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CONFLITS SOCIAUX : WALS SE TROMPE D'ADVERSAIRE

Conflits sociaux : «Valls se trompe d’adversaire»

« Valls se trompe d’adversaire. Les casseurs, les voyous, ce sont les patrons qui ruinent nos départements, nos régions, pas nous qui nous battons pour sauver nos emplois, nos enfants. » Jean Mangin, syndicaliste CGT Arcelor-Mittal, a éructé de colère la semaine dernière devant son poste de télévision lorsqu’il a entendu l’avertissement lancé par Manuel Valls « aux ouvriers et aux ouvrières de France ». Repris en boucle sur toutes les ondes et les chaînes d’information, le ministre de l’intérieur s’est inquiété « des risques d’implosion ou d’explosion sociale » dans le pays et de « la radicalisation » de certains leaders syndicaux.

Jean Mangin croise le fer avec le magnat de l’acier Lakshmi Mittal depuis plus d’un an à Florange en Moselle. Comme des dizaines de camarades, il s’est senti « criminalisé et discrédité dans son action syndicale », « assimilé à un vulgaire délinquant ». Ce mardi 12 février, le métallo, « amoureux » de son outil de travail, ses hauts-fourneaux condamnés à l’arrêt, fera les cent pas en banlieue parisienne aux côtés des Goodyear avec son brassard et sa banderole rouge devant le siège du géant américain du pneumatique qui doit sceller, lors d’un comité central d’entreprise, son projet de fermeture de l’usine d’Amiens-Nord qui emploie 1 200 personnes. Des salariés venus des usines de Goodyear, PSA, ArcelorMittal ou Sanofi ainsi que le collectif Licenci'elles ont prévu de se rassembler en début de matinée à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). 

« C’est un fait : au moins 50 000 emplois sont d’ores et déjà menacés par un plan social et Arcelor, Petroplus, Goodyear, Sanofi, PSA, Virgin... ne sont que l’arbre qui cache une cascade de PSE. Mais de là à nous pointer responsable de la violence sociale alors que tout repose sur le patronat, il n’y a qu’un pas que le ministre a fait, poursuit Mangin. Il jette la suspicion sur les ouvriers et produit l’effet inverse. Au lieu de calmer les esprits, il ravive les rancœurs vis-à-vis du politique et accentue un peu plus le fossé entre le gouvernement socialiste et la classe ouvrière. »

Il est monté en voiture avec une délégation de sidérurgistes « par solidarité avec les Gooodyear » mais aussi « pour montrer aux caméras du monde entier que les ouvriers ne sont pas des casseurs ». Un rassemblement sous haute tension où plus d’un millier de salariés sont attendus « et sans doute autant de CRS », raille Jean Mangin. « Je viens pour hurler contre la casse de nos emplois, pas pour saccager comme le voudrait le ministre de l’intérieur le siège de Goodyear », assène le syndicaliste au casier judiciaire « vierge », tient-il à préciser, « étant donné la méfiance que veut susciter à notre égard le gouvernement ». 

Il a voté « pour le changement » en mai dernier. Huit mois plus tard, « échaudé », il « se mord les doigts », « profondément déçu » par la gestion des conflits sociaux sous l’ère Hollande. « C’est simple. Avec la gauche, nous avons deux fois plus de CRS que sous Sarkozy à chacune de nos actions. C’est le gouvernement qui se met la pression tout seul en envoyant des escadrons comme en temps de guerre pour nous provoquer et ensuite nous accuser de faire dégénérer la manifestation », note le métallo.

En cause : les propos du ministre de l'intérieur au micro d'Europe 1. « Il n'y a pas de place pour la violence. La police, elle fait son travail, mais on ne peut pas admettre qu'on cherche à casser l'outil de travail, à briser des mobiliers urbains, qu'on s'attaque à des édifices publics, qu'on lance des boulons sur des policiers », avait déclaré Manuel Valls. Le ministre s’appuie sur les remontées du terrain des services de renseignement, qui ont pour instruction de suivre « au plus près » les entreprises en difficulté, afin de prévenir « les risques d'incidents » ou d'éventuelles « menaces sur l'outil de production en cas de radicalisation d'un conflit ».

