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CHRISTIANNE TAUBIRA: LE COURAGE OVATIONNE PAR TOUTE LA GAUCHE

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Christiane Taubira, la réforme c'est elle!

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La veille, lors d'une nuit-marathon de débats prolongée jusqu'à huit heures du matin, Christiane Taubira, dont la santé est fragile ces temps-ci, avait passé toute la nuit emmitouflée, portant des gants et buvant thé sur thé. Lundi soir, au sixième jour de la discussion sur le mariage pour tous, la garde des sceaux avait pourtant retrouvé son tonus, et la verve qui la caractérise.

Alors quand le député UMP Elie Aboud croit judicieux de plaisanter sur l'expression « triangle rose » (réservé aux homosexuels dans les camps de concentration) et « triangle noir » (infligé à ceux que l'on considérait comme "asociaux"), son sang ne fait qu'un tour. « C'est inqualifiable! », s'emporte la ministre, pointant le doigt vers l'élu, un geste rare dans l'hémicycle. Quelques minutes plus tard, face à la force de la charge, le président du groupe UMP, Christian Jacob, riposte à son tour, et violemment. « Madame la ministre, vous êtes indigne! »

Sur son banc, Christiane Taubira lui jette un long regard noir. Une suspension de séance plus tard, la garde des sceaux n'est pas calmée, au contraire. « Vous nous donnez des leçons de vocabulaire? (...) Vous ne pouvez pas tout vous permettre dans cet hémicycle! », dit-elle, avant de plier le micro d'un geste théâtral. La gauche l'ovationne. A la pause, une foule de députés l'entourent chaleureusement. Une nouvelle fois, Christiane Taubira a enflammé son camp.

La vidéo de cet échange:

 

Depuis mardi 29 janvier et le début de la discussion sur le mariage pour tous, le premier (et seul?) grand débat parlementaire du quinquennat, l'ancienne candidate à la présidentielle de 2002, entrée en mai dernier dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, a pris une dimension nouvelle. À coups de discours offensifs face à la droite, la ministre a semblé réveiller la majorité après un début de quinquennat bien morne. Elle a même réussi à la ressouder alors que, sur d'autres sujets, la rupture du PS majoritaire est consommée avec le Front de gauche, et que les relations sont détériorées avec les écologistes.

Tout a commencé le 29 janvier, avec son premier discours pour présenter cette réforme. En une demi-heure, sans lire ses notes, Christiane Taubira rappelle l'histoire du mariage civil, la longue marche vers l'égalité républicaine que parachève cette loi. Du droit, rien que du droit, et un soupçon de poésie. « Nous sommes fiers de ce que nous faisons. Nous en sommes si fiers que je voudrais le définir par les mots du poète Léon Gontran Damas : l’acte que nous allons accomplir est “beau comme une rose dont la tour Eiffel assiégée à l’aube voit s’épanouir enfin les pétales”. Il est “grand comme un besoin de changer d’air”. Il est “fort comme le cri aigu d’un accent dans la nuit longue”. » La gauche l'ovationne.

Les députés sont subjugués. « Sous la cinquième république, il y a eu trois grands discours, explique le socialiste Bernard Roman : Simone Veil sur l'IVG, Robert Badinter lors de l'abolition de la peine de mort. Et Christiane Taubira. » Le réseau social Twitter se pâme. Des internautes se cotisent pour lui offrir un bouquet « géant » et récoltent 7 500 euros, qu'elle décide de reverser à l'association d'accueil des jeunes homosexuels Le Refuge.

Aux suspensions de séance, les députés se bousculent pour la saluer ou l'embrasser. Vendredi soir, Claude Bartolone fête son anniversaire pendant la séance, la soirée se termine à la buvette. Le lendemain, il lui organise une haie d'honneur surprise. Dans l'après-midi, le socialiste Nicolas Bays se glisse jusque son banc pour lui offrir un livre d'estampes japonaises. « Pour lui apporter douceur et sérénité », dit-il. En quelques jours, Christiane Taubira est devenue une mascotte. « C'est le moment Taubira », résume Christian Paul (PS).

