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CRISE DE l'UMP: Marine Le Pen renforcée

UMP : à qui profite la crise ? (libé)

30 novembre 2012 à 

Sarkozy a sommé Copé et Fillon de s’entendre avant mardi. Un épisode de plus d’une guerre qui accroît la défiance envers les responsables politiques.

Par Jonathan Bouchet-Petersen Dessin Willem

Le feuilleton UMP lasse les Français et énerve au plus haut point Nicolas Sarkozy. L’ex-chef de l’Etat l’a fait savoir vendredi en mettant la pression sur les deux protagonistes de l’histoire. Si François Fillon et Jean-François Copé ne trouvent pas «avant mardi» une solution pour sortir de la crise de la présidence de l’UMP, a-t-il menacé, il dira «publiquement» qu’ils sont «disqualifiés», l’un et l’autre pour conduire le parti. Sarkozy a brandi cet ultimatum après s’être entretenu vendredi au téléphone avec Fillon et après avoir déjeuné, jeudi, avec Copé.

 

Mais les rodomontades sarkozystes risquent d’avoir peu d’effet sur le discrédit qui entache le parti qu’il a présidé, coupable, selon certains, d’avoir commis «le pire de ce que la politique peut faire». Car ce n’est pas l’UMP seule qui risque de pâtir de cette guerre des ego. L’ensemble des partis, à l’exception du FN sans doute, risque d’être éclaboussé par les éclats de violence qui ont secoué la principale formation d’opposition.

Chercheuse au Cévipof, un centre de recherche de Sciences-Po, la sociologue Anne Muxel (lire son interview sur Libération.fr) juge ce spectacle«sidérant». «Cela fait plus qu’apporter de l’eau au moulin de la défiance que les Français entretiennent à l’égard des politiques», analyse-t-elle. Et de ce scrutin qui a dégénéré, dont les grands perdants seraient les deux rivaux, elle fait indirectement du FN et de l’abstention les grands gagnants.

Inquiets. Une crainte désormais partagée par la plupart des ténors du PS et de l’UMP. Car si la majorité s’est d’abord moquée des déboires de la droite, manière aussi d’exorciser l’image détestable qu’a laissée dans les esprits le congrès du PS à Reims en 2008, les poids lourds socialistes ont vite rejoint le camp des inquiets. «Je ne me réjouis pas de ce qui se passe, assure le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici. Ce n’est pas un bon signe pour la démocratie française.» Même son de cloche mercredi à la sortie du Conseil des ministres, où la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a jugé «affligeant et préoccupant pour la démocratie» la crise à l’UMP. «Je ne suis pas sûr que cette bataille qui s’éternise rende service au lien de confiance pourtant indispensable à renouer entre les Français et la politique», a-t-elle euphémisé.

Alors que la défiance grandissante envers les responsables des partis n’est pas une nouveauté, ce film à rallonge constitue un carburant dévastateur dans un pays où plus de 80% de la population considèrent déjà, selon le baromètre du Cévipof, que les politiques ne s’occupent pas d’eux. Anne Muxel pointe dans le comportement des dirigeants, UMP aujourd’hui et PS hier, «une absence préoccupante de sens des réalités». De quoi largement alimenter l’antienne populiste du «tous pourris», alors que le FN continue d’apparaître comme extérieur au jeu politique classique.

En embuscade, Marine Le Pen joue sur du velours en faisant du pugilat à l’UMP l’indicateur d’un «moment de déliquescence» généralisée propre à une recomposition dont elle compte bien tirer profit. Une perspective crédible pour Moscovici, convaincu que «le FN prospère quand la démocratie est dégradée, quand les idées n’existent plus».

Turpitudes. Bien décidé lui aussi à faire prospérer son UDI sans se brûler à l’incendie qui consume la maison UMP, Jean-Louis Borloo en a profité pour acter la fin du parti unique à droite. Et, à l’instar du FN, pour assurer que sa formation connaîtrait une importante vague d’adhésions. Dans un autre registre, le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, se «frotte les mains», pointant dans les turpitudes de l’UMP «un des symptômes d’une crise plus ample de la représentation et de la décomposition de la sphère politique». D’après lui, un préalable nécessaire au «processus de la révolution citoyenne dans lequel le peuple commence par se retirer de toutes les institutions politiques». Un retrait qui se manifeste, selon lui, par les forts taux d’abstention - hors présidentielle -, mais qu’Anne Muxel distingue d’un désintérêt pour la chose politique : «C’est tout le hiatus français. D’un côté, la défiance pour les élites est très forte et, de l’autre, 60% des Français disent s’intéresser à la politique…»



01/12/2012
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