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CENSURE ET VANDALISME : christ d'Avignon et tant d'autres en France et ailleurs

Présentation

L'Observatoire de la censure

Créé en 2004 par Orphéon - Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti, l'Observatoire de la censure réunit des artistes, écrivains, éditeurs, programmateurs, bibliothécaires, journalistes... C'est un lieu de réflexion et d'information sur la censure, l'autocensure et la liberté d'expression. Il décerne chaque année le Prix Tartuffe à un écrivain ou artiste victime de la censure, ou à un livre qui défend la liberté d’expression.


 

 

Atomic Alert - Asanisimasa

 

Atomic alert, créé en 2008 et Je ne sais quoi te dire, on devrait s'en sortir, créé en 2010, sont deux spectacles  de la compagnie Asanisimasa.
Le premier propose de visionner un montage détournant plusieurs films de fiction, des documentaires, des films d’archives américains des années 50: le temps d’une séance de postsynchronisation, cinq  comédiens  doublent en direct l’ensemble des personnages. Le second montre quatre réfugiés  dans un abri de fortune,  quatre survivants après la catastrophe, attendant la fin d'un couvre-feu  qui semble ne jamais devoir venir.
Les deux spectacles avaient été programmés pour les 3 et 4 juin 2011 à Saint-Michel-sur-Orge par la scène conventionnée de Bretigny-sur-Orge, dans le cadre du Festival Dedans-Dehors. Mais le maire UMP de Saint-Michel-sur-Orge et la  directrice générale adjointe ("Direction des Actions Solidaires et Culturelles")  ont refusé d'accueillir les deux représentations dans leur commune. Ils ont considéré comme inopportun de présenter au public, la même semaine, deux spectacles "ayant trait  au danger nucléaire", un sujet "aujourd'hui trop sensible". Sans avoir vu les spectacles, ils les ont annulés par "souci du respect des victimes de la catastrophe de Fukushima .
Dans un communiqué link, Frédéric Sonntag, metteur en scène de la compagnie, se dit "toujours aussi étonné par ce réflexe qui consiste, face à des événements tragiques de la réalité, à censurer un geste artistique qui aurait quelque résonance avec eux. Comme si cela constituait un remède, venait amoindrir le tragique en question, comme si, face à notre sentiment d’impuissance, cela représentait une des seules formes d’actions possibles, voire une action nécessaire, un devoir, comme s’il y avait une indécence à ce qu’une forme artistique puisse avoir des résonances avec le réel. J’ai évidemment toujours pensé l’inverse, pensé que ces choses sans doute dérisoires que sont les oeuvres, les gestes artistiques, étaient nos seuls moyens d’affronter le tragique, la catastrophe, nos seules repères dans la nuit obscure. Ces deux performances si elles tentent quelques chose, ne tentent au fond que cela : mettre en scène des formes de résistance face à un monde qui s’écroule."
La direction du Théâtre de Brétigny a décidé de reprogrammer les deux performances dans le cadre d’un autre festival qui aura lieu à la mi-octobre 2011, cette fois-ci à Brétigny. Il sera possible de voir Atomic Alert les 9 et 10 juillet à Avignon. En attendant, il est possible d'en visionner trois extraits ici link.

Mardi 24 mai 2011
 

 

Mayorga - Lettres d'amour à Staline

 

Lettres d'amour à Staline (Cartas de amor a Stalin, 1998), l'une des premières pièces du dramaturge espagnol Juan Mayorga, arrive en France. Elle est à l'affiche du Théâtre de la Tempête (Paris), du 27 avril au 29 mai 2011. Elle y est mise en scène par Jorge Lavelli, qui précédemment avait créé deux autres pièces de Mayorga : Himmelweg (Chemin du ciel) et Le Garçon du dernier rang.
L'action, condensée dans le temps, est inspirée de faits réels, qui se sont déroulés sur plusieurs années en Union Soviétique, autour de 1929. Elle a pour cadre unique l'appartement occupé par l'écrivain  Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) et sa femme. Quatre de ses pièces (La Fuite, L’Île pourpre, Les Jours de Tourbine, L'Appartement de Zoïka) ayant été interdites, la publication de son roman La  Garde blanche étant bloquée, Boulgakov décide d'écrire une lettre à Staline dans laquelle il lui demande d'autorisation de pouvoir quitter le pays avec son épouse. Quelques jours plus tard, le dictateur l'appelle au téléphone mais la communication est interrompue. Dans l'attente d'un autre appel, Boulgakov décide de ne plus sortir de chez lui, de rester près du téléphone, ruminant sa réponse, retravaillant à une lettre parfaite pour un unique destinataire: "Mes comédies, mes romans...Quelle valeur ont-ils à côté d'une telle lettre? Tout ce que j'ai écrit n'est qu'un jeu d'enfants comparé à une lettre à Staline."  Quelque temps après, par sa fenêtre, l'auteur croit apercevoir Staline, "de l'autre côté de la rue, entre les arbres". Finalement "le  bon petit père des peuples" s'introduit  au domicile des Boulgakov,  s'installe à côté du bureau de l'auteur pour une longue conversation, un débat envahissant sur le rôle de l'écrivain, alimenté par les nouvelles de l'exil de Zamiatine ou du suicide de Maïakovski. Ce tête-à-tête entre  "l'artiste" et le "pouvoir" exclut progressivement la femme de Boulgakov. Écartée par cet omniprésent "amant", elle devra se résoudre à quitter ce mari qui ne cesse de s'adresser à haute voix à un interlocuteur invisible pour elle.
Une version française de la pièce de Juan Mayorga  vient d'être publiée par Les Solitaires intempestifs.

