible. » Pour cet élu d'Ardèche, « cela montre que la dureté de la crise implique de nouvelles solutions. Et que nous devons avoir des attitudes plus audacieuses. » 

Il rappelle ainsi que début 2012, François Hollande avait signé une proposition de loi obligeant un groupe à céder des sites industriels rentables. Il s’était engagé à la faire voter une fois élu, mais la loi a été renvoyée à la négociation entre partenaires sociaux et n’est toujours pas adoptée.

L’affaire Florange ne serait donc qu’un avant-goût d’autres batailles. « Malheureusement il y aura d'autres cas de ce genre, et dans cette lutte la nationalisation temporaire reste un outil pratique », dit Philippe Doucet. « Toute la question est de savoir si Ayrault a adressé une fin de non-recevoir ou si une porte est aujourd’hui entrebâillée, estime à la gauche du parti Jérôme Guedj. À “l’État ne peut pas tout”, on veut instaurer “l’État veut pouvoir”. Il faut continuer à porter des débats sur l’interventionnisme de la puissance publique. Par exemple sur l’interdiction des licenciements boursiers, qui concerne en ce moment les salariés de Sanofi… » 

Ces louanges ne valent pas pour autant conversion unanime à une vaste politique de nationalisations, loin de là. « Ce n’est pas simple car nationaliser c’est utiliser l’argent du contribuable, et il faut alors fixer des règles d’intervention précises. Devrait-on par exemple nationaliser Sanofi qui est en train de licencier à Toulouse ? » s’interroge Catherine Lemorton, présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée.

« Une nationalisation ne se met pas en place en cinq minutes, abonde François Brottes, qui dirige la commission des affaires économiques. Et cette procédure pourrait ensuite faire jurisprudence, être réclamée par des centaines de sites. » Par ailleurs, selon l’entourage du premier ministre, « la mise en œuvre opérationnelle est extrêmement lourde ». Faire voter la loi permettant la nationalisation d’un site industriel (encore plus d'une partie d'un site industriel comme dans le cas de Florange) aurait pris des mois, sans compter les possibles recours juridiques.

Proche de Jean-Marc Ayrault, le député Christophe Castaner estime ainsi que la nationalisation doit rester une « arme nucléaire, dont la force de dissuasion réside dans le fait qu’elle n’est pas utilisée ». Même si « on ne peut pas l’exclure tout à fait pour préserver un outil industriel ». Mais comme ses camarades, il se réjouit qu’Arnaud Montebourg n’ait finalement pas claqué la porte. « Les primaires socialistes l’ont montré : Hollande-Ayrault d’un côté et Montebourg de l’autre représentent deux lignes différentes. Il n’en reste que pas moins que Montebourg va au front et prend des claques. Et le jour où il n’y aura que des sociaux-démocrates bon teint au gouvernement comme Ayrault ou moi, je m’inquiéterai ! »  

« Je suis heureux qu'Arnaud reste au gouvernement, plaide aussi Régis Juanico, à l’aile gauche du PS. Il a été utile pour faire pencher la séquence et il le sera encore dans d’autres dossiers. » Pour Thomas Thévenoud, le ministre est même politiquement indispensable aux sociaux-démocrates Hollande et Ayrault, adeptes du compromis permanent : « Hollande a besoin de lui, du courage qu’il incarne, de sa résonance dans l’opinion même si parfois certains pensent qu’il en fait trop. » « La vraie question en ce moment, c’est quelle autorité politique on déploie face aux hauts fonctionnaires, estime un conseiller ministériel. Arnaud a fait en sorte que son administration, pourtant rétive à l’origine, travaille sur le dossier Florange. Ayrault, c’est l’inverse. C’est comme si c’était le premier ministre qui bossait pour ses hauts fonctionnaires… »  

Malgré la claque du week-end, les amis de Montebourg sont d’ailleurs persuadés que la stratégie de leur poulain finira par payer. « Dans deux ou trois ans, quand Florange reviendra sur le devant de la scène parce que Mittal n'aura pas tenu ses promesses, on se souviendra de Montebourg et de son combat culturel sur la nationalisation sur lequel il a construit un large consensus. L'histoire lui donnera raison sur la longueur du quinquennat », veut croire un de ses proches. « L’objectif, c’est de pousser jusqu’au bout les contradictions au sein du gouvernement », estime un ami du ministre. Qui le voit déjà en recours pour, un jour, remplacer Ayrault. Celui-là même qui, samedi, l’a publiquement désavoué.



08/04/2013
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