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BERCY SOUS INFLUENCE

Vv

Bercy en proie au clanisme et aux réseaux d’influence

Où l'on reparle encore de Matthieu Pigasse

Le rôle de cette conseillère en communication auprès de Liliane Bettencourt a été relaté, à l’époque, par toute la presse. On en trouvera par exemple une évocation dans cet article du Parisien, en date du 26 octobre 2010, ou encore dans cet article du Point, en date du 15 décembre 2011. Sous la plume de mon confrère Hervé Gattegno, ce magazine racontait dans ce numéro tout à la fois les récentes perquisitions opérées par la Brigade financière en même temps que certaines manipulations médiatiques :

« La brigade financière a ainsi perquisitionné, le 3 novembre, chez Laurent Obadia, le “conseiller en relations publiques” que s'était adjoint Pascal Wilhelm pour “contrôler l'image” de Mme Bettencourt – selon une convention signée en janvier 2011. Les policiers ont alors vérifié que sa rémunération se montait à 80 000 euros par mois. Une autre perquisition a été effectuée chez Marion Bougeard, elle aussi recrutée pour organiser l'encadrement médiatique de la milliardaire. Les traces des interventions du tandem de communicants ne manquent pas : de nombreux médias ont relayé, depuis l'été 2010, les protestations de Liliane Bettencourt face à de prétendues “attaques” de sa fille – serments lancés d'une voix faiblarde, mais qui ont entretenu le mythe d'une femme d'affaires minée par l'âge et pourtant sûre de ses choix. Le 22 septembre, un article du Figaro racontait que la mère et la fille ne se parlaient plus. La veille, elles avaient passé un long moment ensemble dans l'hôtel particulier de Neuilly... »

Mediapart a, par ailleurs, révélé récemment des échanges de SMS entre Laurent Obadia et Bernard Squarcini, l'ancien patron de la DCRI, qui intriguent le juge d'instruction chargé de l'affaire Bettencourt (lire ici).

Mais la vérité, c’est que Marion Bougeard n’a pas travaillé que pour Liliane Bettencourt. Son client le plus proche, celui pour lequel elle a le plus travaillé ces derniers temps et jusqu’à l’élection présidentielle, n’est autre qu’un banquier d’affaires maintenant bien connu de Bercy et qui est au cœur d’un scandale récent.

Il s’agit du banquier de Lazard, Matthieu Pigasse, propriétaire des Inrocks et copropriétaire du Monde, qui a obtenu de Pierre Moscovici, dans les conditions controversées que l’on sait, le mandat de banquier conseil pour la création de la Banque publique d’investissement (lire Les enjeux cachés du duel Moscovici-Montebourg). Quiconque veut le vérifier peut en trouver d’innombrables preuves : depuis plusieurs années, tous les communiqués de la banque Lazard (par exemple, celui-ci) faisaient mention que les « contacts presse » étaient assurés par Marion Bougeard.

Dans tout cela, il y a un mélange des genres, entre intérêt général et affaires privées. Mais il y a comme un fil d’Ariane : cette galaxie d’amitiés qui s’est installée à Bercy regroupe effectivement pour l’essentiel des proches de Dominique Strauss-Kahn. Car si Euro RSCG a longtemps conseillé le patron déchu du FMI, jusqu’au Sofitel de New York, et même au-delà, Matthieu Pigasse est aussi un ancien du cabinet du même « DSK », du temps où il était ministre des finances dans le gouvernement de Lionel Jospin. Il a gardé ensuite un lien fort avec lui, du temps où il régnait en maître sur le FMI. Lequel Matthieu Pigasse a par ailleurs évidemment un très fort intérêt à faire savoir à tous ses clients, dans le privé, qu’il est un homme éminemment puissant et influent puisqu’il est le banquier d’affaires qui a l’oreille de Pierre Moscovici.

Un seul exemple : choisi comme banquier conseil par EADS dans ses négociations secrètes avec British Aerospace en vue d’une fusion (qui est aujourd’hui en très mauvaise voie), il a pu faire valoir avec force auprès du conglomérat qui l’employait qu’il était l’homme de la situation puisqu’il avait ses entrées à Bercy.

C’est comme un puzzle qu’il faut reconstituer. Ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn à Bercy, Matthieu Pigasse a continué de s’appuyer sur son mentor quand ce dernier est devenu patron du FMI, car lui-même, devenant banquier conseil du gouvernement grec dans la crise des dettes souveraines y avait intérêt. Et voilà soudainement qu’il peut, grâce aux deux ministres strauss-kahniens de Bercy, tisser sa toile au ministère des finances. Qu’espérer de mieux ? La conseillère en communication, de son côté, a travaillé d’abord pour Matthieu Pigasse puis pour Bercy, au moment même où son ancien client, le même Matthieu Pigasse, a décroché un contrat controversé… de Bercy. La cour de récréation du capitalisme de connivence à la française est décidément toute petite…



09/10/2012
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