 

Extrait:
"Il y a encore un an, le matin j’enseignais le théâtre dans un collège; ensuite, je remplaçais les acteurs malades du théâtre de Stanislavski et le soir, ceux du Théâtre de la Jeunesse ouvrière. Rentré à la maison, j’essayais d’écrire, jusqu’à en tomber de fatigue… Aujourd’hui, on ne me considère plus digne de ces travaux. Mon nom est devenu odieux: toutes mes demandes d’emploi sont accueillies avec frayeur. Éditeurs, directeurs de théâtre, tous me fuient comme un pestiféré. Sans mon épouse, je mourrais de faim. Camarade Staline, j’en appelle à votre humanité. Si je ne puis être d’aucune utilité à  mon pays, je vous demande que vous m'autorisiez  à quitter l’Union Soviétique avec ma femme… (Pause. Elle ne réagit pas.) Mais si vous estimez que je dois vivre en Union Soviétique… (Pause. Elle ne réagit pas) ...je requiers la liberté de publier et représenter mes pièces… (Pause. Elle ne réagit pas.) Si cela n’était pas possible, je vous demande que vous me permettiez d’être utile à mon pays en qualité de metteur en scène. Je m'offre sincèrement à diriger toute oeuvre, des grecques aux contemporaines,  sans  intention de sabotage… (Pause. Elle ne réagit pas.) Si cela aussi était impossible, je vous demande de me nommer assistant metteur en scène… Si cela n’était pas possible, je demande un poste de figurant… S’il est aussi impossible d’être nommé figurant, je demande un poste de machiniste."


Les oeuvres complètes, non expurgées, de Boulgakov ne paraîtront en Russie qu'à partir de 1989. En France, elles seront publiées par Gallimard, en 2004, dans La Pléiade.

Mercredi 27 avril 2011
 

 

Un nouvel exemple de la loi des séries? Suite à la destruction de "Piss Christ" d'Andres Serrano en Avignon, Éric Mezil, directeur de la collection Lambert, évoquait  l'existence de listes d'oeuvres d'art contemporain que certains catholiques souhaiteraient voir décrochées. "Certains disent avoir des listes d’œuvres dont ils réclament l’interdiction dans d’autres musées, et même dans des églises." (Libération, 18-04-2011). On ne  peut  manquer de faire un rapprochement - ou de noter au moins la coïncidence - avec  ce qui vient  de se passer  à Lyon dans l'église Saint-Bonaventure : mardi 19 avril, vers 19h30,  "La colonne Pascale", installation de l'artiste  Pascale Marthine Tayou, fixée à 7 mètres de haut, à  l'une des voûtes du sanctuaire, a été décrochée. link

La colonne, très abîmée, devrait être remise en place ce vendredi. L'artiste a estimé que «ça pouvait arriver dans la vie d’une oeuvre» et demandé qu’elle soit réinstallée telle quelle.
Invité par le Musée d'art contemporain (MAC), l'artiste belge d'origine camerounaise, Pascale Marthine Tayou, expose ses oeuvres, depuis le 24 février 2011, dans une quinzaine  de lieux de Lyon: une place publique, un commissariat, une boucherie, une épicerie orientale, une agence de voyage, un cabinet d’avocat, la cour d’un lycée, une boucherie, un salon de thé, au siège du Grand Lyon, au  MAC, à l'Opéra national, au Fort Saint-Jean, dans  l'église Saint-Bonaventure.
Voir ici  link  et là link

Pour le recteur de Saint-Bonaventure, Luc Forestier, qui avait accueilli "La colonne Pascale" avec enthousiasme, «ces casseroles empilées renvoient aux incertitudes actuelles sur la capacité des humains, et non de la Terre, à suffire à leur subsistance, tout en désignant le lieu même où s’actualise pour nous le relèvement de notre humanité»link

Always All Ways (Tous les chemins mènent à…)  à Lyon jusqu'au 15 mai 2011.

