laulaublog

Voilà j'ai fini le livre de Montebourg "des idées et des rêves". J'y ai trouvé ce que je ne croyais plus devoir émaner du socialisme - une conception neuve de cette société laminée par la droite et une gauche qui fut en tous cas gestionnaire d'un libéralisme que nous ne voulons plus. Tout est passé au crible, accompagné de propositions réalistes et convaincantes. Le livre est dense : on ne peut guère rénover cette société libéraliste et ultra-sécuritaire en livre-plaquette et résolutions à l'emporte-pièce. Surtout quand on donne les conditions d'application de ses idées. Idéal mais pragmatique. Pas moins de 338 pages, mais que les plus rétifs à la lecture l'achètent quand même. A la fin de chaque chapitre, il y a un résumé des propositions de Montebourg.

Des "propositions pour étendre un nouveau modèle de capitalisme coopératif", "des radars et des gendarmes sur les routes de la finances" - et là enfin, les décisions nécessaires pour que les fortunes accumulées par la spéculation boursière soient non seulement taxées mais servent à redistribuer dans l'économie- pour les salaires et l'aide aux petites et moyennes entreprises, mais ceci est le minima, Montebourg va bien au delà, de la prise en compte très sérieuse de l'écologie  à la pensée d'une démondialisation et de l'échec de "l'Europe Unie", voilà que se libère une autre perspective, une autre conception du monde et de sa régulation. Priorité aux chercheurs qui tous s'en vont faute d'être bien payés en France, repenser tous les secteurs publics,

en finir avec l'hystérie sécuritaire et apprendre le savoir-vivre ensemble, avec certaines conditions. A la fin une ébauche de sa conception de la "sixième république", qui suppose plus de participation des français à leur destin.

Je n'ai fait que résumer, et j'ai sans doute oublié bien des lignes conductrices.

Pour les mises en oeuvre, pour point par point voir ce qui ne va pas dans cette société ultra-libéral (et ses échecs patents) se reporter au livre !

Ce que propose Montebourg est loin d'être irréalisable, et colle aux désirs de changement non seulement d'une partie des gens de gauche, mais aussi de la gauche de la gauche. Mot qu'il faudrait éviter finalement. Car enfin les idées de Montebourg ne sont pas seulement "contre" elles énoncent, je le répète, les conditions pour les appliquer.

Bien sûr cela  ne sera pas facile. Mais la crise économique que nous avons vécu, et celle des pays d'Europe qui, en ce moment, "plongent" -qui nous dit qu'elle nous épargnera ? et quand bien même-appelle à une reconstruction que beaucoup d'entre nous seraient prêt à accueillir, y compris nos voisins européens, moins par les USA et la Chine,  qui eux, ont su protéger , surtout la chine, leur économie. A quel prix humain, c'est à débattre aussi.

Le "vivre ensemble" n'est pas acquis pour moi. Le pouvoir sarkozyste a su jeter une méfiance terible entre français et musulman et l'inverse. Le tout sur fond de 11 Septembre où tout muslman devenait un ennemi potentiel. les discours sécuritaires, les réflexes d'identité nationale, on le sait touchent aussi les ouvriers et les classes poulaires.

Mais il y a des religieux musulmans modérés en France. Montebourg s'attaque aussi au problème des ghettos où nul, pas même les flics ne s'aventurent. Il donne des solutions aussi.

Ce vivre ensemble se double pour moi d'une autre question : la démocratie où les citoyens s'affirmeraient davantage (Ségolène avait déjà lancé sa démocratie participative lors de la bataille pour les élections). Citoyens matraqués à longueur de temps par la télé qui forme leur esprit et incite parfois des villages entiers où il ne se passe rien, aucune délinquance, à voter en majorité Le Pen "avec tout ce qu'on voit à la télé". IL est vrai que pour cette élection calamiteuse les médias avaient augmenté de 300% le traitement des faits divers...et ont ensuite fait leur autocritique, mais le mal était fait...

Cela me fait un peu peur. est-ce que je suis victime d'élitisme, est-ce que vivant dans une ville qui a été régie par le F.N. (les deux candidats de gauche s'étaient maintenus..), est-ce que je ne suis pas trop pessimiste ?

Mais j'ai repensé à mai 68 qui a dévérouillé tant de choses : les gens se parlaient, les gens inventaient des choses, les gens pris dans une dynamique "révolutionnaire" - je mets le mot entre parenthèse- étaient singulièrement devenus acteurs de leur destin, chacun apportant le quota de réforme, d'idées, et ce, à quelques niveaux social que ce fut.

Alors, alors...je revois encore ces habitants de la basse-ville où nous avions monté une galerie coopérative, dans une ville sérieusement démunie de lieux consacrés aux arts plastiques, oui, je revois ces personnes ouvriers, ou artisans qui s'arrêtaient et nous demandaient "Qu'est-ce qu'il a voulu faire le peintre là ? " ou "Je ne comprends pas mais allez-y les petits !".Ils étaient nombreux à nous parler et à vouloir comprendre l'art contemporain.

Alors, alors..je me dis, me souvenant de 68, qu'on peut avoir foi dans les hommes et dans leurs aptitude à réagir, à penser autrement.

Penser la société autrement, et, ce, d'une façons claire et imparable, c'est ce à quoi nous convie Montebourg avec ses idées bien chevillées et ses rêves qui ne sont pas si loin d'une réalité possible, peut-être plus tôt qu'on ne l'imagine.

Laulau