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AFFAIRE TAPIE : l'enregistrement quui met en cause GUEANT

Affaire Tapie: l'enregistrement qui met en cause Guéant

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C’est une brutale accélération dans l’enquête sur le scandale de l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie : à la demande des trois juges d’instruction chargés de l’affaire, la Brigade financière a procédé mercredi 27 février à des perquisitions au domicile et au cabinet parisiens de Claude Guéant, l'ancien ministre de l'intérieur de Nicolas Sarkozy, et ancien secrétaire général de l’Élysée. Les magistrats cherchent à vérifier le rôle qu’il a joué dans l’arbitrage qui a fait la fortune de l’ex-homme d’affaires mais aussi dans la négociation fiscale qui s’en est suivie. Il s'agissait de déterminer le montant d’impôt qui reviendrait au fisc et la part que Bernard Tapie pourrait garder pour lui.

Un enregistrement de Bernard Tapie, que Mediapart a accepté de remettre à la justice à la suite d’une réquisition judiciaire, intrigue particulièrement les magistrats car il suggère que Claude Guéant aurait pu s'impliquer personnellement dans le dossier fiscal de Bernard Tapie.

Sur RTL le 1er mars (on peut le visionner ici), Claude Guéant s'est appliqué à minimiser son rôle dans cette affaire, assurant que c'est le ministère des finances, et lui seul, qui a pris la responsabilité de l'arbitrage controversé. Ironisant sur le fait que les policiers avaient trouvé sur son téléphone portable le numéro de Bernard Tapie, il a certes admis avoir parfois rencontré l'intéressé à l'Élysée du temps où il en était le secrétaire général, mais pour parler d'autres choses. « C'est quelqu'un qui adore parler politique, qui a plein d'idées, d'ailleurs très intéressantes », a-t-il fait valoir. La vérité, pourtant, c'est que Claude Guéant ne parlait pas seulement politique avec son interlocuteur. Et c'est précisément ce qu'atteste l'enregistrement dont dispose Mediapart.

Mediapart a en effet accepté de remettre aux trois juges d’instruction en charge du scandale Bernard Tapie l’enregistrement d’une conversation téléphonique confidentielle de l’ex-homme d’affaires en mai 2009. Cet enregistrement intéresse beaucoup la justice car il constitue un nouvel indice des fortes protections dont Bernard Tapie pourrait avoir profité de la part de Nicolas Sarkozy et de ses proches, à l’occasion de l’arbitrage Adidas puis de la négociation fiscale qui l’a suivi. Au cours de cette conversation privée, Bernard Tapie révèle en effet que le ministre du budget de l’époque, Éric Woerth, et son directeur de cabinet, Jean-Luc Tavernier, s’occupaient en personne de son dossier fiscal, en lieu et place de l’administration des impôts, mais qu’ayant avec eux un désaccord, le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, s’en est mêlé et l’a reçu à l’Élysée.

C’est un article de Mediapart, en date du 24 janvier 2013 (lire Guéant est impliqué dans le scandale Tapie) qui est à l’origine de cette réquisition judiciaire. Dans cet article, j’expliquais que Mediapart détenait « la preuve qu’une partie de la fortune obtenue par Bernard Tapie à la suite de l’arbitrage (…) provient d’une négociation fiscale dans laquelle Claude Guéant, à l’époque secrétaire général de l’Élysée, a interféré ». Puis, dans un nouvel article (lire Tapie : les perquisitions soulignent le rôle clef de Guéant), j’évoquais de nouveau cette preuve dont dispose Mediapart. Cité comme témoin, lors d’un procès qui opposait le 21 octobre 2011 Bernard Tapie au professeur de droit Thomas Clay, j’avais déjà évoqué cette preuve, lors de cette audience (lire Au tribunal, Bernard Tapie en arroseur arrosé).

À la suite du plus récent de ces articles, j’ai donc reçu par courriel adressé à la boîte générale de notre journal (contact@mediapart.fr) une réquisition judiciaire en date du 20 février 2013 et signée par les trois juges d’instruction en charge de l’affaire Tapie, Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff. Dans cette réquisition, dont on peut consulter une reproduction sous l’onglet « Prolonger » associé à cet article, les trois magistrats écrivent : « Cette preuve, à supposer qu’elle existe, étant en relation avec les faits dont nous sommes saisis, nous vous prions et au besoin vous requérons de bien vouloir nous la transmettre en copie ou en original par tout moyen. »

Après en avoir débattu collectivement au sein de Mediapart pour arrêter la décision que nous devions prendre – car, en matière de presse, une réquisition est une procédure exceptionnelle et nous n'étions pas contraints d'y donner suite –, il a été convenu que je fournirais la preuve évoquée, mais naturellement en en protégeant la source. Le vendredi 22 février, j’ai donc été entendu brièvement par deux magistrats instructeurs et leur ai remis cette preuve, qui est un enregistrement.