Vendredi 22 avril 2011
 

 

Dimanche 17 avril 2011, "Dimanche des Rameaux", peu après l'ouverture de la collection Lambert, un groupe de quatre visiteurs a quasiment détruit une oeuvre d'Andres Serrano (Piss Christ, 1987) et gravement détérioré un autre cibachrome (Soeur Jeanne-Myriam), à coups de marteau et de tournevis.
Cet acte de vandalisme iconoclaste intervient après quinze jours de "montée des tensions" à laquelle ont contribué, par leurs prises de position, divers protagonistes  : l'Institut Civitas à l'origine d'une pétition demandant le retrait de l'oeuvre, l'archevêque d'Avignon Jean-Pierre Cattenoz, l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), des membres du Front national, des députés UMP... (Libération, 18-04-2011). La veille, 16 avril, une manifestation lancée par l'Institut Civitas,  appuyé par plusieurs associations et sites catholiques (Catholiques en campagne, E-deo, Salon beige, Observatoire de la christianophobie...) avait réuni  entre 800 et 1.000 personnes, rue Violette, devant l'entrée du centre d'art.

Dimanche soir, après les coups de marteau, Frédéric Mitterrand, ministre de la culture s'exprimait dans un communiqué et condamnait une "atteinte à un principe fondamental, la présentation de ces oeuvres relevant pleinement de la liberté de création et d'expression qui s'inscrit dans le cadre de la loi", tout en reconnaissant que "l'une des deux oeuvres pouvait choquer certains publics".

Le même soir, l'Observatoire de la liberté de création déclarait : "C’est au public de juger les œuvres, pas aux censeurs autoproclamés."

Lundi 18 avril, la collection Lambert recevait par téléphone des menaces de mort visant le personnel du musée. Éric Mézil, directeur de la collection déclarait dans Le Monde: "Je crois que nous assistons à une libération de la parole venue du plus haut niveau. Claude Guéant évoque les croisades, Nicolas Sarkozy en visite au Puy-en-Velay appelle à "assumer l'héritage chrétien de la France"... À force de souffler sur les braises, on attise le feu."

Mardi 19 avril, le musée ouvrait sous protection policière et présentait les deux oeuvres vandalisées. Le même jour dans La Croix, Dominique Greiner écrivait: "Le message de l'Évangile ne demande pas aux chrétiens de s'attaquer aux œuvres clouées sur les murs des musées, mais au véritable scandale que sont des hommes et des femmes vivant aujourd'hui, parfois à notre porte, dans des conditions indécentes, pour extirper les clous de la pauvreté, de l'humiliation... L'indignation devant le Piss Christ n'a de sens que si elle s'accompagne d'un engagement en faveur de la justice et de la paix. En témoins du «Peace Christ», du «Christ paix»."

Mercredi 20 avril, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et Primat des Gaules, déclarait que l’exposition de  la photographie controversée est « une offense, une blessure profonde » et demandait son retrait (Le Républicain lorrain, 20-04-2011).  À 17h,  le TGI d'Avignon rendait son verdict et jugeait que le maintien de la photo "Piss Christ"  ne constituait aucune "offense publique". Il  déboutait l'Agrif qui avait demandé le retrait de l'image controversée de tous les documents de communication - affiches, brochures - et notamment  du site de la collection Lambert. Il la condamnait à verser 5.000 euros à la collection Lambert en raison du préjudice constitué par la procédure et à payer les dépens du procès d’un montant de 3 000 euros.

Une enquête policière est en cours : seul l’un des participants à la destruction aurait été reconnu sur des photos prises au cours de la manifestation du 16 avril à Avignon (La Provence, 19-04-2011)
 
Autour de "Piss Christ"  link  et du  vandalisme  religieux:  link

Vendredi 22 avril 2011
 

Samedi 23 avril, à l’occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur promue par l’Unesco, la bibliothèque de théâtre Armand Gatti revient particulièrement sur six livres édités récemment en France. Certains sont des essais, d’autres des oeuvres de fiction. Leurs auteurs ont comme point commun d’être ou d’avoir été poursuivi en justice, ou d’avoir fait l’objet de sanctions disciplinaires.