Les Arcelor-Mittal à Strasbourg face à un mur de CRS, le 6 février dernierLes Arcelor-Mittal à Strasbourg face à un mur de CRS, le 6 février dernier© reuters

Mangin, lui, a un contre-exemple aux propos de Valls : il y a quelques jours, mercredi 6 février, la manifestation franco-belgo-luxembourgeoise des Arcelor-Mittal devant le Parlement à Strasbourg. La fronde se voulait « européenne, pacifique ». Elle s’est soldée par plusieurs interpellations et blessés sous les gaz lacrimogènes, les tasers et les flashballs. « À cause des forces de l’ordre », pointent les syndicats organisateurs. Les cégétistes lorrains ont rapatrié un des leurs, Fred Maris, le responsable du collectif jeunes, « frappé par un énorme suppositoire », un tir de flashball dans l’estomac. « Il va mieux », annonce Jean Mangin qui était de la délégation française. Mieux que John David, un intérimaire belge de 25 ans qui a perdu l’usage d’un œil, sous les balles en caoutchouc.

Ce jour-là, « un pas inacceptable a été franchi », selon un syndicaliste wallon du syndicat belge FGTB, Jean-Michel Hutsebaut. L'incident a eu lieu lors d'un face-à-face tendu avec les forces de l'ordre, qui empêchaient les manifestants d'approcher du Parlement européen. L'IGPN (police des polices) et l'IGGN (inspection générale de la gendarmerie nationale) ont été saisis pour mener une enquête administrative et faire la lumière sur ce que les syndicats dénoncent être « une bavure policière ». 

« Les forces de l’ordre ont tout fait pour saboter la manif. Elles n’ont pas fait du préventif mais du répressif d’entrée de jeu en nous fouillant au corps, en nous confisquant tout objet, même nôtre. On devait être 2000 mais ils ont fait en sorte de tuer dans l’œuf la manifestation en nous parquant comme des vaches sur un parking pour que l’on ne soit que 500 », raconte un Arcelor mosellan, témoin de la scène.

Conflits sociaux : «Valls se trompe d’adversaire»

« Valls se trompe d’adversaire. Les casseurs, les voyous, ce sont les patrons qui ruinent nos départements, nos régions, pas nous qui nous battons pour sauver nos emplois, nos enfants. » Jean Mangin, syndicaliste CGT Arcelor-Mittal, a éructé de colère la semaine dernière devant son poste de télévision lorsqu’il a entendu l’avertissement lancé par Manuel Valls « aux ouvriers et aux ouvrières de France ». Repris en boucle sur toutes les ondes et les chaînes d’information, le ministre de l’intérieur s’est inquiété « des risques d’implosion ou d’explosion sociale » dans le pays et de « la radicalisation » de certains leaders syndicaux.

Jean Mangin croise le fer avec le magnat de l’acier Lakshmi Mittal depuis plus d’un an à Florange en Moselle. Comme des dizaines de camarades, il s’est senti « criminalisé et discrédité dans son action syndicale », « assimilé à un vulgaire délinquant ». Ce mardi 12 février, le métallo, « amoureux » de son outil de travail, ses hauts-fourneaux condamnés à l’arrêt, fera les cent pas en banlieue parisienne aux côtés des Goodyear avec son brassard et sa banderole rouge devant le siège du géant américain du pneumatique qui doit sceller, lors d’un comité central d’entreprise, son projet de fermeture de l’usine d’Amiens-Nord qui emploie 1 200 personnes. Des salariés venus des usines de Goodyear, PSA, ArcelorMittal ou Sanofi ainsi que le collectif Licenci'elles ont prévu de se rassembler en début de matinée à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). 

« C’est un fait : au moins 50 000 emplois sont d’ores et déjà menacés par un plan social et Arcelor, Petroplus, Goodyear, Sanofi, PSA, Virgin... ne sont que l’arbre qui cache une cascade de PSE. Mais de là à nous pointer responsable de la violence sociale alors que tout repose sur le patronat, il n’y a qu’un pas que le ministre a fait, poursuit Mangin. Il jette la suspicion sur les ouvriers et produit l’effet inverse. Au lieu de calmer les esprits, il ravive les rancœurs vis-à-vis du politique et accentue un peu plus le fossé entre le gouvernement socialiste et la classe ouvrière. »

Il est monté en voiture avec une délégation de sidérurgistes « par solidarité avec les Gooodyear » mais aussi « pour montrer aux caméras du monde entier que les ouvriers ne sont pas des casseurs ». Un rassemblement sous haute tension où plus d’un millier de salariés sont attendus « et sans doute autant de CRS », raille Jean Mangin. « Je viens pour hurler contre la casse de nos emplois, pas pour saccager comme le voudrait le ministre de l’intérieur le siège de Goodyear », assène le syndicaliste au casier judiciaire « vierge », tient-il à préciser, « étant donné la méfiance que veut susciter à notre égard le gouvernement ». 

