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COMMENT ON CENSURE LES LIEUX DE CULTURE

Présentation

L'Observatoire de la censure

Créé en 2004 par Orphéon - Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti, l'Observatoire de la censure réunit des artistes, écrivains, éditeurs, programmateurs, bibliothécaires, journalistes... C'est un lieu de réflexion et d'information sur la censure, l'autocensure et la liberté d'expression. Il décerne chaque année le Prix Tartuffe à un écrivain ou artiste victime de la censure, ou à un livre qui défend la liberté d’expression.



Surplombant la vallée de La Roya (Alpes-Maritimes), le monastère franciscain de Saorge, classé monument historique en 1917, avait été racheté par l’État en 1967. Depuis 2001, il était devenu un lieu de « retraites d’écriture » accueillant, chaque année, une centaine d’écrivains, traducteurs, scénaristes et compositeurs du monde entier (Europe, Etats-Unis, Amérique du Sud, Asie, Océanie….). Les résidents participent activement à la vie culturelle locale. Le monastère de Saorge s’inscrit dans un réseau institutionnel national autour de la résidence d’écriture qui réunit le Centre national du livre, la Maison des Ecrivains et de la Littérature, le Collège International des traducteurs, la Société des gens de lettres,  la DRAC PACA et l’Académie de Nice. Le lieu est-il maintenant promis à un avenir moins culturel et plus «rentable» ?

Selon l’article du Figaro du 21 janvier 2010, signé par Claire Bommelaer, le monastère de Saorge serait l’un des premiers «monuments-tests» où serait menée, une «étude de faisabilité sur les conditions de création de structures d'hébergement dans les monuments nationaux». Ce projet fait suite à la convention signée en novembre 2009 entre Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, et Hervé Novelli, ministre du Tourisme.

La commune de Saorge et les « Amis du Monastère de Saorge »  s’inquiètent de ce projet d’«implantation d’une activité d’hôtellerie, gérée par une entreprise privée et prioritairement axée vers le tourisme d’affaire et de luxe»,  visant «à rendre le patrimoine culturel français avant tout "rentable" ». N'y a-t-il pas assez de palaces et de relais-châteaux dans les Alpes-Maritimes ?

Le sujet sera sans doute abordé au prochain Salon du livre de Paris (26-31 mars 2010) où sont prévues, le 29 et le 31 mars, deux rencontres organisées par la Fédération Interrégionale du Livre et de la Lecture (FILL) sur le thème  "Résidence; un  temps pour créer et partager" et "Résidences d'écrivains; les coulisses de la création ".

Une pétition est en ligne sur le site de la commune de Saorge)  : link
Samedi 13 mars 2010 6 13 /03 /2010 12:27


Henri Martin - 1

Le 13 mars 1950, un jeune marin de 23 ans, est arrêté dans l’Arsenal de Toulon pour avoir distribué des tracts contre la guerre d’Indochine. Cette information est tout d’abord relayée par un communiqué, signé “Les anciens de la mer Noire”,  paru dans le quotidien Le Petit Varois. Hélène Parmelin, journaliste à L’Humanité, qui suit le Tour de France, va découvrir pour la première fois l’inscription “Libérez Henri Martin”, sous les roues des vélos, lors du passage du Tour à Toulon le 29 juillet. Progressivement, ce mot d’ordre va se répandre hors du Var, connaître un retentissement national: naissance de ”l’affaire Henri Martin”, sujet de “Drame à Toulon”, pièce en trois actes et 19 tableaux de Claude Martin et Henri Delmas qui sera  créée par Les Pavés de Paris le 20 juin 1951.