 

Livres en procès - 1

 

Mediator 150mg, combien de morts ? d’Irène Frachon (Dialogues, 2010),  prix Tartuffe 2010 *.
Publié le 2 juin 2010, cet essai était attaqué en justice cinq jours plus tard par le laboratoire pharmaceutique Servier, et son sous-titre censuré. Dans son livre, le docteur Irène Frachon revient, sous la forme d'un journal, sur toutes les étapes d'une enquête de trois ans qui l'a conduite à devenir l'une des protagonistes à l'origine du retrait de ce médicament, le 30 novembre 2009. Brisant la chape de silence entourant un médicament toxique en vente depuis 1976, Irène Frachon a permis que soit enfin porté à la connaissance d'une majorité de citoyens un "désastre sanitaire" qui aurait fait entre 500 et 2.000 morts, et coûté entre 423 millions et 1,2 milliard d'euros de remboursement à la Sécurité sociale et aux mutuelles. Irène Frachon pose aussi notamment une question cruciale: celle de l'indépendance des dispositifs d'évaluation des médicaments, à l'heure "où diminue le financement public des activités de pharmacovigilance confiées dans des proportions croissantes aux compagnies pharmaceutiques".
                                           
Absolument dé-bor-dée de Zoé Shepard (Albin Michel, mars 2010).
Cette fiction, écrite sous pseudonyme, décrit, sur ton satirique, neuf mois de la vie d’une jeune administratrice territoriale (A+), travaillant dans le service «Affaires internationales et européennes» d’une mairie employant 700 personnes. Désespérée par l’incompétence de ses collègues et supérieurs, le népotisme du maire, la narratrice décidera de prendre un congé sabbatique et de partir en Afrique pour aider à la construction d’une école. Reconnue et dénoncée par un collègue de travail, l’auteure est sanctionnée le 30 août 2010 par le conseil régional Aquitaine pour "manquement à l'obligation de réserve et de discrétion qui incombe à tout agent public et comportement fautif à l'égard de sa hiérarchie". Elle est condamnée à quatre mois d'exclusion ferme sans traitement, ni droits à l'avancement.

Omerta dans la police de Sihem Souid (Le cherche midi, octobre 2010).
Dans ce livre autobiographique, Sihem Souid témoigne de son expérience d’adjoint de sécurité au sein de la Police de l'air et des frontières (PAF) de l'aéroport d'Orly. Elle dénonce les abus de pouvoir, la course au chiffre, les actes homophobes, sexistes, racistes qu'elle a constatés au sein de ce microcosme de 300 personnes. Elle a été suspendue quatre mois de ses fonctions, pour manquement à son "obligation de réserve", dans son livre et ses déclarations dans les médias, notamment sur les plateaux de télévision. Comme l'écrit Sihem Souid, « dans notre pays, il semblerait que le devoir de réserve du fonctionnaire soit supérieur au devoir de dénonciation d'une injustice par ce même fonctionnaire qui est également un citoyen ».

 

Livres en Procès 2

 

Les aventures de Saint-Tin et son ami Lou de Gordon Zola (Le léopard masqué, 2009-2010-2011).
Gordon Zola, est l’auteur de romans policiers parodiques “La lotus bleue”, “Le vol des 714 porcineys” ou “Le crado pince fort”, racontant les aventures du jeune journaliste Saint-Tin et de son ami Lou, un perroquet. À la demande de Moulinsart S.A., sociéte gérant les droits des héritiers du créateur du personnage de la bande dessinée Tintin, tous ses livres sont saisis par la police : il est condamné en juillet 2009, pour “parasitisme”, à payer 72.000 euros de dommages et intérêts. Finalement le 11 février 2011, la 2ème Chambre de la Cour d'Appel de Paris condamnera Moulinsart S.A. Elle souligne que "les romans incriminés tout en se nourrissant de l’oeuvre d’Hergé, savent s’en distancier suffisamment pour éviter tout risque de confusion, ne serait-ce que par la forme romanesque adoptée et les intrigues originales qu’ils décrivent".

Aux malheurs des dames de Lalie Walker (Parigramme, octobre 2009).
Suite à la parution de ce roman policier qui se passe à Paris dans le Marché Saint-Pierre, les dirigeants de la société Village d'Orcel, propriétaires du lieu, demandent l'interdiction du livre de Lalie Walker, deux millions d'euros de dommages et intérêts à l'auteur et à son éditeur, pour atteinte à la renommée de la marque. Ils ont été condamnés le 19 novembre 2010 à 3.000 euros pour "procédure abusive". Le tribunal a ainsi confirmé qu'on peut s'inspirer de lieux réels pour écrire une oeuvre de fiction, même un roman noir où se déroulent des crimes.

Sévère de François Jauffret (Seuil, mars 2010).
Huit mois après la sortie du roman, la veuve, les enfants, la soeur d'un banquier mort assassiné demandent le retrait du livre de tous les points de vente, l'interdiction de réédition et de cession de droits pour la télévision et le cinéma, pour « atteinte à la vie privée ». Ne mentionnant aucun nom, Sévère raconte la passion amoureuse à caractère sadomasochiste d’un riche homme d’affaires et de sa maîtresse qui finira par le tuer. Après deux livres d’enquête, une pièce de théâtre, Sévère est le quatrième roman inspiré par un fait divers survenu en 2005 : le corps de la victime avait été retrouvé attaché par des cordes et revêtu d’une combinaison en latex.