À gauche, les compliments sont unanimes. Matthias Fekl (PS) : « C'est une femme extraordinaire qui donne beaucoup de dignité à ses débats. » Sa collègue socialiste Corinne Narassiguin : « Face à elle, la droite a du mal à imposer sa présence. » Alain Tourret (radical de gauche):  « C'est un grand orateur, elle incarne l'imagination au pouvoir » Sergio Coronado (écologiste) : « Elle est géniale. » Marie-George Buffet (Front de gauche) : « Cette femme a une compétence réelle au niveau du droit, elle connaît ses dossiers. Mais surtout, elle donne du sens à ses propos. Quand on l'entend, on a l'impression d'être intelligent. »

« On est tous un peu amoureux de Christiane », s'amuse Bruno Le Roux, le président du groupe socialiste à l'Assemblée.

Candidate à la présidentielle sous l'étiquette du parti radical de gauche (PRG) en 2002, cette ancienne indépendantiste, députée de Guyane depuis 1993, a un temps été accusée au PS d'avoir divisé la gauche au premier tour. Et d'avoir contribué, avec 2,32 % des voix, à l'élimination de Lionel Jospin – en réalité, elle ne souhaitait pas se présenter et avait proposé d'être sa porte-parole de campagne, mais celui-ci avait refusé. Un épisode que certains députés UMP n'ont d'ailleurs pas manquer de lui rappeler au cours des débats..

Christiane Taubira, la réforme c'est elle!

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La veille, lors d'une nuit-marathon de débats prolongée jusqu'à huit heures du matin, Christiane Taubira, dont la santé est fragile ces temps-ci, avait passé toute la nuit emmitouflée, portant des gants et buvant thé sur thé. Lundi soir, au sixième jour de la discussion sur le mariage pour tous, la garde des sceaux avait pourtant retrouvé son tonus, et la verve qui la caractérise.

Alors quand le député UMP Elie Aboud croit judicieux de plaisanter sur l'expression « triangle rose » (réservé aux homosexuels dans les camps de concentration) et « triangle noir » (infligé à ceux que l'on considérait comme "asociaux"), son sang ne fait qu'un tour. « C'est inqualifiable! », s'emporte la ministre, pointant le doigt vers l'élu, un geste rare dans l'hémicycle. Quelques minutes plus tard, face à la force de la charge, le président du groupe UMP, Christian Jacob, riposte à son tour, et violemment. « Madame la ministre, vous êtes indigne! »

Sur son banc, Christiane Taubira lui jette un long regard noir. Une suspension de séance plus tard, la garde des sceaux n'est pas calmée, au contraire. « Vous nous donnez des leçons de vocabulaire? (...) Vous ne pouvez pas tout vous permettre dans cet hémicycle! », dit-elle, avant de plier le micro d'un geste théâtral. La gauche l'ovationne. A la pause, une foule de députés l'entourent chaleureusement. Une nouvelle fois, Christiane Taubira a enflammé son camp.

La vidéo de cet échange:

 

Depuis mardi 29 janvier et le début de la discussion sur le mariage pour tous, le premier (et seul?) grand débat parlementaire du quinquennat, l'ancienne candidate à la présidentielle de 2002, entrée en mai dernier dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, a pris une dimension nouvelle. À coups de discours offensifs face à la droite, la ministre a semblé réveiller la majorité après un début de quinquennat bien morne. Elle a même réussi à la ressouder alors que, sur d'autres sujets, la rupture du PS majoritaire est consommée avec le Front de gauche, et que les relations sont détériorées avec les écologistes.

Tout a commencé le 29 janvier, avec son premier discours pour présenter cette réforme. En une demi-heure, sans lire ses notes, Christiane Taubira rappelle l'histoire du mariage civil, la longue marche vers l'égalité républicaine que parachève cette loi. Du droit, rien que du droit, et un soupçon de poésie. « Nous sommes fiers de ce que nous faisons. Nous en sommes si fiers que je voudrais le définir par les mots du poète Léon Gontran Damas : l’acte que nous allons accomplir est “beau comme une rose dont la tour Eiffel assiégée à l’aube voit s’épanouir enfin les pétales”. Il est “grand comme un besoin de changer d’air”. Il est “fort comme le cri aigu d’un accent dans la nuit longue”. » La gauche l'ovationne.