L’acte d’Henri Martin n’est pas isolé. Durant l’année 1950, l’opposition à la guerre d’Indochine se manifeste régulièrement par des actions de résistance, comme celle  de Raymonde Dien. Si l’acte d’Henri Martin devient emblématique de la lutte pour la paix au Vietnam, cela est grandement dû à la personnalité de son auteur, à son parcours exemplaire, “héroïque”.
Né en 1927, à Rosières dans le Cher, Henri Martin entre en résistance à 16 ans et s’engage à 17 ans dans  les FTP.  Il signe ensuite un engagement pour cinq ans dans la Marine nationale avec la volonté de poursuivre la lutte contre le fascisme en Extrême-Orient. Quand Martin, engagé en avril 1945, arrive en octobre en Indochine, la lutte contre les Japonais (alliés de Vichy) est devenue celle contre les Vietnamiens aspirant à l’indépendance. Il est scandalisé par les violences faites aux populations civiles, notamment lors du bombardement naval de Haïphong qui fait 6.000 victimes, le 23 novembre 1946.
Après trois demandes de résiliation de son contrat, il est de retour à Toulon en décembre 1947. Suite à  l’interdiction par le préfet maritime, en juillet 1949, du journal Le Petit Varois dans l’Arsenal, il prend la tête d’un groupe de marins qui, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Arsenal, proteste contre les atteintes à la liberté de la presse, incite par voie de tracts, marins, dockers et personnel du port à ne plus participer à l’effort de guerre. Environ 16 tracts sont rédigés ainsi que des inscriptions “Paix au Vietnam” à la peinture au minium  à l’intérieur de l’Arsenal et même sur les bâtiments de la direction.
Arrêté le 13 mars 1950, le  second-maître mécanicien est jugé par un tribunal militaire, à Toulon, le 17 octobre. L’accusation de tentative de sabotage du Dixmude ayant été écartée, il est reconnu coupable de "tentative de démoralisation de l’armée et  d’apologie au refus d’obéissance". Il est condamné à cinq ans de prison et à la dégradation, malgré le témoignage favorable de l’amiral Moullec: “il y a une discipline supérieure aux ordres, celle que la nation, l’honneur dictent” .  Ses avocats Paul Vienney et Dominique Scarbonchi ayant fait appel, un nouveau procès a lieu à Brest  le 17 juillet 1951, mais la condamnation sera confirmée. Henri Martin sera incarcéré à la centrale de Melun, sous le matricule 2078.
Il sera libéré pour bonne conduite  le 2 août 1953, après quarante mois d’emprisonnement. Henri Martin est toujours vivant.