 

Pour adultes seulement - ABF

 

Cette présentation se terminera par l'histoire emblématique de l'exposition "Pour adultes seulement " et de son catalogue. Conçus par la médiathèque départementale de la Somme, ils avaient été censurés par le conseil général de la Somme qui les avait commandités. Grâce à la ténacité de sa commissaire,  Janine Kotwica, l'exposition a  eu lieu au siège de l'Ordre des avocats et du Barreau d'Amiens, et le catalogue a été édité par l'Association des Bibliothècaires de France.

Lundi 18 avril 2011
 

 

M. Benfodil - Maportaliche

 

Le Sheikh Sultan bin Mohammed Al Qasimi, émir de Sharjah (Émirats Réunis) n'a pas apprécié  l'installation multimédia  de l'artiste  et écrivain algérien Mustapha  Benfodil qui était présentée dans la cadre de la 10ème Biennale de la ville (13 mars / 16 mai 2011). Suite à des plaintes de visiteurs qui l’ont jugée obscène et blasphématoire,  l'oeuvre intitulée « Maportaliche/Écritures sauvages » (It has no importance/Wild Writings) a été retirée. Jack Persekian, directeur de la Biennale depuis 2007, a été limogé pour avoir manqué de vigilance en l’exposant.
L’œuvre (visuelle et sonore) installée dans une cour de la ville, non loin d'une mosquée, mettait en situation face à face, séparées par un arbitre en noir, deux équipes de footballeurs avant le début du match: 23 mannequins figés, sans tête. Sur leurs  maillots  étaient  imprimés, d’une part, des extraits d’ouvrages de l’auteur (romans, théâtre, poésie) et, d’autre part, "un matériau hybride puisé dans la culture populaire algérienne" (chansons, blagues, poésie populaire, plats de cuisine, jeux de société...). Des phrases en arabe étaient peintes sur les murs. (Algériades, 14-04-2011)
Dans un communiqué intitulé "Parce que l'art n'est pas une langue de bois"  (06-04-2011), Mustapha Benfodil témoigne sa solidarité à Jack Persekian, rend hommage aux commissaires de la manifestation (Rasha Salti, Suzanne Cotter et Haig Aivazian). Il en profite pour apporter des éclaircissements à propos de son œuvre.
"Le texte incriminé est un monologue (Le Soliloque de Chérifa) tiré d’une pièce de théâtre intitulée «Les Borgnes», et qui a été jouée dans pas mal de pays, villes, festivals, à Paris, à Marseille, à Aix-en-Provence, à Montréal, et à Alger aussi (dans le cadre de mon cycle « Pièces détachées – Lectures sauvages »). Ce texte auquel une partie du public et des organisateurs reprochent son caractère obscène et blasphématoire, se veut le récit hallucinatoire d’une jeune femme qui a été violée par des illuminés djihadistes se revendiquant de l’islamisme radical comme mon pays l’Algérie en a connus au plus fort de la guerre civile dans les années 1990. Si les mots sont choquants, c’est parce que le viol est atroce, et ce n’est malheureusement pas une fiction, ce que ce texte raconte. Et s’il est interprété comme étant une charge contre l’islam, qu’on me permette de préciser que dans les mots de Chérifa, c’est à un dieu phallocratique, barbare et fondamentalement liberticide qu’il est fait référence. En définitive, c’est le dieu des « Groupes islamiques armés » (GIA), cette secte de sinistre mémoire qui a violé, violenté, massacré, des dizaines de milliers de Chérifa au nom d’un paradigme révolutionnaire pathologique supposément inspiré de la Vulgate mahométane. Sans vouloir me justifier, je dois simplement souligner que mon Allah à moi n’a rien à voir avec les divinités dévastatrices dont se réclament les mouvements millénaristes algériens, ces légions de « Barbes Arides » qui ont décimé mon peuple avec la complicité active de nos appareils de sécurité.
 (...) je voudrais ajouter qu’en cette conjoncture particulièrement intense et créative pour les sociétés arabes, il est pour le moins regrettable qu’on gâche la chance de remettre la Liberté au cœur du débat. (...) J’espère de tout cœur, que ce cycle révolutionnaire arabe qui a ébranlé nos régimes politiques, bouscule dans sa lancée impétueuse nos imaginaires, nos goûts, nos canons esthétiques et nos régimes de pensée. Que cela contribue à dépoussiérer nos signes et nos mots, et qu’on cesse de repeindre nos murs chaque fois qu’un trublion se pique d’y graver ses rêves insolents ! "  link