Dans une lettre que je leur ai remise pour qu’elle soit jointe au procès-verbal de mon audition, et que l’on peut consulter aussi dans sa version intégrale sous le même onglet « Prolonger », j’explique les raisons de la décision prise par Mediapart et par moi-même d’accepter cette réquisition, tout en revendiquant le respect scrupuleux du secret des sources : « Autant la source, l’origine et les circonstances du document que j’ai obtenu sont protégées par le secret, autant ce document n’est en rien confidentiel. De fait, je n’aurais pas hésité à le rendre public en cas de procédure judiciaire visant mon article. Dans le souci d’une bonne administration de la justice, comme il sied dans une société démocratique, je ne vois donc aucun inconvénient, puisque vous me demandez en quelque sorte de vous fournir mon offre de preuves établissant la réalité de l’information publiée par Mediapart, d’accéder à votre demande. »

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Un enregistrement de Bernard Tapie, que Mediapart a accepté de remettre à la justice à la suite d’une réquisition judiciaire, intrigue particulièrement les magistrats car il suggère que Claude Guéant aurait pu s'impliquer personnellement dans le dossier fiscal de Bernard Tapie.

Sur RTL le 1er mars (on peut le visionner ici), Claude Guéant s'est appliqué à minimiser son rôle dans cette affaire, assurant que c'est le ministère des finances, et lui seul, qui a pris la responsabilité de l'arbitrage controversé. Ironisant sur le fait que les policiers avaient trouvé sur son téléphone portable le numéro de Bernard Tapie, il a certes admis avoir parfois rencontré l'intéressé à l'Élysée du temps où il en était le secrétaire général, mais pour parler d'autres choses. « C'est quelqu'un qui adore parler politique, qui a plein d'idées, d'ailleurs très intéressantes », a-t-il fait valoir. La vérité, pourtant, c'est que Claude Guéant ne parlait pas seulement politique avec son interlocuteur. Et c'est précisément ce qu'atteste l'enregistrement dont dispose Mediapart.

Mediapart a en effet accepté de remettre aux trois juges d’instruction en charge du scandale Bernard Tapie l’enregistrement d’une conversation téléphonique confidentielle de l’ex-homme d’affaires en mai 2009. Cet enregistrement intéresse beaucoup la justice car il constitue un nouvel indice des fortes protections dont Bernard Tapie pourrait avoir profité de la part de Nicolas Sarkozy et de ses proches, à l’occasion de l’arbitrage Adidas puis de la négociation fiscale qui l’a suivi. Au cours de cette conversation privée, Bernard Tapie révèle en effet que le ministre du budget de l’époque, Éric Woerth, et son directeur de cabinet, Jean-Luc Tavernier, s’occupaient en personne de son dossier fiscal, en lieu et place de l’administration des impôts, mais qu’ayant avec eux un désaccord, le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, s’en est mêlé et l’a reçu à l’Élysée.

C’est un article de Mediapart, en date du 24 janvier 2013 (lire Guéant est impliqué dans le scandale Tapie) qui est à l’origine de cette réquisition judiciaire. Dans cet article, j’expliquais que Mediapart détenait « la preuve qu’une partie de la fortune obtenue par Bernard Tapie à la suite de l’arbitrage (…) provient d’une négociation fiscale dans laquelle Claude Guéant, à l’époque secrétaire général de l’Élysée, a interféré ». Puis, dans un nouvel article (lire Tapie : les perquisitions soulignent le rôle clef de Guéant), j’évoquais de nouveau cette preuve dont dispose Mediapart. Cité comme témoin, lors d’un procès qui opposait le 21 octobre 2011 Bernard Tapie au professeur de droit Thomas Clay, j’avais déjà évoqué cette preuve, lors de cette audience (lire Au tribunal, Bernard Tapie en arroseur arrosé).

