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CRISE DE LA DROITE A AVIGNON

A Avignon, une affaire d'emploi fictif accélère la crise de la droite

|  Par Boris De La Cruz

On la croyait inébranlable… elle est à terre. Marie-Josée Roig, inamovible maire UMP d’Avignon depuis dix-huit ans, quitte la scène politique par la toute petite porte. Elle a disparu de sa ville lorsque les révélations sur l’emploi fictif de son fils ont été publiées. Depuis, la droite se déchire de plus belle.

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Avignon, de notre envoyé spécial

Madame la maire, verbe haut et caractère d'acier, est devenue invisible dans son fief. Face au scandale politique qui dévaste son propre clan, elle est partie se ressourcer en Espagne. Sa fin de mandat est des plus chaotiques, placée sous le règne d'accusations de corruption puisque son fils, Jean-Christophe Roig, aurait été bénéficiaire d’un emploi fictif d’attaché parlementaire. Il a occupé cette fonction auprès de sa mère durant cinq ans, de 2007 à 2012, en étant rétribué 5 200 euros par mois... pour ne rien faire.

C'est à Avignon, aux côtés de Marie-Josée Roig, que Jacques Chirac avait annoncé sa candidature, en février 2002.C'est à Avignon, aux côtés de Marie-Josée Roig, que Jacques Chirac avait annoncé sa candidature, en février 2002.© (Reuters)

Même les amis politiques et les plus proches collaborateurs de Marie-Josée Roig ne connaissaient pas cet emploi du fils. Pendant cinq ans, nul ne l'a vu à l’Assemblée nationale et son rôle politique dans le Vaucluse a été inexistant. Une plainte pénale a été déposée pour connaître les dessous de cet emploi fantôme. « Il ne faut pas cacher la vérité. J’ai appris son rôle d’assistant parlementaire par la presse. Il n’a jamais travaillé de près ou de loin avec Marie-Josée », se désole un ancien proche collaborateur de celle qui reste maire d’Avignon jusqu’à la fin de son mandat en mars prochain.  

L’ex-ministre de la famille de Jacques Chirac, ancienne députée du Vaucluse, a annoncé par un simple communiqué son retrait de la vie politique. « Finir comme ça, c’est triste, surtout après trois mandats de maire où elle est loin d’avoir démérité. Moi non plus, je ne savais pas que son fils avait été son attaché parlementaire, souligne un homme qui travaille en mairie depuis près de deux décennies. Mais c’est vrai aussi que son fils était sa faiblesse. Elle se préoccupait beaucoup pour lui. De là à lui créer un emploi fictif payé sur fonds publics, ce n’est pas envisageable. »

En plus de cet emploi de tout repos, le fils de madame la maire aurait perçu plus de 2 000 euros tous les six mois de « frais » liés à son statut d’attaché parlementaire. En 2012, lorsque Marie-Josée Roig a terminé son mandat de député sans se représenter aux législatives, son fils a également empoché 20 000 euros d’indemnités de rupture de contrat. Depuis, il est inscrit au chômage à 2 700 euros mensuels versés par Pôle Emploi, souligne le site Avi City local News, qui a révélé l'affaire.

« C'est un coup de traître, ces révélations à cinq mois des municipales ne peuvent venir que d’un très très proche, poursuit ce fidèle de la maire qui cherche à savoir par tous les moyens qui a balancé. On n’est jamais trahi que par les siens, mais le coup nous met K.O., car déjà avant cette affaire, la droite avignonnaise était déchirée. »

Depuis l'annonce faite par Marie-Josée Roig qu'elle ne briguerait pas un quatrième mandat de maire, plus rien n'allait à droite. Elle avait mis sur orbite Bernard Chaussegros, surnommé « le parachuté » par certains élus de droite à Avignon qui ne veulent pas entendre parler de celui qui, pourtant, est né et a grandi dans le Vaucluse, à quelques kilomètres d’Avignon ! Devenu chef d’entreprise, il est toujours le vice-président d’Euromédia France et l’un des responsables du club de football Arles-Avignon qui œuvre en Ligue 2.

Sitôt Bernard Chaussegros investi par l'UMP, des élus, soutiens indéfectibles de Marie-Josée Roig depuis de nombreuses années, sont entrés en dissidence pour protester contre son arrivée inattendue sur la scène politique avignonnaise. Une seconde liste, soutenue et managée par le sénateur UMP d’Avignon Alain Dufaut, veut jouer les trouble-fête à droite. « Il est hors de question d’avoir Bernard Chaussegros comme leader, on peut s’entendre sur beaucoup de choses mais pas sur cela. Il y a des gens bien plus légitimes que lui pour mener la liste de droite », affirme le sénateur Dufaut, opposant légendaire de Marie-Josée Roig… et de celui qu’elle a choisi pour lui succéder.

Le sénateur soutient donc Frédéric Rogier (son site ici), ancien adjoint de Marie-Josée Roig, exclu récemment de l’UMP. Il s’est lui-même discrédité auprès d’une bonne partie de ses électeurs après une rencontre avec Jean-Marie Le Pen. Il a essayé de nier ces discussions avant de les reconnaître du bout des lèvres et, encore aujourd’hui, son nom circule pour éventuellement mener la liste FN.

 

 



04/11/2013
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