Les députés sont subjugués. « Sous la cinquième république, il y a eu trois grands discours, explique le socialiste Bernard Roman : Simone Veil sur l'IVG, Robert Badinter lors de l'abolition de la peine de mort. Et Christiane Taubira. » Le réseau social Twitter se pâme. Des internautes se cotisent pour lui offrir un bouquet « géant » et récoltent 7 500 euros, qu'elle décide de reverser à l'association d'accueil des jeunes homosexuels Le Refuge.

Aux suspensions de séance, les députés se bousculent pour la saluer ou l'embrasser. Vendredi soir, Claude Bartolone fête son anniversaire pendant la séance, la soirée se termine à la buvette. Le lendemain, il lui organise une haie d'honneur surprise. Dans l'après-midi, le socialiste Nicolas Bays se glisse jusque son banc pour lui offrir un livre d'estampes japonaises. « Pour lui apporter douceur et sérénité », dit-il. En quelques jours, Christiane Taubira est devenue une mascotte. « C'est le moment Taubira », résume Christian Paul (PS).

À gauche, les compliments sont unanimes. Matthias Fekl (PS) : « C'est une femme extraordinaire qui donne beaucoup de dignité à ses débats. » Sa collègue socialiste Corinne Narassiguin : « Face à elle, la droite a du mal à imposer sa présence. » Alain Tourret (radical de gauche):  « C'est un grand orateur, elle incarne l'imagination au pouvoir » Sergio Coronado (écologiste) : « Elle est géniale. » Marie-George Buffet (Front de gauche) : « Cette femme a une compétence réelle au niveau du droit, elle connaît ses dossiers. Mais surtout, elle donne du sens à ses propos. Quand on l'entend, on a l'impression d'être intelligent. »

« On est tous un peu amoureux de Christiane », s'amuse Bruno Le Roux, le président du groupe socialiste à l'Assemblée.

Candidate à la présidentielle sous l'étiquette du parti radical de gauche (PRG) en 2002, cette ancienne indépendantiste, députée de Guyane depuis 1993, a un temps été accusée au PS d'avoir divisé la gauche au premier tour. Et d'avoir contribué, avec 2,32 % des voix, à l'élimination de Lionel Jospin – en réalité, elle ne souhaitait pas se présenter et avait proposé d'être sa porte-parole de campagne, mais celui-ci avait refusé. Un épisode que certains députés UMP n'ont d'ailleurs pas manquer de lui rappeler au cours des débats..

Christiane Taubira, la réforme c'est elle! (mediapart, première partie)

La veille, lors d'une nuit-marathon de débats prolongée jusqu'à huit heures du matin, Christiane Taubira, dont la santé est fragile ces temps-ci, avait passé toute la nuit emmitouflée, portant des gants et buvant thé sur thé. Lundi soir, au sixième jour de la discussion sur le mariage pour tous, la garde des sceaux avait pourtant retrouvé son tonus, et la verve qui la caractérise.

Alors quand le député UMP Elie Aboud croit judicieux de plaisanter sur l'expression « triangle rose » (réservé aux homosexuels dans les camps de concentration) et « triangle noir » (infligé à ceux que l'on considérait comme "asociaux"), son sang ne fait qu'un tour. « C'est inqualifiable! », s'emporte la ministre, pointant le doigt vers l'élu, un geste rare dans l'hémicycle. Quelques minutes plus tard, face à la force de la charge, le président du groupe UMP, Christian Jacob, riposte à son tour, et violemment. « Madame la ministre, vous êtes indigne! »

Sur son banc, Christiane Taubira lui jette un long regard noir. Une suspension de séance plus tard, la garde des sceaux n'est pas calmée, au contraire. « Vous nous donnez des leçons de vocabulaire? (...) Vous ne pouvez pas tout vous permettre dans cet hémicycle! », dit-elle, avant de plier le micro d'un geste théâtral. La gauche l'ovationne. A la pause, une foule de députés l'entourent chaleureusement. Une nouvelle fois, Christiane Taubira a enflammé son camp.