Jeudi 11 mars 2010 4 11 /03 /2010 08:30


Drame à Toulon - 2

La pièce de Claude Martin et Henri Delmas est écrite à chaud, suite au procès de Toulon, durant l’hiver 1950. Sa fin sera réactualisée après le procès de Brest. Elle est créée le 20 juin 1951 à Paris, dans la salle de la Grange-aux-Belles. Forme de théâtre documentaire, Drame à Toulon suit précisément la biographie d'Henri Martin. Pièce à conviction, elle fait le procès du procès, espérant influer sur son cours. Le début et la fin des scènes sont souvent ponctués de chansons, comme Au devant de la vie de Jeanne Perret, Gloire au 17ème, Adieu cher camarade (chanson traditionnelle de gaillard avant). Pour jouer les cinquante personnages, vingt acteurs sont nécessaires. Les deux auteurs font appel à de jeunes comédiens comme Jean-Jacques Aslanian, André Charpack, Jean Coste, Charles Denner, Raymond Gerbal, Jean Gruault, Henri Jouff, René-Louis Lafforgue, Jacques Lalande, Jeanne Le Gall, Annick Martin, Michel Puterflam,  Claude et Yvonne Olivier, Martin Trévières, José Valverde. Ils  seront parfois remplacés par René-Jean Chauffard, César Gattegno, Jacques Mignot, Paul Préboist, Edmond Tamiz, Antoine Vitez. Le dispositif scénique choisi, théâtre de tréteaux, léger et autonome, va permettre aux Pavés de Paris de jouer en salle comme en plein air. Une tournée dans toute la France est organisée et financée par le "Comité de défense Henri Martin" en liaison avec le Secours populaire. Parmi les  dirigeants du Comité de défense, on peut remarquer  la résistante Lucie Aubrac, le sénateur des Bouches-du-Rhône Léon David, et le député de Paris André Marty, n°3 du Parti communiste, condamné à 20 ans de prison pour s’être mutiné à Odessa en 1919, président d’honneur des “Anciens de la mer Noire”.
Très vite, la pièce est victime de diverses attaques - affiches lacérées, salle refusée au dernier moment, interdite par le maire, cernée par la police, représentation interrompue par une coupure d’électricité... - et particulièrement, d’interdictions préfectorales, dans une quinzaine de départements (Pas-de-Calais, Seine-inférieure...). La troupe des Pavés de Paris fait face. À Aix-en-Provence, le préfet refuse le théâtre, la pièce est jouée dans les jardins du Petit-Roquefavour. À Brignoles, le maire interdit la pièce, elle est jouée dans la rue. Privés de salle, dans l’impossibilité de monter les tréteaux en plein air, les comédiens jouent uniquement avec leurs costumes et les accessoires. A Brest, ils jouent une fois dans le centre ville en ruine sur des gravats, et une autre fois sur un tertre proche de la prison de Pontaniou où Martin est enfermé.  Dans cette partie de cache-cache avec la police, rien n’arrête les comédiens. À Nantes, ils joueront sur un bac qui traverse la Loire,  à Montataire sur un immense tas de charbon. Un soir, la pièce est jouée par la moitié de la  troupe, 9 des 18 acteurs ayant été arrêtés.
De juin 1951 à septembre 1952, la troupe des Pavés de Paris va jouer plus de 300 fois, devant 150.000 à 200.000 spectateurs, soit une moyenne - incroyable - de 700 personnes par représentation. Dans le n°15 de Théâtre populaire (1955), Sartre confiera à Bernard Dort qu’en France, “c’est le seul exemple de théâtre populaire” qu’il connaisse: la pièce "posait un problème politique, elle parlait de ce dont parlaient les ouvriers, le Parti, et elle était jouée devant les ouvriers, là où ils travaillaient.”
Dans un tel contexte, comment expliquer l’arrêt des représentations, en septembre 1952, alors que la pièce connaît un immense succès populaire, qu'elle a fait découvrir le théâtre à des gens qui n’en avaient jamais vu? Henri Martin est toujours au bagne, et la campagne pour sa libération ne faiblit pas.  Hélène Parmelin prépare un livre (Matricule 2078) qui sortira en juin 1953. Sartre et l’équipe des Temps modernes travaillent à l’ouvrage collectif qui réunira sous le titre de "L’affaire Henri Martin” (Gallimard) des textes de Vercors, Prévert, Michel Leiris, Francis Jeanson... Raymond Vogel et René Vautier préparent un film qui sortira en 1953, "D’autres sont seuls au monde" : document rare, il donne à voir  l’ampleur du mouvement de soutien à H. Martin et montre des représentations de Drame à Toulon. Faut-il, comme l'avance l’historien Alain Ruscio, lier l'arrêt de la pièce à l’exclusion fin 1952 d’André Marty, ”le mutin de la mer Noire”, seul  dirigeant communiste nommé dans la pièce et à qui est consacrée une scène entière  ? 
Pièce méconnue, maillon entre les expériences du Groupe Octobre et le théâtre militant des années 1966-1981 étudié par Biet et Neveux, "Drame à Toulon - Henri Martin" est à revisiter. La pièce a été rééditée en 1998 par University of Exeter Press, avec une préface de Ted Freeman.

Tract Henri Martin St Brieuc
Jeudi 11 mars 2010 4 11 /03 /2010 08:00


AIF liberte expression

Dans un communiqué, Amnesty International France proteste contre la décision de  l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP – ex BVP) de ne pas diffuser l’un des trois visuels de sa nouvelle campagne de publicité  diffusée du 3 au 9 mars 2010 dont l’accroche est "Les violations des droits humains sont toujours à la mode".
"Réalisée gracieusement par TBWA, cette campagne est composée de trois visuels qui mettent en scène trois cas de violations de droits humains : les violences conjugales, les expulsions forcées et la répression de la liberté d’expression. L’ARPP a recommandé de ne pas diffuser le visuel portant sur le dernier cas parce qu’il porterait "atteinte à l’image de la profession des policiers". L’objectif de ce visuel est d’illustrer la répression de la liberté d’expression de manière générique, rappelle Geneviève Garrigos, Présidente d’AIF. Comme les autres visuels de la campagne, il a été volontairement travaillé pour qu’il n’y ait pas d’association possible avec un pays en particulier ».
« Amnesty International travaille sur la répression de la liberté d’expression dans de nombreux pays, ajoute Geneviève Garrigos. Sur notre site internet en lien avec le visuel, nous appelons le grand public à agir contre les répressions massives après l'élection présidentielle contestée de juin 2009 en Iran ».
Cette campagne rappelle la mission première d’Amnesty International, défendre tous les articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme, partout dans le monde. Le message est simple : les violations des droits humains sont plus que jamais d’actualité. Au lieu de rester spectateur de cette triste réalité, Amnesty International appelle chacun à agir. "
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Pour rappel, en 2008 (voir Archives 19 juillet 2008), selon l’hebdomadaire Marianne, Amnesty International avait dû renoncer à sa campagne sur les droits de l'homme en Chine à quelques semaines du début des Jeux Olympiques. Déjà concoctée par l'agence TBWA, elle  avait été jugée trop brutale par la direction d'Amnesty, et trop anti commerciale par celle de TBWA.
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Mercredi 10 mars 2010 3 10 /03 /2010 10:22

