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ARNAUD MONTEBOURG: une autre vision de la B.C.E.

Le gisement de l'assurance-vie

Or, même si Arnaud Montebourg ne veut pas contrevenir à la discipline gouvernementale que Jean-Marc Ayrault cherche tant bien que mal à faire respecter – et plutôt mal que bien –, les couloirs de Bercy bruissent de la rumeur d’un projet beaucoup plus ambitieux et volontariste. D’abord, le ministère du redressement productif plaide pour une véritable banque de l’industrie, c’est-à-dire pour une banque intégrée, et pas pour une juxtaposition de structures qui existent déjà. Ensuite, il aimerait que la nouvelle banque soit réellement une banque de service public, n’ayant que l’intérêt général comme ligne conductrice, et pas le souci permanent des commissions et retour sur investissement dont sont si friandes les grandes banques privées et qui siphonnent les trésoreries des PME au lieu de les reconstituer. D’où d’ailleurs l’agacement du ministère de voir Matthieu Pigasse faire irruption dans ce dossier. S’il s’agit d’imposer une logique de service public et non pas une logique de marché – sinon d’influence ou de connivence –, ce n’est évidemment pas le conseil adéquat.

Et puis surtout, selon les témoignages que nous avons recueillis dans les directions financières de Bercy, Arnaud Montebourg souhaite que la force de frappe de la nouvelle banque soit non pas de 30 milliards d’euros mais de… 200 milliards ! L’argument est le suivant : mettre une somme sous-calibrée dans un contexte de crise économique, et alors que les banques privées se désengagent du financement de l’économie, serait vain. Il est donc urgent d'afficher une plus grande ambition. D’autant qu’il existe de nombreux gisements inexploités, si une politique fiscale adéquate est mise en place : l’assurance-vie, pour ne parler que d’elle, a ainsi des encours qui dépassent 1 600 milliards d’euros, dont seulement 4 % viennent financer l’économie française et à peine 1 % les PME.

On aurait donc tort de ne voir dans l’affrontement, pour l’instant feutré sinon même masqué, entre Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg qu’une opposition de style ou de tempérament – tous deux se sont encore rencontrés ce lundi matin pour faire le point, et les échanges selon nos informations ont été rugueux. Car assurément, ces deux-là ne s’apprécient guère, et cela se sent. Mais l’essentiel est ailleurs : ils sont porteurs de politique économique dont les philosophies n’ont sans doute pas grand-chose de commun. C’est ce qui commence à transparaître au travers de cette affaire Pigasse.

Pour l’heure, l’Élysée temporise et fait mine de croire que l’affaire n’est pas importante. François Hollande devra pourtant arbitrer d’un jour à l’autre. Et il y a fort à parier que cela relancera le débat de politique économique. Et au demeurant faut-il s’en plaindre ? C’est assurément une preuve de faiblesse de ce gouvernement de ne pas admettre qu’un débat d’orientation le traverse. Qu’y a-t-il de mal à cela ? Mieux vaut un débat libre et serein, devant les citoyens – le gouvernement Jospin en a connu de nombreux – qu’une fausse caporalisation, avec en arrière-fond de petites intrigues et des coups tordus…



04/09/2012
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