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Arnaud Montebourg : ma différence 3/4 (Mediapart)

Arnaud Montebourg : écoutez ma différence

La ratification du traité européen

En 2005, Montebourg avait été l'un des porte-parole du “non” au projet de constitution européenne. En 2008, il refusait d'approuver le traité de Lisbonne. Cette fois, il défend ardemment la ratification du traité budgétaire européen (TSCG), appelant à prendre acte des avancées réalisées.

« Ce traité n’est plus seul ! Il y a eu à côté un certain nombre d’avancées et il devient particulièrement absurde de voter contre ce que nous avons obtenu. On ne peut pas saucissonner un ensemble !
- L’évolution du rôle de la banque centrale n’est pas indifférente : c’est notre revendication depuis dix ans.
- La taxe sur les transactions financières, on la demande depuis dix ans.
- La supervision des banques par la BCE :  je demandais pendant la primaire socialiste la mise sous tutelle des banques. Et nous l’avons emporté !
- Enfin le pacte de croissance de 120 milliards d'euros. Oui, bien sûr, le manque d’ambition est patent, il faudrait 120 milliards par an, mais c'est mieux que rien. »

De cette analyse, le ministre tire la conclusion que « ce pacte est devenu acceptable par les contreparties que nous avons obtenues. Est-ce que c’est suffisant, est-ce que c’est le nirvana, est-ce qu'on va tomber en pâmoison ? Non, bien sûr, certainement pas, et c’est pour cela qu’il faut continuer, nous devons repartir à la bataille. »

Montebourg, comme bien d'autres socialistes, s'est surtout attaché à relativiser la portée d'un traité qui pourrait bien vite être oublié si la situation économique en Europe connaissait de nouveaux bouleversements. Niant toute « contrainte », toute « perte de souveraineté », le ministre veut ainsi croire que « la politique est plus forte que tous les traités de la création. Le débat n’est pas vraiment le traité, le débat est de savoir quelle est la politique que nous menons dans les grands pays de la zone euro ».

Au fait, la démondialisation ?

Interrogé sur la disparition de ce qui fut l'un des grands thèmes de sa campagne lors de la primaire socialiste : la démondialisation et la mise en place d'un protectionnisme européen, Arnaud Montebourg nie avoir mis ce programme au fond de sa poche. « Dans mes actes, je suis démondialisateur. Aujourd’hui, l’UE est une passoire qui est en concurrence avec le monde entier et doit subir une mondialisation déloyale. Exemples : le dumping chinois a détruit l’industrie photovoltaïque européenne. Les Américains frappent et discutent après. Donc, nous demandons une réforme des règles commerciales, j’ai fait une tournée européenne de tous les ministres de l’industrie pour voir comment mener une politique de défense commerciale, et quelle nouvelle politique de concurrence mettre en œuvre. »

L'écologie et le nucléaire

Montebourg assume volontiers ses désaccords avec les écologistes. D'abord en se définissant comme « productiviste ». « Le productivisme, ça me convient parfaitement. Parce qu’un pays qui ne produit pas est un pays qui s’affaisse. Il y a un besoin de croissance de la production en France. »

Ensuite en réaffirmant son refus de sortir du nucléaire : « Mes convictions écologiques sont intactes. Mais nous ne pourrons pas mener cette transition écologique en se débarrassant du nucléaire. On ne peut pas tout faire, ma position est d’abord pragmatique. Dans mes livres, je n’ai jamais défendu la rupture avec le nucléaire. »

La commission Jospin et le PS

Interrogé sur la mise à l'écart du Parlement dans le débat naissant sur la réforme des institutions confiée à la commission Jospin dont les travaux sont à huis-clos, Arnaud Montebourg ne voit là qu'un petit retard sans attendre beaucoup des travaux de cette commission : « Il y a toujours eu des commissions. Elles proposent, quel est le problème ? Les parlementaires ne sont pas dépossédés, ils seront évidemment saisis, ils sont simplement retardés. Rien de plus banal. Et généralement, les rapports des commissions finissent en classement vertical. Donc, ses membres devront faire preuve de beaucoup d’imagination pour que ce ne soit pas le cas… »

Quant au spectacle donné par le PS dans la préparation de son congrès et la désignation du successeur de Martine Aubry, Harlem Désir, le ministre a seulement voulu prendre date : « Harlem Désir a été un très bon secrétaire pendant les primaires. Il faut maintenant poursuivre ce travail de rénovation du parti et c’est pour cela que je l’ai soutenu. Je compte sur Harlem Désir pour s’occuper des fédérations de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône et du Pas-de-Calais qui sont aujourd'hui toutes trois sous tutelle. »

 Le changement, c'est pour quand ?

Interrogé sur l'absence de mobilisation de la société, sur la lenteur mise à engager les réformes et sur les doutes grandissants dans l'électorat de gauche, le ministre a revendiqué un autre rythme et une autre méthode :

« Nous avons fait le choix de restaurer la confiance avec des partenaires sociaux qui ont été piétinés. Les syndicats représentent quelque chose, le patronat également, nous devons construire des compromis. Donc, il y a d’abord ce dialogue social, faire ce que n’avait pas fait Nicolas Sarkozy : le bonapartisme sarkozyste avait pour habitude d’énumérer les réformes et voilà tout. Là, notre choix est plus lent, mais plus démocratique, nous discutons avec la société et je trouve que c’est un grand progrès. Nous voulons juste construire un changement durable, donc l’enraciner dans les profondeurs. Je préfère que nous prenions le temps de l’enracinement et de la force. Et je crois que nous sommes au rendez-vous. »

La machine à trahir ou à oublier les promesses de campagne et à pousser dans les coins les réformes difficiles s'est-elle remise en marche ? « C’est à nous de veiller à ce que ne ça se reproduise pas, à nous de maintenir le lien avec la société. Peut-on dire que tout a été abandonné ? Non, je ne crois pas. Le climat est effectivement un climat d’inquiétude mais je ne voudrais pas que ce soit un climat de résignation. »

Interrogé sur le budget 2013 (plus de 30 milliards de réductions de dépenses publiques), sur l'abandon partiel de la réforme fiscale promise par François Hollande, Arnaud Montebourg a voulu défendre une approche progressive, bien éloignée des urgences qu'il mettait en avant lors de la campagne de la primaire socialiste. Serait-il le ministre alibi d'un gouvernement n'infléchissant qu'à la marge des politiques néolibérales ? « Est-ce que je ne suis qu'une caution ? L’avenir le dira ! répond-il. Mais ce que je vois du retour de l’Etat, des attaques du Medef à mon encontre me font penser que non. Notre projet, c’est le projet du retour de l’Etat. Keynes a écrit un livre qui s'appelle The end  of the laissez faire. C’est aussi mon objectif et j’ai beaucoup de travail. »



22/09/2012
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