laulaublog

AUX CATHOS , aux opposants, REPONSE D' UNE ENQUETE SUR L'HOMOPARENLITE

L'homoparentalité dans les études scientifiques. 2- Comment vont les enfants ? (article mediapart)

L'homoparentalité dans les études scientifiques (2/4)

Les opposants à l'homoparentalité le répètent en boucle : il faut penser à « l'intérêt » et au « droit de l'enfant ». Selon eux, les enfants élevés dans des familles homoparentales seraient exposés à des troubles (psychologiques, sociaux, de l'identité sexuelle). Plus de 700 études scientifiques dans le monde ont été consacrées à l'homoparentalité depuis les années 1970, dont une partie au développement des enfants. Que concluent ces travaux ? Mediapart s'y est plongé (lire notre Boîte noire). Deuxième volet de notre série.

----------------

Critiquées pour leurs biais méthodologiques (qui seront l'objet de notre troisième volet), ces d'études ne parviennent pas à accéder à toute la population de référence. Mais une forte « tendance significative » se dégage de ces centaines de recherches : « Elles ne montrent pas de différence significative, dans quelque domaine que ce soit, entre les enfants issus d’un milieu homoparental et les enfants issus d’un milieu plus “classique” », explique le pédopsychiatre Stéphane Nadaud, auteur de la première enquête française sur le sujet. « Ils ne vont ni mieux ni moins bien », résume Martine Gross, ingénieure de recherche en sciences sociales au CNRS, auteure de plusieurs ouvrages sur le sujet et présidente d'honneur de l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL).

C'est à cette conclusion qu'était déjà parvenu Stéphane Nadaud à l'issue de sa thèse, en 2000. Le pédopsychiatre a étudié le comportement de 58 enfants, âgés de 4 à 16 ans, qu'il a répartis en cinq groupes pour décrire toutes les situations homoparentales (né dans un contexte hétérosexuel, mais élevé dans un second temps par un de ses parents homosexuels ; conçu dans le cadre d’une coparentalité ; adopté par une personne homosexuelle ; conçu par insémination dans un cadre homosexuel ; conçu avec le recours à une « mère porteuse »).

Il a utilisé les tests de comportements et d’insertion sociale/familiale (le Child Behavior Checklist, l'EAS – Emotionality, Activity, Sociability –, et le Coping Inventory). Les questionnaires ont été remplis par les parents homosexuels. Résultat : si les enfants élevés dans un contexte homoparental semblent plus timides, tout en ayant une meilleure adaptabilité, « il n’y a pas de différence notable », explique-t-il, précisant : « S’il y avait eu un grand nombre de pathologies psychiatriques chez ces enfants, des profils comportementaux très différents, cette étude l’aurait fait émerger. »

C’est aussi cette « tendance » qui ressort de la première enquête longitudinale (réalisée par Fiona Tasker et Susan Golombok, en 1995), ainsi que de toutes les métaanalyses (ces travaux qui combinent les résultats des études recensées depuis les années 1970, pour établir des statistiques et une analyse plus globale).

En 2003, Olivier Vécho, maître de conférence en psychologie du développement à l'université de Paris X Nanterre et actuellement l'un des principaux chercheurs français à travailler sur l'homoparentalité, a exploré avec Benoît Schneider 311 documents parus depuis 1972. Il en a extrait 38 pour réaliser sa métaanalyse (« Homoparentalité et développement de l’enfant : bilan de trente ans de publications »). Il démontre que l’examen de toutes ces études « ne conduit pas au constat d’une plus grande vulnérabilité de ces enfants ». Près de dix ans plus tard, les conclusions de son travail, actualisées avec le nombre grandissant d'études (700 publications et 70 retenues), sont les mêmes. « La forte tendance générale est qu'il n'y a pas de différences massives entre les enfants élevés dans des familles homoparentales et les autres », confirme-t-il à Mediapart.

« Les résultats convergent tous vers un message clair et sans ambiguïté : lorsque (ces) enfants ont des problèmes d’adaptation, d’autres facteurs que la simple orientation sexuelle des parents sont responsables de ces difficultés », démontrait également Danielle Julien, psychologue et professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal, en 2003.

« C’est aussi ce que tend à montrer la réalité », estime Stéphane Nadaud, qui cite le cas de l'Espagne « où le bilan est positif, sept ans après la loi », mais aussi les patients qu'il voit défiler : « Étant donné mes travaux sur l'homoparentalité et mes nombreuses formations auprès des écoles, crèches et professionnels du social sur le sujet, on m'adresse des enfants qui sont dans un contexte homoparental et vont mal. Or, au maximum, j'en reçois deux par an. »

En 2010, une étude prospective (disponible en intégralité ici) réalisée par Henny Bos et Nanette Gartrell et publiée dans la revue américaine Pediatrics, évite une partie des biais méthodologiques souvent fustigés et va plus loin : « Les enfants élevés par des mères lesbiennes obtiennent des résultats sensiblement meilleurs dans les rapports sociaux, les résultats scolaires et les compétences générales et sensiblement plus bas en ce qui concerne les comportements agressifs et de violation des règles. » Menée pendant 25 ans, cette enquête a suivi 78 enfants (39 filles, 39 garçons) de mères lesbiennes depuis leur naissance. Les données ont été collectées par des entretiens et questionnaires remplis par les enfants, ainsi que les mères à différentes étapes.

Les chercheuses expliquent « en partie » ces résultats par le fait « que les mères qui ont participé à l'étude se sont engagées avant même la naissance de l'enfant et se sont activement investies dans l'éducation des enfants », tout en soulignant le rôle des méthodes éducatives des mères lesbiennes. Elles parviennent également à des conclusions positives concernant la consommation de drogues, la résistance à la stigmatisation, etc. (Lire sous l'onglet Prolonger de cet article)



03/11/2012
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 8 autres membres