À la suite du plus récent de ces articles, j’ai donc reçu par courriel adressé à la boîte générale de notre journal (contact@mediapart.fr) une réquisition judiciaire en date du 20 février 2013 et signée par les trois juges d’instruction en charge de l’affaire Tapie, Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff. Dans cette réquisition, dont on peut consulter une reproduction sous l’onglet « Prolonger » associé à cet article, les trois magistrats écrivent : « Cette preuve, à supposer qu’elle existe, étant en relation avec les faits dont nous sommes saisis, nous vous prions et au besoin vous requérons de bien vouloir nous la transmettre en copie ou en original par tout moyen. »

Après en avoir débattu collectivement au sein de Mediapart pour arrêter la décision que nous devions prendre – car, en matière de presse, une réquisition est une procédure exceptionnelle et nous n'étions pas contraints d'y donner suite –, il a été convenu que je fournirais la preuve évoquée, mais naturellement en en protégeant la source. Le vendredi 22 février, j’ai donc été entendu brièvement par deux magistrats instructeurs et leur ai remis cette preuve, qui est un enregistrement.

Dans une lettre que je leur ai remise pour qu’elle soit jointe au procès-verbal de mon audition, et que l’on peut consulter aussi dans sa version intégrale sous le même onglet « Prolonger », j’explique les raisons de la décision prise par Mediapart et par moi-même d’accepter cette réquisition, tout en revendiquant le respect scrupuleux du secret des sources : « Autant la source, l’origine et les circonstances du document que j’ai obtenu sont protégées par le secret, autant ce document n’est en rien confidentiel. De fait, je n’aurais pas hésité à le rendre public en cas de procédure judiciaire visant mon article. Dans le souci d’une bonne administration de la justice, comme il sied dans une société démocratique, je ne vois donc aucun inconvénient, puisque vous me demandez en quelque sorte de vous fournir mon offre de preuves établissant la réalité de l’information publiée par Mediapart, d’accéder à votre demande. »

Affaire Tapie: l'enregistrement qui met en cause Guéant

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C’est une brutale accélération dans l’enquête sur le scandale de l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie : à la demande des trois juges d’instruction chargés de l’affaire, la Brigade financière a procédé mercredi 27 février à des perquisitions au domicile et au cabinet parisiens de Claude Guéant, l'ancien ministre de l'intérieur de Nicolas Sarkozy, et ancien secrétaire général de l’Élysée. Les magistrats cherchent à vérifier le rôle qu’il a joué dans l’arbitrage qui a fait la fortune de l’ex-homme d’affaires mais aussi dans la négociation fiscale qui s’en est suivie. Il s'agissait de déterminer le montant d’impôt qui reviendrait au fisc et la part que Bernard Tapie pourrait garder pour lui.

Un enregistrement de Bernard Tapie, que Mediapart a accepté de remettre à la justice à la suite d’une réquisition judiciaire, intrigue particulièrement les magistrats car il suggère que Claude Guéant aurait pu s'impliquer personnellement dans le dossier fiscal de Bernard Tapie.

Sur RTL le 1er mars (on peut le visionner ici), Claude Guéant s'est appliqué à minimiser son rôle dans cette affaire, assurant que c'est le ministère des finances, et lui seul, qui a pris la responsabilité de l'arbitrage controversé. Ironisant sur le fait que les policiers avaient trouvé sur son téléphone portable le numéro de Bernard Tapie, il a certes admis avoir parfois rencontré l'intéressé à l'Élysée du temps où il en était le secrétaire général, mais pour parler d'autres choses. « C'est quelqu'un qui adore parler politique, qui a plein d'idées, d'ailleurs très intéressantes », a-t-il fait valoir. La vérité, pourtant, c'est que Claude Guéant ne parlait pas seulement politique avec son interlocuteur. Et c'est précisément ce qu'atteste l'enregistrement dont dispose Mediapart.

Mediapart a en effet accepté de remettre aux trois juges d’instruction en charge du scandale Bernard Tapie l’enregistrement d’une conversation téléphonique confidentielle de l’ex-homme d’affaires en mai 2009. Cet enregistrement intéresse beaucoup la justice car il constitue un nouvel indice des fortes protections dont Bernard Tapie pourrait avoir profité de la part de Nicolas Sarkozy et de ses proches, à l’occasion de l’arbitrage Adidas puis de la négociation fiscale qui l’a suivi. Au cours de cette conversation privée, Bernard Tapie révèle en effet que le ministre du budget de l’époque, Éric Woerth, et son directeur de cabinet, Jean-Luc Tavernier, s’occupaient en personne de son dossier fiscal, en lieu et place de l’administration des impôts, mais qu’ayant avec eux un désaccord, le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, s’en est mêlé et l’a reçu à l’Élysée.