À six  jours des élections régionales (14 et 21 mars 2010), la diffusion par le FN, sur son site internet et par voie d’affiche, d’un visuel  dénonçant l'islamisme, avec une femme entièrement voilée de noir, une carte de France couverte du drapeau algérien et de minarets en forme de missiles, fait l’objet de nombreuses attaques.
Lundi 8 mars, le TGI de Marseille a débouté la Licra (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme)  qui demandait l’arrêt de cette campagne d’affichage “antimusulmans”.
La décision du tribunal de Nanterre saisi en référé par le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'Amitié entre les peuples) est attendue vendredi 12 mars. Le chef du parti frontiste devrait comparaître pour une première audience devant le tribunal correctionnel de Paris, le 6 mai prochain, suite à une plainte de SOS Racisme. «Sous couvert de dénoncer l'extrémisme religieux, le leader du FN a très clairement marqué sa volonté de susciter la peur et le rejet à l'encontre de toutes personnes de confession musulmane, mais également des Français d'origine algérienne et des ressortissants algériens vivant en France», a jugé l'association.
Par ailleurs, lundi 8 mars, Mourad Medelci,  le ministre algérien des Affaires étrangères, a demandé «officiellement» à l'État français «de prendre les dispositions qui s'imposent lorsque des symboles de pays étrangers sont mis à genoux». «Nous déplorons avec force l'usage indigne et dégradant d'un drapeau national à des fins électoralistes», a répondu le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero. (Le Parisien libéré)
Pour rappel, l'agence de communication helvétique qui a conçu l'affiche pour l'UDC, le parti d’extrême droite suisse à l’origine du vote sur l’interdiction des minarets en automne 2009, crie au plagiat. Dans une interview accordée jeudi 25 février au quotidien La Liberté, Alexandre Segert, le directeur de l'agence Goal parlait même d'engager une action en justice contre le Front national : "Nous ne voulons pas que nos affiches soient instrumentalisées, voire détournées, par d'autres partis politiques ou groupements. Nous n'avons jamais travaillé pour le FN français. Et nous ne le ferons jamais". (Dijonscope)
Pire. Dans la Confédération hélvétique, des membres de l’UDC n’apprécient guère être associés au FN… «On se passerait aisément de cette promiscuité avec le FN dont je ne partage pas les valeurs, notamment par rapport à l’antisémitisme», a expliqué le vice-président neuchâtelois de l’UDC.

Visuels des 2 affiches : link




Mercredi 10 mars 2010 3 10 /03 /2010 10:11

L’Autorité de régularisation professionnelle de la publicité (ARPP)  a refusé  l’usage dans le métro parisien d’une photo de Jean-Baptiste Mondino, représentant une  jeune femme  blonde dans un chariot de supermarché, vêtue apparemment de ses seules chaussures. L’oeuvre de Mondino, surmontée de la mention “J’accuse”, est utilisée par le chanteur Damien Saez pour la couverture de son nouveau disque et pour l’affiche  annonçant ses concerts. L’ARPP  a motivé sa décision en déclarant: “ce visuel présente un caractère dégradant pour l'image de la femme, dans la mesure où elle apparaît nue, et, qui plus est, dans un chariot de supermarché, donc comme une marchandise. (...) la publicité ne peut, notamment, réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à la fonction d'objet, et, lorsque la publicité utilise la nudité, il convient de veiller à ce que sa représentation ne puisse être considérée comme dégradante." Incompris et en colère, le chanteur  a écrit : “Dis, quand viendra le temps où nous reverrons la liberté ailleurs que sur nos billets de banque ?” (AFP, 8 mars 2010)
Site Damien Saez: link

