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BRIGNOLES: LA COLERE DES SOCIALISTES LOCAUX

 

 

La force de notre colère est immense aujourd’hui. Le résultat de Brignoles était prévisible, attendu et s’est confirmé. Le FN re-gagne le canton de Brignoles. Re-gagne car il faut rappeler que cette élection partielle fait suite à deux annulations. En 2011, le FN avait déjà gagné ce canton. En 2012, au nom d’une gauche rassemblée, Claude Gilardo, maire de Brignoles, avait battu le FN malgré le «ni-ni» de Jean-François Copé et de la députée locale UMP de la circonscription. Certes, la mise en scène n’avait pas été la même. La valse médiatique non plus. C’était un homme de gauche qui gagnait face au FN sur une terre sarkozyste. Il faut croire que l’intérêt des médias pour Brignoles est à géométrie variable. La force de notre colère, elle, est toujours immense aujourd’hui.

Nous, militants d’une gauche rassemblée, responsables locaux du parti socialiste, républicains de toujours, sommes depuis le 1er tour de cette élection cantonale au centre de tous les discours, de toutes les analyses et conjectures en tout genre. Nous menons la bataille culturelle contre les idées et les méthodes du FN de Gollnish, Le Pen et tous les crânes rasés de leur service d’ordre depuis plus de dix ans maintenant. Tous étaient là hier soir, masqués derrière l’image bien proprette du candidat parachuté par l’appareil FN sur les terres de Brignoles. Et pourtant, peu de médias font réellement cas de la réalité locale. Nombreux sont ceux qui s’engouffrent dans des analyses pré-machées visant à satisfaire des tentatives d’esquives nationales et des formules toutes faites afin d’alimenter la polémique sur les plateaux TV. Plus qu’une déferlante frontiste, ce que nous voyons depuis des semaines sur notre territoire est une déferlante médiatique sans précédent. Une question nous taraude : qui est l’idiot utile de l’autre ?

La presse fait circuler les bons mots des uns et des autres sans rarement prendre le temps de vérifier les informations qu’elle diffuse. Il est tellement plus simple de s’attarder sur une petite phrase du chef de l’UMP, Jean-François Copé, apparemment en mal d’existence, que d’aller constater que Claude Gilardo a sorti sa commune d’un immobilisme dévastateur. Rappelons que la gauche dirige cette ville depuis 2008 seulement et qu’elle a gagné contre la municipalité sortante UMP. Rappelons aussi que ce sont près de 50 millions d’euros pour la jeunesse, l’emploi, le développement économique local et la qualité des services publics qui ont été investis depuis 2009, soit deux à trois plus que les années précédentes.

Oui, la situation de notre département, le contexte varois, de nos territoires de Brignoles et de Fréjus ont souvent joué le rôle de miroir grossissant d’une crispation nationale qui émergeait. Et oui, il y a quelques leçons, peut-être, à entendre d’ici. En tous cas, parce que nous sommes les premiers sur le terrain du combat, parce que nous y sommes au quotidien, nous voulons que la lumière soit faite sur quelques éléments de la base, qui méritent au moins autant d’être soulevés que la formidable opération de communication orchestrée par le FN dans l’indifférence générale des médias et des états-majors, trop occupés à renvoyer dos à dos les joutes verbales insignifiantes entre des élites déconnectées de ce qui se passe en bas. Voilà pourquoi nous voulons livrer notre témoignage avec force, colère et sans langue de bois.

Quel étonnement pour nous d’entendre que ce candidat du FN serait le porteur d’une «vague bleu marine» d’un soi-disant renouvellement : très peu de journalistes ont fait écho au fait que ce monsieur est un permanent politique du groupe FN du conseil régional PACA. Qu’il est l’émanation même des apparatchiks politiques d’un appareil qui ne fait que mettre en scène une nouvelle phase de son développement avec un surprenant silence critique. Ce monsieur est venu s’installer à Brignoles en décembre 2012 avec la seule fin de pouvoir se présenter aux élections locales. Depuis, il sert la soupe d’une colère aveugle et sans proposition aucune, d’un parti d’extrême droite, à des journalistes avides de voir (enfin ?) le scénario d’un FN triomphant sur l’idée qu’il faille exclure les Arabes de France parce qu’ils sont arabes. Nous provençaux gardons le souvenir de ces «mange spaghettis» stigmatisés au début du siècle dernier dont nous sommes aujourd’hui les descendants. Hier comme aujourd’hui nous avons la responsabilité de mener la bataille culturelle.

Bien évidemment, nous ne sommes pas sourds face au désarroi d’une partie des électeurs qui votent parfois pour nous. Nous ne sommes pas de ceux qui nient les problèmes. Le courage est l’essence même de notre militantisme sur des terres si difficiles. Réduire cet électorat à un peuple de gauche trahi et désarmé est un peu court même si le contexte national ne nous est très clairement pas favorable. Toutefois, les bureaux de vote de gauche à Brignoles sont précisément ceux qui ont placé la candidate UMP en tête, parfois loin devant le Front National comme dans le bureau 9, le bureau d’un quartier populaire dans lequel la candidate républicaine recueille 56% des suffrages. Il est là, le vote républicain. Quant au village de La Celle, qui se distingue pour n’avoir que de l’habitat individuel plutôt prisé, il est celui qui place le Front National le plus en tête avec plus de 60% des suffrages, un village qui avait voté pour Nicolas Sarkozy à 65,3%. Il y a des réalités objectives qui ne trompent pas.

Notre cri de colère porte enfin sur notre solitude. Casser cette spirale du FN passe par un combat collectif. Nous ne cherchons pas à nous défausser. A trouver des responsables. Mais l’introspection ne peut être uniquement celle de quelques-uns. La gauche locale mène un combat solitaire face à l’implantation du FN dans le Var et les Alpes-Maritimes depuis plusieurs années. N’oublions pas que Toulon, Vitrolles et Marignane ont basculé entre 1995 et 1997, il y a près de deux décennies. N’oublions pas non plus que la droite locale y flirte avec le FN à sa mode décomplexée, comme la députée locale, Madame Pons, qui s’inquiétait des flux d’étrangers générés par l’institution du mariage pour tous. Indéniablement, la déliquescence de la droite locale crédibilise les idées démagogiques du FN. Et face à un appareil d’extrême droite se déplaçant en meute au gré d’un système médiatique qui le suit avec docilité, les partis de gauche ont la responsabilité d’apporter une réponse structurelle, nationale et collective.

Plutôt que de laisser quelques militants locaux gérer les pots cassés avec les moyens du bord dans un département sarkozyste en déliquescence, qui se dilue peu à peu et de nouveau au profit du FN, nous poursuivrons de toute façon le combat parce que nous sommes condamnés à mener la contre-offensive et à prendre nos responsabilités. Et vous médias ? Et vous, partis politiques ? Jusqu’où êtes-vous prêt à nous accompagner ?



15/10/2013
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