Il a voté « pour le changement » en mai dernier. Huit mois plus tard, « échaudé », il « se mord les doigts », « profondément déçu » par la gestion des conflits sociaux sous l’ère Hollande. « C’est simple. Avec la gauche, nous avons deux fois plus de CRS que sous Sarkozy à chacune de nos actions. C’est le gouvernement qui se met la pression tout seul en envoyant des escadrons comme en temps de guerre pour nous provoquer et ensuite nous accuser de faire dégénérer la manifestation », note le métallo.

En cause : les propos du ministre de l'intérieur au micro d'Europe 1. « Il n'y a pas de place pour la violence. La police, elle fait son travail, mais on ne peut pas admettre qu'on cherche à casser l'outil de travail, à briser des mobiliers urbains, qu'on s'attaque à des édifices publics, qu'on lance des boulons sur des policiers », avait déclaré Manuel Valls. Le ministre s’appuie sur les remontées du terrain des services de renseignement, qui ont pour instruction de suivre « au plus près » les entreprises en difficulté, afin de prévenir « les risques d'incidents » ou d'éventuelles « menaces sur l'outil de production en cas de radicalisation d'un conflit ».

Les Arcelor-Mittal à Strasbourg face à un mur de CRS, le 6 février dernierLes Arcelor-Mittal à Strasbourg face à un mur de CRS, le 6 février dernier© reuters

Mangin, lui, a un contre-exemple aux propos de Valls : il y a quelques jours, mercredi 6 février, la manifestation franco-belgo-luxembourgeoise des Arcelor-Mittal devant le Parlement à Strasbourg. La fronde se voulait « européenne, pacifique ». Elle s’est soldée par plusieurs interpellations et blessés sous les gaz lacrimogènes, les tasers et les flashballs. « À cause des forces de l’ordre », pointent les syndicats organisateurs. Les cégétistes lorrains ont rapatrié un des leurs, Fred Maris, le responsable du collectif jeunes, « frappé par un énorme suppositoire », un tir de flashball dans l’estomac. « Il va mieux », annonce Jean Mangin qui était de la délégation française. Mieux que John David, un intérimaire belge de 25 ans qui a perdu l’usage d’un œil, sous les balles en caoutchouc.

Ce jour-là, « un pas inacceptable a été franchi », selon un syndicaliste wallon du syndicat belge FGTB, Jean-Michel Hutsebaut. L'incident a eu lieu lors d'un face-à-face tendu avec les forces de l'ordre, qui empêchaient les manifestants d'approcher du Parlement européen. L'IGPN (police des polices) et l'IGGN (inspection générale de la gendarmerie nationale) ont été saisis pour mener une enquête administrative et faire la lumière sur ce que les syndicats dénoncent être « une bavure policière ». 

« Les forces de l’ordre ont tout fait pour saboter la manif. Elles n’ont pas fait du préventif mais du répressif d’entrée de jeu en nous fouillant au corps, en nous confisquant tout objet, même nôtre. On devait être 2000 mais ils ont fait en sorte de tuer dans l’œuf la manifestation en nous parquant comme des vaches sur un parking pour que l’on ne soit que 500 », raconte un Arcelor mosellan, témoin de la scène.

Conflits sociaux : «Valls se trompe d’adversaire» (mediapart)

« Valls se trompe d’adversaire. Les casseurs, les voyous, ce sont les patrons qui ruinent nos départements, nos régions, pas nous qui nous battons pour sauver nos emplois, nos enfants. » Jean Mangin, syndicaliste CGT Arcelor-Mittal, a éructé de colère la semaine dernière devant son poste de télévision lorsqu’il a entendu l’avertissement lancé par Manuel Valls « aux ouvriers et aux ouvrières de France ». Repris en boucle sur toutes les ondes et les chaînes d’information, le ministre de l’intérieur s’est inquiété « des risques d’implosion ou d’explosion sociale » dans le pays et de « la radicalisation » de certains leaders syndicaux.

Jean Mangin croise le fer avec le magnat de l’acier Lakshmi Mittal depuis plus d’un an à Florange en Moselle. Comme des dizaines de camarades, il s’est senti « criminalisé et discrédité dans son action syndicale », « assimilé à un vulgaire délinquant ». Ce mardi 12 février, le métallo, « amoureux » de son outil de travail, ses hauts-fourneaux condamnés à l’arrêt, fera les cent pas en banlieue parisienne aux côtés des Goodyear avec son brassard et sa banderole rouge devant le siège du géant américain du pneumatique qui doit sceller, lors d’un comité central d’entreprise, son projet de fermeture de l’usine d’Amiens-Nord qui emploie 1 200 personnes. Des salariés venus des usines de Goodyear, PSA, ArcelorMittal ou Sanofi ainsi que le collectif Licenci'elles ont prévu de se rassembler en début de matinée à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). 

