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A L'UMP démocratie ratée pour sa présidence (Mediapart)

A l'UMP, un « exercice démocratique raté »

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Ce devait être le grand « débat » des prétendants à la présidence de l’UMP, ce fut un « exercice de démocratie »... « raté ». C’est Henri Guaino, lui-même candidat, qui le dit, à la tribune. Ce samedi, à Samoëns (Haute-Savoie), l'ancien président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a invité les candidats à venir exposer, en quinze minutes chacun, leur projet (à lire dans notre boîte noire). Les discours policés se succèdent, mêlant boutades anti-PS, congratulations des uns et des autres à droite et nécessité de « sauvegarder l’unité » de leur famille politique. Bruno Le Maire tente tout de même de rappeler que « la droite a tout perdu », « les pouvoirs locaux, régionaux, nationaux », et que « tout est à reconstruire ».

Henri Guaino, le 15 septembre 2012, à Samoëns.Henri Guaino, le 15 septembre 2012, à Samoëns.


Puis Henri Guaino met les pieds dans le plat. Il veut dire « la vérité », « tranquillement ». « Cet exercice de démocratie, il est raté. Ces statuts avaient été prévus pour verrouiller, eh bien ils verrouillent. Il va falloir en tirer des conséquences pour la suite. » L’ancienne plume de Nicolas Sarkozy s’en prend au mode de désignation du président, qui empêche les petits candidats de pouvoir se présenter. Mais pas seulement. Il dit qu’il ne veut ni choisir « un remplaçant pour l'élection présidentielle », ni « un chef », ni un « projet politique ». Parce qu'il n'a « toujours pas fait (son) deuil du départ de Nicolas Sarkozy ». Mais aussi parce qu'il souhaite « avoir (un) débat sur ce que nous sommes et sur la manière dont nous allons faire travailler ensemble les différentes sensibilités ». « J’étais là au RPR (...), à Maastricht (...), à chaque fois on en est sortis grandis. On est plus forts quand on accepte de regarder nos divergences. Comment dire la vérité aux autres quand on ne se la dit pas à nous-mêmes ? » interroge-t-il.

Il faut « réconcilier la France du oui et la France du non » et pour cela « nous devons accepter de débattre des idées qui nous rassemblent et des idées qui nous séparent », poursuit-il, citant le fédéralisme, la décentralisation, le rôle de l’État, la vision de la nation. Sans ce « débat vital », qui n’est « pas une question de motion », affirme-t-il, les « déchirures » arriveront. L’ambiance est plombée. Bernard Accoyer reprend le micro, embarrassé. « Merci Henri Guaino pour ces rappels. »

À deux mois du vote, les ténors de l'UMP se positionnent selon ambitions personnelles et tractations, et non selon les clivages idéologiques – pourtant majeurs – qui traversent leur parti (lire notre article). En témoignent les curieux apparentements. Côté Jean-François Copé, on trouve les sarkozystes Édouard Courtial et Brice Hortefeux (soutiens officieux), les libéraux Luc Chatel et Hervé Novelli, les centristes Jean-Pierre Raffarin et Marc-Philippe Daubresse, le gaulliste Roger Karoutchi, Guillaume Peltier de « la Droite forte », Thierry Mariani et Lionnel Luca pour la Droite populaire, l'ancien chiraquien Christian Jacob, l’ex-garde des Sceaux Rachida Dati.

François Fillon est quant à lui parvenu à rassembler le très droitier Éric Ciotti, le fondateur de la Droite sociale Laurent Wauquiez, le sarkozyste Christian Estrosi, le centriste Jean Leonetti, les anciens ministres Valérie Pécresse (pourtant l'une des six “Mousquetaires” proches de Copé) et Éric Woerth, les gaullistes sociaux Roselyne Bachelot et Gérard Larcher, ou encore le libéral Patrick Devedjian. Nadine Morano viendrait de négocier son ralliement. Henri Guaino, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire font cavaliers seuls.

François Fillon, le 15 septembre 2012, à Samoëns.François Fillon, le 15 septembre 2012, à Samoëns.


Samedi 15 septembre, chacun parlait de « reconquête par les territoires » avec l'horizon de « 2014 », de « renouveau », de « rassemblement », de « diversité dans l’unité » et de nécessité de « faire monter une nouvelle génération ». À l'exception de quelques propositions de Bruno Le Maire, les idées avancées par les candidats sur l’organisation du parti sont d'ailleurs très proches. Des « référendums internes » concernant les orientations du parti, une « décentralisation » du parti, des commissions d'investitures régionales pour les élections, une « primaire ouverte » pour la désignation du candidat à la présidentielle. Seule la proposition de Copé de créer des mouvements au sein du parti est repoussée par Fillon, qui redoute « des courants comme au Parti socialiste ».

Pour le reste, les candidats ne s'aventurent pas trop loin du projet 2012 de leur ancien leader. « J’ai défendu Nicolas Sarkozy, je n’ai pas changé d’avis en six mois. Je crois encore et toujours qu'(il) était le président dont la France avait besoin en 2012. Et je crois toujours que son programme était celui dont la France avait besoin », a expliqué Nathalie Kosciusko-Morizet, qui prétend pourtant incarner « une troisième voie » entre les deux favoris. Son thème central, « la réciprocité » (« à tous les niveaux chacun doit donner et recevoir »), n'est d'ailleurs qu'une déclinaison des « droits et devoirs » de l'ex-président. Même discours d'Henri Guaino : « Quelques mois à peine après les élections, mon projet je l’ai, je l’ai défendu devant tous les Français, durant des mois. »

Chacun veut « tout repenser », mais les débats fondamentaux n'ont pas lieu. Les questionnements sur « l’UMP trop à droite ou pas assez à droite, ce n’est pas le sujet », a lancé François Fillon. Quant au positionnement face au Front national, la question est réglée à l'UMP, à écouter NKM : « Aucune alliance n’est possible, ni aujourd’hui, ni ailleurs. »

Une situation qui contraste totalement avec le dernier – véritable – congrès de l’UMP, à l'automne 1999 (celui de 2004, sans suspense après le retrait d'Alain Juppé, avait vu Sarkozy élu à 85 %). À l’époque, la droite est dans l’opposition, divisée, et a perdu 73 000 militants en deux ans. Le RPR n'a plus de président à la suite de la démission de Philippe Séguin. Les candidatures se multiplient, mais elles incarnent chacune une grande famille de la droite. « Qui affirmait que l'opposition est en panne d'idées ? Soudain, c'est le trop-plein », écrit Le Figaro en octobre 1999. Mediapart s'est plongé dans les archives pour dresser la comparaison.



16/09/2012
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