La vidéo de cet échange:

 

Depuis mardi 29 janvier et le début de la discussion sur le mariage pour tous, le premier (et seul?) grand débat parlementaire du quinquennat, l'ancienne candidate à la présidentielle de 2002, entrée en mai dernier dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, a pris une dimension nouvelle. À coups de discours offensifs face à la droite, la ministre a semblé réveiller la majorité après un début de quinquennat bien morne. Elle a même réussi à la ressouder alors que, sur d'autres sujets, la rupture du PS majoritaire est consommée avec le Front de gauche, et que les relations sont détériorées avec les écologistes.

Tout a commencé le 29 janvier, avec son premier discours pour présenter cette réforme. En une demi-heure, sans lire ses notes, Christiane Taubira rappelle l'histoire du mariage civil, la longue marche vers l'égalité républicaine que parachève cette loi. Du droit, rien que du droit, et un soupçon de poésie. « Nous sommes fiers de ce que nous faisons. Nous en sommes si fiers que je voudrais le définir par les mots du poète Léon Gontran Damas : l’acte que nous allons accomplir est “beau comme une rose dont la tour Eiffel assiégée à l’aube voit s’épanouir enfin les pétales”. Il est “grand comme un besoin de changer d’air”. Il est “fort comme le cri aigu d’un accent dans la nuit longue”. » La gauche l'ovationne.

Les députés sont subjugués. « Sous la cinquième république, il y a eu trois grands discours, explique le socialiste Bernard Roman : Simone Veil sur l'IVG, Robert Badinter lors de l'abolition de la peine de mort. Et Christiane Taubira. » Le réseau social Twitter se pâme. Des internautes se cotisent pour lui offrir un bouquet « géant » et récoltent 7 500 euros, qu'elle décide de reverser à l'association d'accueil des jeunes homosexuels Le Refuge.

Aux suspensions de séance, les députés se bousculent pour la saluer ou l'embrasser. Vendredi soir, Claude Bartolone fête son anniversaire pendant la séance, la soirée se termine à la buvette. Le lendemain, il lui organise une haie d'honneur surprise. Dans l'après-midi, le socialiste Nicolas Bays se glisse jusque son banc pour lui offrir un livre d'estampes japonaises. « Pour lui apporter douceur et sérénité », dit-il. En quelques jours, Christiane Taubira est devenue une mascotte. « C'est le moment Taubira », résume Christian Paul (PS).

À gauche, les compliments sont unanimes. Matthias Fekl (PS) : « C'est une femme extraordinaire qui donne beaucoup de dignité à ses débats. » Sa collègue socialiste Corinne Narassiguin : « Face à elle, la droite a du mal à imposer sa présence. » Alain Tourret (radical de gauche):  « C'est un grand orateur, elle incarne l'imagination au pouvoir » Sergio Coronado (écologiste) : « Elle est géniale. » Marie-George Buffet (Front de gauche) : « Cette femme a une compétence réelle au niveau du droit, elle connaît ses dossiers. Mais surtout, elle donne du sens à ses propos. Quand on l'entend, on a l'impression d'être intelligent. »

« On est tous un peu amoureux de Christiane », s'amuse Bruno Le Roux, le président du groupe socialiste à l'Assemblée.

Candidate à la présidentielle sous l'étiquette du parti radical de gauche (PRG) en 2002, cette ancienne indépendantiste, députée de Guyane depuis 1993, a un temps été accusée au PS d'avoir divisé la gauche au premier tour. Et d'avoir contribué, avec 2,32 % des voix, à l'élimination de Lionel Jospin – en réalité, elle ne souhaitait pas se présenter et avait proposé d'être sa porte-parole de campagne, mais celui-ci avait refusé. Un épisode que certains députés UMP n'ont d'ailleurs pas manquer de lui rappeler au cours des débats..



06/02/2013
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