* * *


Mustapha Benfodil est né en 1968 à Relizane. Il est l'auteur de poèmes, nouvelles ( L’Homme qui voulait changer le monde à huit heures moins le quart, in La Pensée de Midi n°18, avril 2006) - link, romans (Les bavardages du Seul, Barzakh, 2003). Parmi ses pièces, on notera  Clandestinopolis (L'Avant-scène-Les Quatre-vents 2008). Au printemps 2002, Il était venu, avec trois autres auteurs algériens à la bibliothèque de théâtre Armand Gatti, dans le cadre d'un "Bocal agité" organisé par Gare au théâtre et Les 4 Saisons du Revest. Il y avait écrit  France 0 - Uruguay 0, une courte pièce, déjà en résonance avec le football, éditée par Gare au théâtre et Les Cahiers de l'Égaré (Le bocal varois, n°16, 2002).
Sa prochaine pièce Les Borgnes devrait être créée le 12 janvier 2012  à la Scène nationale du Creusot par  la compagnie El Ajouad  dans une mise en scène de Kheiredddine Lardjam.
Mustapha Benfodil est l'auteur du Manifeste du Chkoupisme lu au Théâtre de la ville en mai 2009. "Il faut une révolution ponctuelle et diffuse. Une révolution de chaque instant, de chaque lieu, de chaque jour, de tous les jours. Une idée folle pour chaque jour que Dieu fait ou défait." link

Dimanche 17 avril 2011
 

Andres Serrano - Piss Christ

 

"Piss Christ" (1987), oeuvre photographique d'Andres Serrano, est l'une des 150 oeuvres de l'exposition "Je crois aux miracles" qui se tient depuis le 12 décembre 2010 et jusqu'au 8 mai 2011 à la collection Lambert  en Avignon. C'est cette image que le galeriste a choisi d'utiliser comme visuel sur ses dépliants, ses affiches, sur son site pour annoncer la manifestation.
Faite en 1987, la photo représente "un Christ en croix, baignant dans une lumière teintée de rouge et de jaune". Selon Daniel Girardin et Christian Pirker, pour réaliser l'oeuvre, Andres Serrano aurait utilisé un bac transparent "contenant vraisemblablement son urine et du sang de vache" dans lequel il aurait plongé un crucifix en plastique.
L'oeuvre avait déclenché, par le passé, des polémiques. Aux États-Unis, en 1989, des milieux conservateurs avaient protesté contre l'aide financière  apportée par le gouvernement à l'artiste, puis, en 1993, remis en question l'acquisition de "Piss Christ" avec des fonds publics. En Australie, en 1997, un exemplaire avait été vandalisé par un homme puis complètement détruit à coups de marteau par deux adolescents à la National Gallery of Victoria.
Jusqu'à maintenant, l'oeuvre avait été montrée en France, à plusieurs reprises "sans susciter de réactions" (La Croix, 11-04-2011): en 2007, à Avignon (dans la collection Lambert) et à Lille (dans la collection Pinault, au Tri postal), en 2008 à Beaubourg (Exposition Traces du sacré). On avait pu la voir aussi en 2009 à la Bibliothèque Nationale de France dans le cadre de l'exposition "Controverses, une histoire juridique et éthique de la photographie" ... et à Noël 2010, dans la gare de Lyon où elle était reproduite sur de grands panneaux publicitaires annonçant l'exposition "Je crois aux miracles".
Aujourd'hui, il semblerait que l'ambiance ait subitement changé...

Le 4 avril, le site des Inrocks se faisait l'écho d'une pétition "pour l'honneur de la croix" provenant de l'Institut Civitas. Cette association catholique prônant "la restauration de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ” énonçait trois revendications: "Faire retirer la photo blasphématoire de cette exposition et interdire toute présentation publique en France, en raison de son caractère provoquant et discriminatoire envers les chrétiens. Faire enlever et détruire tous les supports de communication utilisant cette photo. Faire stopper tout financement public et privé de cette exposition."
 
Jeudi 6 avril, dans une dépêche intitulée "L'Église demande le retrait d'une photo exposée à la collection Lambert", l'AFP Marseille relayait un communiqué de l'archevêché d'Avignon. L'archevêque d'Avignon, Apt, Carpentras,  Jean-Pierre Cattenoz, reprenait officiellement la première demande de l'Institut Civitas et justifiait ainsi sa démarche: "Je me dois d'alerter publiquement les autorités de mon pays qui se targuent avec beaucoup de gesticulations de défendre une laïcité positive". Quelques semaines auparavant, La Provence  ("Jusqu'où ira Mgr Cattenoz?", 27-02 2011)  et  Témoignage chrétien (7 -02- 2011) se faisaient l'écho des réactions de nombreux catholiques en désaccord avec "un prélat jugé autoritaire et dont les choix pastoraux (...) choquent… et vident les caisses." De son côté, le site Golias avait titré  "Mgr Cattenoz en osmose avec le Front national" (08-10-2010) après la publication sur un site de la photo de l'homme d'église en compagnie du responsable vauclusien du FN.