Dans le New Jersey, Elisa Gonzalez, une chroniqueuse judiciaire de 44 ans, a été contrainte de couvrir une version de la “Vénus de Milo” qu’elle avait sculptée dans la neige avec ses deux enfants de 21 et 12 ans. Un voisin, dans un appel anonyme à la police, s’était plaint du caractère licencieux de la "bonne femme de neige", la jugeant indécente. Mis en demeure par un policier de la détruire ou de la couvrir, Madame Gonzalez  l’a habillée d'un haut de bikini vert et d'un paréo bleu noué sur la hanche. (AFP, 4 mars 2010)

Mercredi 10 mars 2010 3 10 /03 /2010 10:03


Le quintette russe Bach Consort n'a pu interpréter le dernier mouvement (d'une durée de 4 minutes) d’une oeuvre de Vivaldi lors du concert qu’il donnait  à Rome, dans le Panthéon, dimanche 28 février 2010. Des employés, pointilleux sur les horaires, ont invité  les 1.500 spectateurs à sortir, puis ont débranché les micros et éteint les lumières : “Aujourd'hui c'est dimanche et le Panthéon ferme à 18h00, le concert se termine maintenant.” (La Repubblica)
Le ministre  des biens culturels, Sandro Bondi, a déclaré: "Ce comportement a offensé nos hôtes étrangers et donne une image détestable de notre pays."  Son sous-secrétaire d'État Francesco Giro a surenchéri: "L'épisode a causé des dommages incalculables sur le plan économique et à l'image de la ville de Rome. La vidéo circule dans le monde entier via YouTube et Rome en sort complètement ridiculisée." (AFP)

Vidéo "Concerto interotto Pantheon" :  link
Dimanche 7 mars 2010 7 07 /03 /2010 11:16

RiLi n° 16 mars-avril 2010

RiLi
, Revue internationale des Livres & des Idées, illustre quasiment tout son dernier numéro intitulé "Comment vivons-nous ?" (n° 16, mars-avril 2010) avec une série de trente photos d’oeuvres anonymes ornant les murs de Paris.
Les oeuvres, pour la plupart, ont été réalisées sur support papier puis collées, procédé affectionné par Ernest-Pignon-Ernest depuis les années 70 et adopté par la compagnie de théâtre de rue KompleXKapharnaüM pour “Memento”, son dernier spectacle (voir Archives 27 et 30 juillet 2009).
Elles ont été sélectionnées  dans le cadre de l'Opération Murs propres par un collectif,  le Comité Un-Visible - à ne pas confondre avec le Comité Invisible, auteur de “L’insurrection qui vient”.
Après les expositions “TAG au Grand Palais” ,“Né dans la rue” à la fondation Cartier (Voir aussi Archives, 3 novembre 2009) ce choix iconographique ne mériterait pas d’être particulièrement signalé, si le sommaire (page 3) du magazine bimestriel, ne contenait  ce  texte de présentation surprenant:

“Opération Murs propres”
est une collecte documentaire photographique sur l’état déplorable des murs parisiens réalisée par le Comité Un-Visible. Le Comité Un-Visible est un collectif d’esthètes et d’usagers anonymes des trottoirs parisiens mus par une irrépressible passion scopique, archivistique et policière. Le Comité Un-visible invite les propriétaires, les locataires et les riverains à appeller les deux numéros verts mis en place par les entreprises privées chargées du dégraffitage par la mairie de Paris (0 800 800 557 pour les immeubles situés  sur  la rive  droite de la Seine et 0 800 67 67 67 pour ceux situés sur la rive gauche). (L’enlèvement des affiches est de la responsabilité des services municipaux). Les emplacements de tous les graffitis et  affiches “sauvages” qui figurent dans la série “Opérations Murs propres” ont été  signalés par le Comité Un-visible aux services concernés.”


Cet appel ironique du Comité Un-Visible se surajoute aux autres appels incitant à la surveillance et à la délation sous couvert de civisme (”Voisins vigilants”, “Alerte enlèvement”...). La démarche interroge (entre canular et acte artistique ), comme celle de la “Manif de droite”, revendiquée par Fred Toush et Philippe Nicolle; vraie/fausse manifestation organisée à Paris en 2003 sur le thème "Nous sommes plus à droite que vous", elle  avait été prise par certains au premier degré ("À bas,  à bas le second degrè").