C’est un article de Mediapart, en date du 24 janvier 2013 (lire Guéant est impliqué dans le scandale Tapie) qui est à l’origine de cette réquisition judiciaire. Dans cet article, j’expliquais que Mediapart détenait « la preuve qu’une partie de la fortune obtenue par Bernard Tapie à la suite de l’arbitrage (…) provient d’une négociation fiscale dans laquelle Claude Guéant, à l’époque secrétaire général de l’Élysée, a interféré ». Puis, dans un nouvel article (lire Tapie : les perquisitions soulignent le rôle clef de Guéant), j’évoquais de nouveau cette preuve dont dispose Mediapart. Cité comme témoin, lors d’un procès qui opposait le 21 octobre 2011 Bernard Tapie au professeur de droit Thomas Clay, j’avais déjà évoqué cette preuve, lors de cette audience (lire Au tribunal, Bernard Tapie en arroseur arrosé).

À la suite du plus récent de ces articles, j’ai donc reçu par courriel adressé à la boîte générale de notre journal (contact@mediapart.fr) une réquisition judiciaire en date du 20 février 2013 et signée par les trois juges d’instruction en charge de l’affaire Tapie, Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff. Dans cette réquisition, dont on peut consulter une reproduction sous l’onglet « Prolonger » associé à cet article, les trois magistrats écrivent : « Cette preuve, à supposer qu’elle existe, étant en relation avec les faits dont nous sommes saisis, nous vous prions et au besoin vous requérons de bien vouloir nous la transmettre en copie ou en original par tout moyen. »

Après en avoir débattu collectivement au sein de Mediapart pour arrêter la décision que nous devions prendre – car, en matière de presse, une réquisition est une procédure exceptionnelle et nous n'étions pas contraints d'y donner suite –, il a été convenu que je fournirais la preuve évoquée, mais naturellement en en protégeant la source. Le vendredi 22 février, j’ai donc été entendu brièvement par deux magistrats instructeurs et leur ai remis cette preuve, qui est un enregistrement.

Dans une lettre que je leur ai remise pour qu’elle soit jointe au procès-verbal de mon audition, et que l’on peut consulter aussi dans sa version intégrale sous le même onglet « Prolonger », j’explique les raisons de la décision prise par Mediapart et par moi-même d’accepter cette réquisition, tout en revendiquant le respect scrupuleux du secret des sources : « Autant la source, l’origine et les circonstances du document que j’ai obtenu sont protégées par le secret, autant ce document n’est en rien confidentiel. De fait, je n’aurais pas hésité à le rendre public en cas de procédure judiciaire visant mon article. Dans le souci d’une bonne administration de la justice, comme il sied dans une société démocratique, je ne vois donc aucun inconvénient, puisque vous me demandez en quelque sorte de vous fournir mon offre de preuves établissant la réalité de l’information publiée par Mediapart, d’accéder à votre demande. »

Affaire Tapie: l'enregistrement qui met en cause Guéant (médiapart)

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C’est une brutale accélération dans l’enquête sur le scandale de l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie : à la demande des trois juges d’instruction chargés de l’affaire, la Brigade financière a procédé mercredi 27 février à des perquisitions au domicile et au cabinet parisiens de Claude Guéant, l'ancien ministre de l'intérieur de Nicolas Sarkozy, et ancien secrétaire général de l’Élysée. Les magistrats cherchent à vérifier le rôle qu’il a joué dans l’arbitrage qui a fait la fortune de l’ex-homme d’affaires mais aussi dans la négociation fiscale qui s’en est suivie. Il s'agissait de déterminer le montant d’impôt qui reviendrait au fisc et la part que Bernard Tapie pourrait garder pour lui.

Un enregistrement de Bernard Tapie, que Mediapart a accepté de remettre à la justice à la suite d’une réquisition judiciaire, intrigue particulièrement les magistrats car il suggère que Claude Guéant aurait pu s'impliquer personnellement dans le dossier fiscal de Bernard Tapie.