Jeudi 7 avril, l'AGRIF - connue pour ses procès contre  Paul Giniewski et Le Quotidien de Paris, Charlie Hebdo, Aides (affaire de "la Sainte Capote")  - annonçait qu'elle avait demandé à ses avocats  d'engager des poursuites pénales contre "cet acte de racisme visant  les chrétiens au coeur même de leur foi".

Vendredi 8 avril, Civitas signalait sur son site que Jean-Marc Nesme, député-maire de Paray-le-Monial, membre du collectif des parlementaires UMP pour la liberté d'expression, demandait au ministre de la culture et de la communication, Frédéric Mitterand, de "bien vouloir examiner la requête de très nombreux croyants qui exigent le retrait de cette oeuvre ainsi que de tout support de communication en faisant la promotion." Sa réponse est attendue.

Samedi 9 avril, un vingtaine de personnes priait à genoux dans la rue devant l'entrée du musée. Dans l'assistance, on notait les présences  de Marie-Odile Rayé, conseillère régionale du Front National et de l'abbé Régis de Cacqueray, supérieur du district de France de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, fondée en 1970 par Mgr Lefebvre. (Le Dauphiné - Vaucluse, 10-4-2011).

Alors que l'exposition "Je crois aux miracles" a commencé depuis plus de trois mois, cette  poussée de fièvre avignonnaise est-elle provoquée par la proximité de la Fête de Pâques ? On peut noter qu'elle survient entre le jour du débat organisé par le gouvernement sur la laïcité et l'islam (5 avril) et l'entrée en vigueur de  la loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public (11 avril). Faut-il y voir une stratégie délibérée d'une partie de l'Église catholique qui estime que l'opinion est mûre pour que soit introduit dans la législation un délit d'injure aux croyants, que soit rétabli le délit de blasphème ?

Exposition "Je crois aux miracles - 10 ans de la collection Lambert", 5 rue Violette, Avignon (jusqu'au 8 mai 2011)

Samedi 16 avril 2011
 

 

Juilano Mer Khamis -Arna's Children

 

Juliano Mer Khamis, acteur de théâtre et de cinéma, metteur en scène, réalisateur, a été abattu lundi  4 avril 2011 par un ou des hommes non encore identifié(s) dans le camp de réfugiés de Jenine (Cisjordanie) où est installé le Théâtre de la Liberté qu'il dirigeait.
Né en 1958 à Nazareth, Juliano  était le fils d'Arna Mer (1930-1995), israélienne juive, militante pour les droits des Palestiniens, et de Saliba Khamis, palestinien chrétien, dirigeant du parti communiste israélien.
Le Théâtre de la Liberté  / Freedom Theatre poursuit le projet d'Arna Mer qui, durant la première Intifada (1987-1993), avait fondé un premier théâtre, le Théâtre des pierres, pour préserver les enfants de la violence et du conflit et de l'occupation. Juliano Mer-Khamis a retracé le travail de sa mère dans le film "Les enfants d'Arna" (2004). Voir ici : link  
Détruit en 2002 lors d'une opération de l'armée israélienne contre les groupes armés palestiniens, le Théâtre des pierres avait revu le jour en 2006 sous le nom de Théâtre de la Liberté grâce à Juliano Mer-Khamis et à Zakaria Zoubeïdi, chef local du groupe armé palestinien des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa. Malgré ce soutien, le  théâtre avait été incendié deux fois. Son répertoire avait fait l'objet de critiques. Des extrémistes religieux n'avaient notamment  pas apprécié le choix de "La ferme des animaux" de George Orwell où les acteurs étaient amenés à jouer les rôles de poules ou de cochons. La dernière production du théâtre était "Alice au pays des merveilles". link
Juliano Mer-Khamis avait joué dans une trentaine de films : La petite fille au tambour de George Roy Hill, Kippour d'Amos Gitaï,  Miral de Julian Schnabel ... (AFP, Haaretz, 04-04-2011)  Il avait signé  la pétition parue dans « Le Monde » (17-11-2010) sous le titre « Boycotter Israël c’est lutter pour une paix juste ».

