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A DROITE, ILS REFUSENT DE VOTER SARKOZY, conseillé par l'ex-patron de Minute

Par MARION MICHEL

Ils sortent de leur silence pour dénoncer le flirt de Nicolas Sarkozy avec l’extrême droite. Ils commencent à prendre la parole pour rejeter la radicalisation du candidat-président. Ils disent leur rejet d'une campagne qui chasse sur les terres du FN. Jusque là, seule Chantal Jouanno, sénatrice de Paris, avait osé critiquer la droitisation de la campagne de Sarkozy; et annoncé qu’elle voterait PS en cas de duel entre les socialistes et le FN aux législatives. Quitte à se voir éreintée par la majorité, à commencer par le Premier ministre, par François Fillon, vilipendant des propos «stupides et contre-productifs».

Depuis ce matin, Chantal Jouanno n’est plus seule. Le premier à la rejoindre: un ex-chef de file de la majorité, qui tenté de jouer, en vain, sa carte solitaire à la présidentielle: Dominique de Villepin. Dans Le Monde.fr, l’ancien Premier ministre se dit «effrayé» par la droite: «La dérive électoraliste qui s’est engagée est un processus incontrôlable et sans fin. Une concession en entraînera toujours une autre. Un gage à l’extrémisme toujours un plus grand encore. Une digue rompue en fera céder une autre. Halte au feu ! Je ne peux cautionner cette dérive.»

Mais, fidèle à sa stratégie d'un centre-droit indépendant qui pourrait se reconstruire sur les ruines d'une défaite de Sarkozy, Villepin n’appelle pas, pour autant, à voter pour la gauche qui «l’inquiète» : «Mon rôle n’est pas de dire pour qui voter, car chacun doit prendre ses responsabilités.» Il appelle à respecter le «cordon sanitaire» institué par son mentor Jacques Chirac qui avait «tracé des limites claires entre la droite républicaine et l’extrême droite. C’est cette conviction qui m’a conduit, cinq ans durant, à alerter contre les risques de dérive, de stigmatisation et de division.»

«Il faut lui montrer ce désaccord»

Dans son sillage, d’autres voix se sont élevées dans les rangs de l’UMP. Dans un entretien à Médiapart, le député des Yvelines Etienne Pinte estime que Sarkozy «se trompe» de stratégie. «Je regrette qu’on reprenne aujourd’hui ce qu’on a rejeté, à savoir certaines thématiques de Marine Le Pen: immigration, identité nationale, fermeture des frontières. Ce ne sont pas les préoccupations des Français. Les priorités, ce sont le pouvoir d’achat, l’emploi, le logement, la formation, la santé.» Selon ce proche de François Fillon, certains électeurs du FN ont voulu exprimer «leur frustration par rapport au bilan de Nicolas Sarkozy. C’est l’expression d’un vote protestataire.»

Étienne Pinte a certes toujours tenu à marquer ses différences, souvent seul contre tous. Fustigeant notamment l'idée sarkozyste d’organiser un référendum sur les chômeurs et sur l’immigration. «Cette proposition, c’est une faute contre l’éthique républicaine et contre la morale chrétienne.» Mais il confie désormais ne pas être le seul à être dérangé par le tournure que prend la campagne: «Chez certains, c’est l’omerta, d’autres, entre quatre yeux, s’ouvrent. Il faut lui montrer ce désaccord.»

Après le chiraquien et le filloniste, c’est au tour d’un proche de Jean-Pierre Raffarin de se manifester. Le sénateur du Nord, Jean-René Lecerf refuse la stratégie «de course à l'échalote avec le FN» du candidat-président dans un entretien à PublicSenat.fr. : «Les valeurs du FN ne sont pas les nôtres. Et toute démarche à l'égard du FN me paraît inutile». Comme Chantal Jouanno, Jean-René Lecerf a affirmé quand cas de second tour PS/FN aux législatives pour lui il n’y a aucun doute: «Je choisis le PS, il n’y a pas de problème».

Au fil de ces désapprobations des choix de Nicolas Sarkozy, un homme cristalise de plus en plus les mécontements de la majorité: Patrick Buisson, le conseiller politique du Président. Pour Etienne Pinte, «la stratégie du premier tour, celle de Patrick Buisson, est un échec». Il estime qu’avec une autre tactique «Sarkozy serait arrivé en tête au premier tour et Marine Le Pen n’aurait pas été si haut». De son côté, Jean-René Lecerf s’est avoué «sidéré que Patrick Buisson, dont on sait d’où il vient (l’extrême droite, ndlr), puisse être un conseiller privilégié du chef de l'État.» 

En fin de journée vendredi, c'est un autre ancien ministre UMP, Alain Lambert, qui a annoncé qu'il «ne prendra pas part au vote» le 6 mai car «aucun des deux candidats» ne répond à «ses attentes». Ancien ministre de Jacques Chirac et soutien de la première heure de Nicolas Sarkozy en 2007, le centriste avait soutenu François Bayrou au premier tour de la présidentielle.  «J’aurais pu, hypocritement, appeler à voter pour le président sortant, alors que j’ai regretté ses pratiques de gouvernement. Depuis 3 ans au moins, je ne cesse de mettre en garde sur le désaveu qui le menace», assure-t-il. Il se refuse pour autant à «voler au secours de la victoire en rejoignant François Hollande, en faisant semblant de ne rien craindre de ses alliances qui constituent pourtant un risque réel». L(ex-sénateur de l'Orne affirme qu'il se consacrera désormais à militer «pour un changement de la Constitution» qui a «abouti à écraser les familles politiques modérées».  Premiers coups de butoir avant un déballage de plus grande ampleur?



30/04/2012
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