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CAMPAGNE POUR PARIS: DEUX FEMMES

Pour Paris, une campagne à deux temps (libération)

Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, en septembre 2012. Nathalie Kosciusko-Morizet, en déplacement à Amiens le 21 février 2013.
Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, en septembre 2012. Nathalie Kosciusko-Morizet, en déplacement à Amiens le 21 février 2013. (Photos Stéphane Lavoué et Marc Chaumeil)

Analyse A sept mois des municipales, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet courtisent la capitale, chacune à son rythme.

L’une «tisse sa toile», chaque jour sur le métier, depuis le mois de septembre. L’autre, qui confie broder «au petit point» pendant ses vacances, virevolte en toute légèreté. Valsant d’un quartier parisien à l’autre, un œil sur la mairie de Paris, un autre sur la France et la planète. Une coureuse de fond face à une sprinteuse. Si Jean de La Fontaine n’était pas démenti, on connaîtrait déjà la morale de l’histoire. Mais il reste sept mois et demi avant les élections de Paris, rien n’est écrit.

Encore sur la ligne de départ, Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) s’observent, décochant à l’occasion quelques coups d’aiguilles encore indolores. Quand NKM, très inspirée par la méthode Obama, multiplie les corners (lire ci-contre) et les réunions Tupperware, part en voyage à Londres ou Tel-Aviv, tweete dans la seconde sur les déboires du gouvernement ou les catastrophes planétaires, la candidate PS se moque : «Moi je fais une campagne parisienne !» «Elle parle d’autre chose que Paris parce qu’elle ne connaît rien à Paris», ajoute un proche.

Et NKM répond : «Paris n’est pas la province ! Tous les maires des grandes capitales font le tour du monde pour attirer des entreprises !» «Ils tapent en dessous de la ceinture», commente un conseiller PS qui va devoir renouveler son vocabulaire politique à l’occasion de ce duel féminin. Rue de la Lune, QG parisien de NKM, «Madame Condescendante», comme la surnomme Bertrand Delanoë, prend soin de ne jamais nommer sa rivale. Anne Hidalgo, cette «deuxième» - maire adjointe de Delanoë -, «vouée à le rester», copierait sa campagne, selon elle. «Elle reprend un certain nombre de mes propositions, comme l’ouverture des magasins le dimanche. Je l’ai annoncé un lundi, elle l’a dit le mercredi.»

Côté socialiste, la «cellule riposte», mise en place en juin, réagit au quart de tour. «Anne Hidalgo envisage une évolution légère sur l’ouverture des commerces le dimanche, ce n’est pas la première fois qu’elle le dit»,assure Rémi Féraud, directeur de campagne d’Anne Hidalgo. Il ajoute : «La difficulté de cette campagne sera de ne pas laisser les messages de NKM être pris pour argent comptant. Elle dit beaucoup de contrevérités avec assurance. Sur la pollution, le nombre de véhicules diesel, elle oublie qu’elle a été la ministre du diesel !» Un autre conseiller de la candidate PS affirme : «On ne fait pas campagne en fonction de l’adversaire, rien n’a été fixé par rapport à eux.»

 

Avertissement. Nathalie Kosciusko-Morizet doit faire basculer plusieurs arrondissements et faire gagner plus d’une vingtaine de conseillers de Paris à la droite. «Je suis prête à prendre tous les risques,dit celle qui veut reconquérir le XIVe, pourvoyeur de dix élus au Conseil de Paris. C’est mon tempérament.» Doubler voire tripler le nombre de caméras de surveillance pour lutter contre l’insécurité, par exemple : «A Nice, à Londres, on peut faire des flags avec la vidéosurveillance, serrer un mec à trois kilomètres de là où il a fait un vol à la tire. A Paris, on peut toujours rêver !» Sur la propreté : «Il faut des forces d’intervention rapide et des sanctions.» Elle voudrait aussi, elle qui a fait de la politique son métier, en finir avec «les politiques qui se partagent les mandats, qu’ils vivent comme des rentes à vie». Avertissement pour «l’héritière» Hidalgo et à son propre camp, où la composition des listes s’annonce rude. Dans le XIVe, une élue a annoncé qu’elle présenterait une liste contre elle. Dans le XIIe, Charles Beigbeder fait de la résistance. Dans le Ve, les Tiberi père et fils se mobilisent contre leur expulsion de la mairie. Et dans le VIIIe, François Lebel, qui a tenu des propos homophobes pendant le débat sur le mariage pour tous, est devenu encombrant… Autant de soucis domestiques à régler avant son départ en vacances dans sa maison familiale du Cotentin cette semaine. Anne Hidalgo, déjà envolée dans son Andalousie natale, doit dévoiler listes et programmes avant octobre. Elle n’a pas tout aplani non plus avant de partir. Ni l’inquiétude liée aux difficultés de l’Etat, sur lesquelles sa rivale se fait un plaisir de surfer, ni les problèmes intra-muros.

 

Barons. Liée par sa promesse de faire respecter le non-cumul des mandats à Paris et de renouveler les têtes, elle est confrontée aux députés-maires d’arrondissement, barons de gauche, comme il en existe à droite, qui ne veulent pas décrocher. Dans le XIVe, Pascal Cherki, émoustillé par l’arrivée de NKM, voudrait garder sa mairie. Idem dans le XVIIIe tenu par l’ancien ministre de l’Intérieur de Jospin, Daniel Vaillant, qui fait ouvertement campagne sur les marchés. Et dans le XIIe, où la reconduction de Michèle Blumenthal n’est pas assurée. Reste à trouver des têtes d’affiche pour le Ve et le XVIIe, et à peaufiner le programme déjà largement écrit par ses soutiens, mobilisés depuis près d’un an dans son association Oser Paris. Anne Hidalgo sera de retour le 15 août, quelques jours avant NKM. Un coureur de fond doit toujours garder de l’avance

 



29/07/2013
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