Revue Internationale des Livres et des Idées :link
"Manif de droite" : link
Jeudi 4 mars 2010 4 04 /03 /2010 07:38


Catalogue exposition Présumés Innocents

Évènement rarissime, passant outre les réquisitions du parquet de Bordeaux qui avait demandé un non-lieu, la juge d'instruction Marie-Noëlle Billaud avait décidé de renvoyer en correctionnelle pour deux délits ("Diffusion de l'image d'un mineur présentant un caractère pornographique" et “Diffusion de messages violents, pornographiques ou contraires à la dignité humaine susceptibles d'être vus par un mineur") les trois organisateurs de l’exposition “Présumés innocents” qui avait eu lieu en 2000 au Musée d’art contemporain de Bordeaux. (voir Archives 4 juillet 2009)
Henry-Claude Cousseau, aujourd’hui directeur de l'École nationale supérieure des Beaux Arts de Paris, et les deux commissaires de l'exposition, Stéphanie Trembley et Marie-Laure Besnard-Bernadac, avaient dénoncé  cette "tentative de criminalisation qui touche aujourd'hui les artistes, les acteurs et les lieux culturels qui les diffusent” et appellent “à la plus grande vigilance à l'égard d'une censure toujours prompte à instrumentaliser les causes les plus nobles, comme la protection de l'enfance, à des fins autoritaires et liberticides".
Ils n'auront finalement pas à comparaître.
La Chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux a rendu mardi  2 mars 2010 dans l’après-midi son arrêt dans le litige qui les  oppose à l'association de protection de l'enfance "La Mouette". La Chambre de l'instruction annule purement et simplement l'ordonnance de la juge. Il n'y aura donc pas de procès. (Sud Ouest, mardi 2 mars 2010, 17h01)
Dans son arrêt, que s'est procuré l'AFP, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux écrit "qu'en l'absence d'une détermination précise des oeuvres présentées, ni de la possibilité d'en apprécier le contenu, l'infraction ne saurait être établie". En effet, le magistrat en charge de l'instruction n'avait pu, au cours de son enquête, avoir accès à l'ensemble des oeuvres, la plainte ayant été déposée quelques jours après la fermeture de l’exposition. L'arrêt précise également "(...)que certaine oeuvres critiquées ont déjà fait l'objet d'exposition ou se trouvent dans des musées réputés, tels que le musée d'Art moderne de New York."
"La justice vient protéger la liberté artistique", a déclaré l’avocat de M. Cousseau. De son côté l'avocate de La Mouette  a déclaré  qu'elle étudiait la possibilité d'un pourvoi en cassation. "C'est une véritable censure du devoir de protéger les enfants", a-t-elle ajouté. (Le Point)
Mercredi 3 mars 2010 3 03 /03 /2010 07:36


Listen to the Banned - Freemuse

Depuis six ans, l'ambassade de France au Nigeria organisait avec l'appui de son centre culturel à Kano, l'Alliance Française, le festival "Kanfest" où se produisent des musiciens français et africains durant trois nuits. La 7ème édition n’aura pas lieu cette année. (AFP, 1er mars 2010) "À la suite d'une notification par le comité de censure de l'Etat de Kano, le festival de musique de Kano est annulé", a indiqué la mission diplomatique. Les responsables de la censure, accompagnés d'une douzaine de policiers de la charia, la "Hisbah", ont fait irruption sur le site du festival où des centaines d'amateurs s'étaient rassemblés pour suivre le concert d'artistes venant du Nigeria, de France, du Niger et du Tchad.
Le 22 février 2010, les autorités iraniennes avaient interdit à Tabriz deux concerts de Homayoun Shajarian - une star de la musique traditionnelle iranienne - en raison de la présence de deux femmes dans son groupe...
Parce que les censures dont sont victimes les musiciens se multiplient sur  tous les continents, l’association internationale Freemuse a entamé depuis 10 ans, un travail d’information et de soutien aux musiciens interdits de jouer, envoyés en prison ou condamnés à l’exil. Depuis deux ans, elle organise le 3 mars une journée internationale d’information. À cette occasion, elle publie chez Grappa Records un disque, compilation de chansons et de musiques  de  musiciens censurés,  comme le Camerounais Lapiro de Mbanga, l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly, la Palestinienne Amal Murkus, le Libanais Marcel Khalife, l’Iranienne Mahsa Vahdat, le Turc Ferhat Tunç. Alors, “Listen to the banned” , écoutons ces voix interdites, mises au ban, hors-la-loi.

Freemuse : link
Mercredi 3 mars 2010 3 03 /03 /2010 07:27