Sur RTL le 1er mars (on peut le visionner ici), Claude Guéant s'est appliqué à minimiser son rôle dans cette affaire, assurant que c'est le ministère des finances, et lui seul, qui a pris la responsabilité de l'arbitrage controversé. Ironisant sur le fait que les policiers avaient trouvé sur son téléphone portable le numéro de Bernard Tapie, il a certes admis avoir parfois rencontré l'intéressé à l'Élysée du temps où il en était le secrétaire général, mais pour parler d'autres choses. « C'est quelqu'un qui adore parler politique, qui a plein d'idées, d'ailleurs très intéressantes », a-t-il fait valoir. La vérité, pourtant, c'est que Claude Guéant ne parlait pas seulement politique avec son interlocuteur. Et c'est précisément ce qu'atteste l'enregistrement dont dispose Mediapart.

Mediapart a en effet accepté de remettre aux trois juges d’instruction en charge du scandale Bernard Tapie l’enregistrement d’une conversation téléphonique confidentielle de l’ex-homme d’affaires en mai 2009. Cet enregistrement intéresse beaucoup la justice car il constitue un nouvel indice des fortes protections dont Bernard Tapie pourrait avoir profité de la part de Nicolas Sarkozy et de ses proches, à l’occasion de l’arbitrage Adidas puis de la négociation fiscale qui l’a suivi. Au cours de cette conversation privée, Bernard Tapie révèle en effet que le ministre du budget de l’époque, Éric Woerth, et son directeur de cabinet, Jean-Luc Tavernier, s’occupaient en personne de son dossier fiscal, en lieu et place de l’administration des impôts, mais qu’ayant avec eux un désaccord, le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, s’en est mêlé et l’a reçu à l’Élysée.

C’est un article de Mediapart, en date du 24 janvier 2013 (lire Guéant est impliqué dans le scandale Tapie) qui est à l’origine de cette réquisition judiciaire. Dans cet article, j’expliquais que Mediapart détenait « la preuve qu’une partie de la fortune obtenue par Bernard Tapie à la suite de l’arbitrage (…) provient d’une négociation fiscale dans laquelle Claude Guéant, à l’époque secrétaire général de l’Élysée, a interféré ». Puis, dans un nouvel article (lire Tapie : les perquisitions soulignent le rôle clef de Guéant), j’évoquais de nouveau cette preuve dont dispose Mediapart. Cité comme témoin, lors d’un procès qui opposait le 21 octobre 2011 Bernard Tapie au professeur de droit Thomas Clay, j’avais déjà évoqué cette preuve, lors de cette audience (lire Au tribunal, Bernard Tapie en arroseur arrosé).

À la suite du plus récent de ces articles, j’ai donc reçu par courriel adressé à la boîte générale de notre journal (contact@mediapart.fr) une réquisition judiciaire en date du 20 février 2013 et signée par les trois juges d’instruction en charge de l’affaire Tapie, Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff. Dans cette réquisition, dont on peut consulter une reproduction sous l’onglet « Prolonger » associé à cet article, les trois magistrats écrivent : « Cette preuve, à supposer qu’elle existe, étant en relation avec les faits dont nous sommes saisis, nous vous prions et au besoin vous requérons de bien vouloir nous la transmettre en copie ou en original par tout moyen. »

Après en avoir débattu collectivement au sein de Mediapart pour arrêter la décision que nous devions prendre – car, en matière de presse, une réquisition est une procédure exceptionnelle et nous n'étions pas contraints d'y donner suite –, il a été convenu que je fournirais la preuve évoquée, mais naturellement en en protégeant la source. Le vendredi 22 février, j’ai donc été entendu brièvement par deux magistrats instructeurs et leur ai remis cette preuve, qui est un enregistrement.

Dans une lettre que je leur ai remise pour qu’elle soit jointe au procès-verbal de mon audition, et que l’on peut consulter aussi dans sa version intégrale sous le même onglet « Prolonger », j’explique les raisons de la décision prise par Mediapart et par moi-même d’accepter cette réquisition, tout en revendiquant le respect scrupuleux du secret des sources : « Autant la source, l’origine et les circonstances du document que j’ai obtenu sont protégées par le secret, autant ce document n’est en rien confidentiel. De fait, je n’aurais pas hésité à le rendre public en cas de procédure judiciaire visant mon article. Dans le souci d’une bonne administration de la justice, comme il sied dans une société démocratique, je ne vois donc aucun inconvénient, puisque vous me demandez en quelque sorte de vous fournir mon offre de preuves établissant la réalité de l’information publiée par Mediapart, d’accéder à votre demande. »



11/03/2013
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