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DISTANCE DANS LE CHAOS DU SARKOZYSME AVEC LIBERATION

Distance

 
Par Nicolas DEMORAND

En 2007, le storytelling sarkozien avait été formulé sans détour par l’un de ses conseillers : «La réalité n’a aucune importance. Il n’y a que la perception qui compte.» D’où les cinq années de vidéocratie, de gouvernement par et pour l’image. En 2012, un autre conseiller invite désormais les médias à s’intéresser à «l’histoire qui est en train de s’écrire» dans cette campagne. De manière chaotique, au passage, puisque ce ne sont pas moins de trois scénarios qui ont été essayés, ces dernières semaines, sans aucun effet sur les courbes d’opinion : «le capitaine à la barre en pleine tempête» ; «le réformateur jusqu’au bout» ; «sus au halal !», sans oublier la séquence «émotion et états d’âme», avec abandon de la vie politique en cas d’échec. La nouvelle fiction décrit désormais un président devenu l’homme du peuple, le pourfendeur des élites et de ce qu’on appelait autrefois le cosmopolitisme, aujourd’hui le «transfrontiérisme». Un sondage, démenti quelques heures plus tard par un autre, qui dit exactement l’inverse, viendrait valider ce nouveau scénario. Et voilà que toute la machine s’emballe, sans distance, sans patience, comme au bon vieux temps. Le tournant de la campagne ! Oublié, le quinquennat qui vient de s’écouler et a enseigné que le sarkozysme se nourrissait de ces grands spasmes médiatiques, qu’il était un «présentisme» pensé pour frapper les esprits dans l’instant. Et masquer la triviale réalité : celle d’une campagne attrape-tout qui, jusqu’à aujourd’hui et jusqu’à preuve du contraire, n’est ni parvenue à imposer ses thèmes, ni à dessiner de cohérence.



14/03/2012
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