« C’est un fait : au moins 50 000 emplois sont d’ores et déjà menacés par un plan social et Arcelor, Petroplus, Goodyear, Sanofi, PSA, Virgin... ne sont que l’arbre qui cache une cascade de PSE. Mais de là à nous pointer responsable de la violence sociale alors que tout repose sur le patronat, il n’y a qu’un pas que le ministre a fait, poursuit Mangin. Il jette la suspicion sur les ouvriers et produit l’effet inverse. Au lieu de calmer les esprits, il ravive les rancœurs vis-à-vis du politique et accentue un peu plus le fossé entre le gouvernement socialiste et la classe ouvrière. »

Il est monté en voiture avec une délégation de sidérurgistes « par solidarité avec les Gooodyear » mais aussi « pour montrer aux caméras du monde entier que les ouvriers ne sont pas des casseurs ». Un rassemblement sous haute tension où plus d’un millier de salariés sont attendus « et sans doute autant de CRS », raille Jean Mangin. « Je viens pour hurler contre la casse de nos emplois, pas pour saccager comme le voudrait le ministre de l’intérieur le siège de Goodyear », assène le syndicaliste au casier judiciaire « vierge », tient-il à préciser, « étant donné la méfiance que veut susciter à notre égard le gouvernement ». 

Il a voté « pour le changement » en mai dernier. Huit mois plus tard, « échaudé », il « se mord les doigts », « profondément déçu » par la gestion des conflits sociaux sous l’ère Hollande. « C’est simple. Avec la gauche, nous avons deux fois plus de CRS que sous Sarkozy à chacune de nos actions. C’est le gouvernement qui se met la pression tout seul en envoyant des escadrons comme en temps de guerre pour nous provoquer et ensuite nous accuser de faire dégénérer la manifestation », note le métallo.

En cause : les propos du ministre de l'intérieur au micro d'Europe 1. « Il n'y a pas de place pour la violence. La police, elle fait son travail, mais on ne peut pas admettre qu'on cherche à casser l'outil de travail, à briser des mobiliers urbains, qu'on s'attaque à des édifices publics, qu'on lance des boulons sur des policiers », avait déclaré Manuel Valls. Le ministre s’appuie sur les remontées du terrain des services de renseignement, qui ont pour instruction de suivre « au plus près » les entreprises en difficulté, afin de prévenir « les risques d'incidents » ou d'éventuelles « menaces sur l'outil de production en cas de radicalisation d'un conflit ».

Les Arcelor-Mittal à Strasbourg face à un mur de CRS, le 6 février dernierLes Arcelor-Mittal à Strasbourg face à un mur de CRS, le 6 février dernier© reuters

Mangin, lui, a un contre-exemple aux propos de Valls : il y a quelques jours, mercredi 6 février, la manifestation franco-belgo-luxembourgeoise des Arcelor-Mittal devant le Parlement à Strasbourg. La fronde se voulait « européenne, pacifique ». Elle s’est soldée par plusieurs interpellations et blessés sous les gaz lacrimogènes, les tasers et les flashballs. « À cause des forces de l’ordre », pointent les syndicats organisateurs. Les cégétistes lorrains ont rapatrié un des leurs, Fred Maris, le responsable du collectif jeunes, « frappé par un énorme suppositoire », un tir de flashball dans l’estomac. « Il va mieux », annonce Jean Mangin qui était de la délégation française. Mieux que John David, un intérimaire belge de 25 ans qui a perdu l’usage d’un œil, sous les balles en caoutchouc.

Ce jour-là, « un pas inacceptable a été franchi », selon un syndicaliste wallon du syndicat belge FGTB, Jean-Michel Hutsebaut. L'incident a eu lieu lors d'un face-à-face tendu avec les forces de l'ordre, qui empêchaient les manifestants d'approcher du Parlement européen. L'IGPN (police des polices) et l'IGGN (inspection générale de la gendarmerie nationale) ont été saisis pour mener une enquête administrative et faire la lumière sur ce que les syndicats dénoncent être « une bavure policière ». 

« Les forces de l’ordre ont tout fait pour saboter la manif. Elles n’ont pas fait du préventif mais du répressif d’entrée de jeu en nous fouillant au corps, en nous confisquant tout objet, même nôtre. On devait être 2000 mais ils ont fait en sorte de tuer dans l’œuf la manifestation en nous parquant comme des vaches sur un parking pour que l’on ne soit que 500 », raconte un Arcelor mosellan, témoin de la scène.



13/02/2013
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