Mardi 5 avril 2011
 

Alertée par une automobiliste, puis par la direction du zoo de Doué-La-Fontaine, la police est intervenue le 24 mars 2011 sur un rond-point d'Angers où était installée, derrière les barreaux d'une cage dorée, une grosse tête du président de la République surmontée d'un panneau où était inscrit "Zozo Doué". L'oeuvre  avait été réalisée par la Maison de quartier du Lac de Maine pour annoncer le carnaval d'Angers prévu la semaine suivante. Installée à 10h, la cage était démontée à 16h puis emmenée au commissariat. (Courrier de l'Ouest, 24-03-2011)
Le lendemain, le "bioparc" de Doué retirait sa plainte. « C’était très gênant pour le zoo de Doué d’être associé à cette insulte mais nous ne sommes pas procéduriers. Et le directeur de la Maison de quartier nous a téléphoné deux fois pour nous présenter ses excuses. (...)  En fait, c’était simplement une blague de potache. On a donc finalement décidé de ne pas aller plus loin »  déclarait le directeur marketing du zoo.
Le 31 mars, vers 19h30, une soixantaine de personnes manifestait en centre-ville, réclamant la restitution de "Zozo". Selon Ouest-France, avant de se séparer, les participants  déposaient des nains de jardin, des bougies et une photo de la « grosse tête »  portant l’inscription « Rendez-nous Zozo ».
Finalement, on apprenait (Ouest-France, 1er avril 2011) que  Brigitte Angibaud,  procureur de la République avait décidé de classer la procédure engagée. La magistrate indiquait que "dans une affaire quasi similaire au Portugal, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé disproportionnée une condamnation pour diffamation estimant que la mise en scène relevait de la caricature et qu’il y avait ingérence dans le droit d’un artiste à s’exprimer".
Libéré,  Zozo Doué a pu participer le samedi 2 avril au carnaval d'Angers (Voir ici: link). On a pu aussi observer une autre apparition du chef de l'État : précédé d'un motard en trottinette, le président, surmonté d'un chapeau rappelant celui de Pinocchio, a défilé dans les rues de la ville à l'intérieur d'un étrange véhicule, une chaussure noire géante.

 

Marianne - Catherine Lamacque

Marianne de Catherine Lamacque

 

À Neuville-en-Ferrain (Nord), un buste de Marianne a été retiré de la salle des mariages où il était installé depuis deux ans. Selon le maire, la poitrine, jugée trop "généreuse", du symbole de la République, attirait régulièrement des remarques lors des cérémonies. L'oeuvre, réalisée  par l'artiste Catherine Lamacque suite à une commande de la ville, a été remplacée par un buste à l'effigie de la comédienne Laetitia Casta (France 3 Nord, /AFP, 1er avril 2011).
Diplômée de l'école nationale d'Art de Cergy-Pontoise, Catherine Lamacque vit à Neuville-en-Ferrain depuis 2003. Elle a créé pour la ville une statue de Camille Claudel  installée dans le groupe scolaire du même nom ainsi qu'un populaire "géant" : Honoré de Noefville, attraction de la fête des craquelins . (La Voix du Nord, 27-04-2009). Voir aussi : link

Mardi 5 avril 2011
 

M. Kacimi - L'orient après l'amour

 

Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, se rendra en visite officielle à Tunis les 2 et 3 avril (Le Monde, 29-03-2011). Comment sera-t-il accueilli  par les Tunisiens, qui n'ont probablement pas oublié les déclarations qu'il avait faites en janvier 2011, en pleine répression du soulèvement populaire par la police tunisienne?

Quelques jours après que la ministre des affaires étrangères de l'époque, Michèle Alliot-Marie, eut proposé le "savoir-faire" des forces de sécurité françaises au régime Ben Ali,  il avait déclaré sur Canal + : "Dire que la Tunisie est une dictature univoque comme on le fait si souvent me semble tout à fait exagéré". Suite à la déclaration de l'amiral Jacques Lanxade - ambassadeur de France en Tunisie de 1995 à 1999 - indiquant  au JDD que le ministre bénéficiait de la double nationalité franco-tunisienne, octroyée par Ben Ali, laissant entendre (RMC, 17-3-2011) que cela pourrait expliquer son indulgence envers le régime, le ministre concédait sur France-Inter: "Il se trouve que, sans doute, peut-être, le régime a essayé de me récupérer en me donnant la nationalité, mais je n'ai pas fait de compromis, aucun".

Pour un éclairage sur le sujet, il n'est  pas inintéressant de  lire l'analyse de l'écrivain et dramaturge Mohamed Kacimi. Dans son livre L'Orient après l'amour, paru en 2008 chez Actes Sud, Mohamed Kacimi écrivait : "Grâce à Ben Ali, la Tunisie est aujourdʼhui un vaste goulag où des millions de blaireaux bronzent à 150 euros la semaine en formule all inclusive. Un goulag dont les miradors sont cachés par des sacs FRAM et des serviettes de plage." En complément, on pourra relire "Un rêve tunisien" (link), savoureux reportage publié en mai 2009 par La pensée de Midi: le dramaturge y raconte comment, à cause des lignes mentionnées ci-dessus, son séjour à Tunis, où il était invité à participer au Salon du livre, avait été écourté.

 

 

 

Vendredi 1 avril 2011
 
 


26/05/2011
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